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Le travail de distributeur

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- Interview avec Roch Lener, président de Bac Film, dont Millimages est à présent l’actionnaire majoritaire, et Marc Bonny, directeur de Gebeka.

Roch Lener est Président de Bac Film, dont Millimages est à présent l’actionnaire majoritaire. Marc Bonny est Directeur de Gebeka.

Comment se positionne Bac Film sur le marché français ?

Roch Lener : Bac est très renommé et a été un très gros distributeur. C’est maintenant une société de taille moyenne avec une grande expérience de près de 400 films distribués en France.

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Quel est le risque pour un distributeur ?

Roch Lener : On pense un peu trop vite qu’une fois que le film est fait il est forcément exploité. Or si la production est un métier dangereux, la distribution est un métier très dangereux. Il arrive régulièrement que des films n’aient une exploitation que locale, voire aucune…

Le distributeur donne un minimum garanti (MG) au producteur qui varie entre 0 et X. Pour un film indépendant en France, X peut aller jusqu’à un million d’euros. Pour cet investissement, le distributeur va exploiter le film en salles d’abord, puis vidéo/DVD, et enfin ventes TV.

La première activité est la plus dangereuse parce que l’ensemble du MG lui est consacré avec les frais d’édition (Print & Advertising). Une partie du MG devrait être utilisé pour la vidéo et les salles, ce que Bac ne fait pas.

L’investissement pour cette première exploitation est important. Si l’on imagine un MG de 900.000 euros et des frais d’édition de 900.000 euros, cela fait 1,8 million d’euros. Et pour ne pas perdre d’argent, il faut donc faire à peu près 900.000 entrées. Si le film fait plus d’entrées, le distributeur gagne de l’argent ; si le film fait moins d’entrées, il n’en perd pas forcément car il lui reste deux fenêtres d’exploitation.

Il faut donc maximiser l’exploitation salle car les résultats de la vidéo dépendent du niveau de notoriété du film, lequel se construit en salles. En moyenne, les ventes de vidéo représentent 10% des entrées salles, mais plus pour le secteur enfant. Pour le secteur enfant (l’animation), les frais d’édition, la communication, doivent être plus importants que pour un film d’images réelles.

Les ventes TV dépendent aussi du nombre d’entrées en salles. Avec 100.000 entrées en salles, il y a peu de chance que vous vendiez le film à une chaîne de télévision. Un film (pas d’animation) qui aurait fait un million d’entrées pourra être vendu à Canal + France jusqu’à un million d’euros. Les films pour enfants, dont l’animation, se vendent moins cher car il n’y a pas de case de diffusion en prime time pour ce type de films.

Il y a donc des films qu’il ne vaut mieux pas distribuer car s’il existe un gros risque en salle, la vidéo ne comblera pas le déficit et le film ne sera pas vendu à la TV. Pour un film d’animation, il demeure quand même la possibilité d’exploiter directement en vidéo sans passer par la salle.

Ce raisonnement est vrai en France mais aussi dans les autres pays européens. Les films américains sortent aux Etats-Unis avec d’autres volumes de frais de promotion, entre 15 et 35 millions de dollars, soit parfois plus que le coût de production. Ce qui semble disproportionné de côté de l’Atlantique, est en fait adapté à la réalité du marché Nord-américain.

Pourquoi, en France, l’affichage s’arrête exactement le jour de la sortie du film ?

Roch Lener : Les distributeurs pensent que tout le travail en amont sert à convaincre les gens d’y aller et que dès que le film est en salles, seul le bouche à oreille fonctionne.

Marc Bonny : Les moyens en Europe ne permettent pas de promouvoir les films, d’acquérir une notoriété, de la même façon que les studios américains, et effectivement le bouche à oreille est « l’arme absolue ». Il faut aussi cibler l’affichage par rapport au public cible et à des périodes de l’année qui assure une visibilité optimale. Pour Kirikou [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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, un partenariat avec les cabines de photomaton dans les lieux publics a été conclu sur tout le mois de décembre 2005.

Quel prix une chaîne de télévision peut payer un film d’animation selon son mode diffusion (hertzienne, câble, satellite) ?

Marc Bonny : les prix sont faibles car les chaînes de TV n’ont pas de cases pour ce genre d’œuvres. Et de toute façon, les films ont souvent une chaîne de TV comme coproducteur, laquelle a donc par définition les droits TV. Le premier Kirikou a été diffusé sur France 3 à 18h30 et a fait un excellent score. Mais les mentalités des chaînes de télévision sont à faire évoluer concernant le film d’animation.

Roch Lener : un film comme Piccolo [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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a été financé par France 3 à hauteur de 800.000 euros, pré-achat (2/3) et coproduction (1/3), et par Canal + également à hauteur de 700.000 à 800.000 euros. Le rapport entre la fiction et l’animation est a priori aux alentours de 1 à 10, donc 100.000 euros pour un film d’animation qui aurait fait un million d’entrées en salles.

Pour promouvoir Harry Potter, Internet est au centre de la stratégie. Est-ce qu’il serait possible d’adapter ce système à des films d’animation européens pour encourager le bouche à oreille ?

Marc Bony : quasiment tous les films qui sortent ont un site Internet pour le film. Pour créer du trafic sur le site, il faut associer un maximum de partenaires médias, de marques, avec des liens vers le site du film. Le problème est donc le même que sur tous les supports, il faut créer de l’intérêt pour le film.

Cartoon Master Postdam, Allemagne, Novembre 2005

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