email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Kamen Kalev • Réalisateur

“Comprendre d'où viennent la confusion et l'aliénation”

par 

- Un premier long métrage construit autour d'une idée et d'un message allant bien au-delà de la réelle et tragique destinée de son personnage principal, un acteur non-professionnel

Cineuropa : Eastern Plays [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Kamen Kalev
fiche film
]
est né de votre volonté de réaliser un film sur la vie d'Itso. Mais au-delà de cet élément inspiré directement du réel, une autre histoire s'insinue (celle du frère néonazi et de la relation entre Itso et la jeune fille turque) et introduit de la fiction dans la réalité. Pourquoi avoir développé le scénario dans cette direction ?

Kamen Kalev: je voulais juxtaposer Itso à son frère Georgi de manière à comprendre d'où viennent la confusion et l'aliénation. Je cherchais un moyen pour décrire le passé d'Itso, l'origine de sa souffrance, sans pourtant la représenter trop explicitement. Le personnage de Georgi, son petit frère (âgé de 17 ans) illustre le début de l'aliénation d'Itso. Tout ce qui entoure Georgi le plonge dans la confusion : ses parents, ses amis et la ville de Sofia. Les parents des deux frères, handicapés spirituellement, ne font que transmettre leurs propres souffrances à leurs enfants. La notion de responsabilité parentale m'intéresse tout particulièrement. Quand les deux frères se retrouvent, ils commencent seulement alors à communiquer. Ils se voient l'un et l'autre comme s'ils se regardaient dans un miroir. L'un est tourné vers le passé, l'autre vers l'avenir, mais ils sont tous les deux perdus et effrayés.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

La jeune fille turque est la raison pour laquelle les deux frères se rencontrent. Elle parle de choses étranges, d'âmes réincarnées et d'un monde qui vibre. Elle a une énergie créative d'un genre différent qui va bien au-delà de la nationalité ou de toute classification possible et imaginable. De nombreux Bulgares éprouvent encore de la haine à l'encontre de nos voisins du Sud. Les 500 ans de domination ottomane ont lourdement pesé. Une jeune fille turque peut être très facilement incomprise. Voilà pourquoi le lien entre Itso et Isil est unique et pourquoi j'ai ressenti la nécessité de l'inclure dans le film.

Itso est un sculpteur sur bois qui cependant n'arrive pas à accomplir cette vocation. Est-ce ainsi que vous percevez le destin des artistes en Bulgarie ? Jusqu'à quel point Eastern Plays reflète t-il la réalité contemporaine bulgare ?
Je ne peux pas résumer le destin des artistes en Bulgarie. J'ai toujours pensé que rien ne pouvait arrêter un écrivain fort qui veut exprimer quelque chose. Itso a continué avec enthousiasme à créer ses travaux extraordinaires. Il y a de nombreux exemples dans le monde de célèbres écrivains, artistes ou musiciens qui réussissent à maintenir leur art vivant dans des sociétés pauvres ou répressives. Quand à savoir si Eastern Plays reflète notre réalité contemporaine, je dirais : oui, mais seulement en partie. Les dialogues, les costumes, le scénario sont des échantillons de notre réalité, mais le sujet du film au sens large et les vies de ces personnages ne sont pas vraiment définis et je n'avais pas l'intention de brosser un tableau complet de notre société.

Lors du récent laboratoire de cinéma "Open Class" à Sofia, l'organisateur et producteur Patrick Sandrin a rapproché Eastern Plays des films de la Nouvelle Vague française. Etes-vous d'accord avec cette idée ? Quels réalisateurs vous ont influencé ?
Cette analogie qu'il évoque entre Eastern Plays et la Nouvelle Vague française est peut-être davantage du ressort de la méthode créative plutôt que de la forme cinématographique en elle-même ou du scénario. Les cinéastes de la Nouvelle Vague étaient absolument libres dans leurs modes d'expression. Ils ne savaient pas ce qui en sortirait. C'est simplement arrivé et ils ont conquis le public. Le cercle s'est élargi car tous ont été invité à participer. C'est ainsi que de jeunes cinéastes y puisent encore de la force et de l'inspiration. Un des films qui m'a le plus influencé est Le Mépris de Jean-Luc Godard.

Quelle est votre réaction à la nomination de votre film au prix Lux du Parlement européen ?
C'est important pour moi car je suppose qu'ils soutiennent l'idée de nations unies. Ce qui m'intéressais, c'était de montrer la réalité actuelle, un monde qui devient plus petit et des gens se rencontrant sans préjugés par rapport à leurs histoires et à leurs origines respectives.Je ne suis fasciné par aucun pays en particulier. Ce qui me fascine véritablement, c'est le moment où les frontières disparaissent et où les culture se rencontrent. Cela apporte toujours de la joie, de l'ouverture et un enrichissement de la conscience humaine.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy