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Tereza Nvotová • Réalisatrice

ʺNotre film tente de briser le silenceʺ

par 

- Cineuropa s’est entretenu avec une nouvelle cinéaste slovaque, Tereza Nvotová, à l’occasion de l’avant-première mondiale, à Rotterdam, de Sans jamais le dire

Tereza Nvotová  • Réalisatrice
(© Nikolas Tusl)

La Slovaque Tereza Nvotová vient de dévoiler son premier film de fiction, Sans jamais le dire [+lire aussi :
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interview : Tereza Nvotová
fiche film
]
(Filthy), en avant-première mondiale, dans la section Bright Future du Festival international du film de Rotterdam. Nvotová a étudié le documentaire à la FAMU de Prague et fait un film intitulé Take It Jeasy !, sur les groupes confessionnels chrétiens, avant de passer à la fiction. Son premier long de fiction, Sans jamais le dire, est son film de fin d’études. Elle est également scénariste et actrice.

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Cineuropa : Quel a été l’élément déclencheur pour réaliser Sans jamais le dire ?
Tereza Nvotová :
C’est le film qui nous a choisis. Nous avons connu bien trop de gens qui se retrouvaient dans cette situation.

Avez-vous été influencée d’une façon ou d’une autre ?
Pas du tout. Nous savions dès le départ que nous voulions raconter l’histoire du point de vue du personnage principal. Dans le premier scénario, la narration était d’ailleurs à la première personne, ce qui nous a permis d’examiner plus subtilement ses émotions. À partir de là, nous avons pu intuitivement apporter des ajustements au style, afin de comprendre intensément l’expérience qu’elle vit.

Sans jamais le dire a pour thème le traumatisme d’une victime après un viol. Pourquoi avoir choisi d’adopter cet angle ?
Beaucoup de films sur le viol le montrent comme une sorte de paroxysme. Dans notre film, le viol est l’événement initial qui lance notre personnage principal dans un voyage initiatique plutôt étrange. Nous voulions montrer le monde intérieur d’une personne qui survit à un viol, et détruire le mythe selon lequel le viol se déroule dans des ruelles sombres, là où des hommes louches guettent les filles portant mini-jupe. D’un point de vue statistique, on est plus susceptibles de se faire violer chez soi par des gens qu’on connaît. C’est aussi pour ça que la plupart des victimes se taisent et que la communauté et les institutions ne parviennent pas à les aider. Nous film est un cri qui tente de briser le silence.

Le personnage de Lena, l’héroïne, est fondamental. Comment avez-vous organisé le casting ? Quelles qualités recherchiez-vous ?
J’ai auditionné beaucoup de jeunes filles, actrices ou non. C’est compliqué de décrire le moment où on a le déclic, où on sait qu’on a devant soi l’acteur parfait pour le personnage qu’on a en tête. Au troisième rappel, nous n’avions gardé que deux filles, que j’ai torturées avec les scènes les plus difficiles du film, des scènes de désintégration physique et mentale. Dominika Moravkova est clairement le type d’actrice que l’on ne peut s’empêcher de regarder, car c’est une personne vraiment authentique. Je recherchais quelqu’un qui ne se contente pas de jouer, mais qui soit capable d’endosser aussi bien les émotions que l’état d’esprit du personnage.

L’histoire est assez recherchée. Comment avez-vous préparé les scènes de l’hôpital psychiatrique ?
L’hôpital psychiatrique pour enfants où Lean se retrouve existe bel et bien. Les établissements de détention et les hôpitaux psychiatriques pour enfants en Slovaquie sont scandaleux. La majorité des acteurs qui jouent les enfants de l’hôpital vivent vraiment dans des endroits comme ceux-ci. Ils jouaient aux côtés d’acteurs professionnels, qui devaient suivre la scène, alors qu’eux pouvaient se lâcher complètement. Ce n’était pas du tout un problème pour eux.

Sans jamais le dire se concentre sur un groupe de jeunes adultes. Au-delà de son côté familial et personnel, votre film est-il aussi le récit d’une génération ?
Pour être honnête, je ne sais pas vraiment dans quel genre ranger le film. Je pense que c’est à quelqu’un d’autre de le faire. Je ne sais pas trop ce que dit le film, surtout sur ma génération. Bien sûr, toutes nos décisions sont façonnées par le milieu et l’époque d’où on vient, mais je pense que tout le monde se sent perdu et sale après un tel traumatisme. Ma génération aime à penser qu’elle vit dans une société assez ouverte et juste, mais je crains de devoir dire qu’on vit plutôt une époque sombre.

Vous travaillez actuellement sur un documentaire qui parle d’une ancienne personnalité politique controversée dans votre pays. Avez-vous d’autres projets ?
Oui, pour le moment je suis en plein montage d’un documentaire. Ensuite, je souhaiterais commencer à travailler sur un nouveau film en tant que scénariste. Généralement, je travaille sur plus d’un projet à a fois, sinon je ne gagnerais pas ma vie. C’est pour cela que je m’implique dans beaucoup de projets. 

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(Traduit de l'anglais)

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