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FILMS / CRITIQUES

Garage

par 

- Le cinéma irlandais qui s'exporte habituellement affronte les "troubles" locaux, ce qui est bien compréhensible compte tenu de l'emprise de cette atmosphère de conflit sur la vie quotidienne

Le cinéma irlandais qui s'exporte habituellement affronte les "troubles" locaux, ce qui est bien compréhensible compte tenu de l'emprise de cette atmosphère de conflit sur la vie quotidienne et les esprits et de son indéniable valeur cinématographique. Cependant, une nouvelle génération de films irlandais s'élève enfin au-dessus du nombrilisme politique habituel pour se concentrer sur des histoires humaines à portée universelle. Garage [+lire aussi :
bande-annonce
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interview : Jean-François Deveau
interview : Lenny Abrahamson
fiche film
]
, de Lenny Abrahamson, fait partie de l'avant-garde de ce mouvement.

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Le héros de ce film est Josie, gérant attachant mais simplet d'une station essence décatie (le "garage" du titre) dans une petite ville de l'Ouest de l'Irlande. Josie mène une vie morne et n'est distrait des quelques tâches faciles qu'il accomplit au travail que par ses allers-retours à l'épicerie du coin et ses passages occasionnels au pub. Il apprécie manifestement un petite bière de temps en temps mais les rustauds sans pitié qui traînent au pub le traitent comme l'idiot du village. Bien qu'il sache qu'en tant que naïf notoire son intelligence et son statut social sont sujets à caution, Josie ose rêver de Carmel, qui tient l'épicerie. Ses rêves sont hélas vite réduits en miettes. La seule autre étincelle dans sa vie lui vient d'un ami camionneur qui sillonne l'Europe et le glisse parfois une vidéo porno. Et puis, la vie tranquille de Josie change du tout au tout quand David, 15 ans, vient l'aider au garage. Le duo construit petit à petit un lien nourri par les bières qu'ils partagent, mais toutes les bonnes choses ont une fin, nous est-il révélé dans le troisième acte.

Lenny Abrahamson nous propose ici une exploration réduite à l'essentiel des habitudes des gens de la campagne irlandaise. Il observe plus qu'il ne juge, restant à la "surface" des choses, s'en tenant à un examen "sans épaisseur et sans profondeur", pour reprendre les mots de Barthes. Abrahamson et son directeur de la photographie, Peter Robertson, observent le rythme quotidien de la vie de Josie dans les plus petits détails. Le film se déploie, pendant les 85 minutes seulement qu'il dure, avec les mouvements d'une musique plutôt que selon le schéma conflit-résolution qu'on associe généralement aux films. Pour compléter la nature délicate et contemplative du film, le dialogue reste minimal et le peu de dialogue qu'il y a est fonctionnel. La musique se réduit à un seul et unique thème utilisé efficacement à un moment dramatique sans éclats. En tant qu'il explore la solitude et l'atonie d'une petite ville de province, Garage rappelle The Station Agent de Thomas McCarthy, mais la précision de son observation du monde de Josie le rapproche encore davantage du chef d'oeuvre de l'écrivain Robbe-Grillet, "La Jalousie".

Garage est aussi un succès en termes de casting. Le célèbre comédien irlandais Pat Shortt incarne parfaitement Josie et prête à son personnage une affabilité pleine de chaleur sans jamais tomber dans le sentimentalisme. Il confère aussi à ce rôle une dimension physique qui ajoute à sa qualité.

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(Traduit de l'anglais)

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