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KARLOVY VARY 2014 East of the West

Barbarians : un regard hyperréaliste sur la jeunesse serbe

par 

- Le réalisateur débutant Ivan Ikic brosse un portrait très convaincant de la vie des adolescents serbes dans le contexte social actuel de leur pays

Barbarians : un regard hyperréaliste sur la jeunesse serbe

Le premier film d'Ivan Ikic pourrait sans problème s’ajouter à la liste des films  serbes qui remportent actuellement dans les festivals un grand succès, comme Clip [+lire aussi :
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et Tilva Ros [+lire aussi :
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, car il explore la vie des adolescents du pays dans son contexte social actuel (bien qu'il n'ait pas réellement changé ces vingt dernières années) par le biais de moyens cinématographiques novateurs. Cela dit, à bien des égards, Barbarians [+lire aussi :
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transcende aussi tout classement formel et se démarque de ses prédécesseurs.

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Le film, dont l'action se situe dans l'ancienne ville ouvrière de Mladenovac, près de Belgrade, revient sur l'année 2008, juste après la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo. Son héros, Luka (interprété par un Željko Marković fascinant) est un jeune homme de 17 ans qui vit avec son grand frère et sa mère (Jasna Djuričić, lauréate d'un Léopard à Locarno pour son rôle dans White White World [+lire aussi :
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), une femme extrêmement irascible, dans un logement social qu’ils ont obtenu parce que la mère a déclaré que son époux avait disparu pendant la guerre du Kosovo (alors que celui-ci l’a en fait quittée pour une autre femme).

Luka est membre des "Barbarians", les supporters de l’équipe de football locale. Son meilleur ami, Flash (joué par un Nenad Petrović expressif et convaincant), un des plus fervents membres du groupe, est  prêt à incendier Belgrade pendant la manifestation contre l’indépendance du Kosovo organisée par les autorités nationales. La bande dans son entier attend avec impatience l’événement, y compris son meneur, Pitulić (Aleksandar Pitulić), qui est le cousin de Flash et contrôle les relations entre le club de football, ses joueurs et les fans. 

Pitulić est un obstacle pour Luka, qui est amoureux de Stefana (Marija Rakić), la petite amie d'un des joueurs de l'équipe, Kristijan (Kristijan Hrnjak). Après avoir vu une vidéo dévoilant l'intimité de Stefana et Kristijan, Luka fonce en voiture sur la moto de celui-ci et lui casse la jambe. Il doit alors prendre la fuite pour éviter les représailles de Pitulić et ses hommes de main, ce qui ne fait qu'ajouter à sa frustration d'ensemble (Luka est en liberté conditionnelle pour un crime qui n'est pas révélé au spectateur mais qui lui vaut des visites fréquentes d'un assistant social). Par ailleurs, le jeune homme vient d'apprendre la vérité sur son père et veut le retrouver, malgré l’opposition de sa mère… La crise atteint son paroxysme au moment de la manifestation, pendant laquelle l’extrême droite et les hooligans de toute la Serbie vont détruire le centre-ville et mettre le feu à l’Ambassade des États-Unis – et il faut noter l'habileté avec laquelle le réalisateur et scénariste dirige son film vers une conclusion absolument réaliste et naturelle, sans essayer d’imposer une moralité à l'histoire.

L'hyperréalisme de Barbarians tient en grande partie au fait qu'il est interprété par des acteurs pour la plupart non-professionnels : tous les protagonistes principaux sont joués par un groupe de jeunes de Mladenovac qui ont abandonné l'école. De son côté, le chef opérateur Miloš Jaćimović a choisi de filmer principalement caméra à l’épaule, une méthode qu’il avait déjà utilisée avec brio pour Tilva Ros. Son choix de se placer dès que possible juste derrière la tête Luka évoque aussi fortement cet autre monument du cinéma de la violence chez les jeunes qu'est Elephant de Gus Van Sant.

Le choix de la petite ville de Mladenovac, pleine d’usines en ruine et de logements sociaux, donne au film une atmosphère de déclin presque palpable, dans une société qui a perdu ses valeurs morales – une société où les adolescentes s’habillent et se comportent comme des prostituées, et où les garçons ne savent s'exprimer qu'à travers la violence, le tout sur fond de turbo folk (la version serbe de la dance music la plus inécoutable, ndlt.). D’une certaine manière, Barbarians se déroule dans le même monde que Clip, en adoptant cette fois le point de vue des garçons. 

Barbarians est une coproduction entre SENSE Production (Serbie), OR (Monténégro), Restart (Slovénie) et Refresh (Bosnie). Ses ventes internationales sont assurées par WIDE Management.

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(Traduit de l'anglais)

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