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Philippe Garrel • Réalisateur

Un été brûlant : sous le signe de Godard

par 

- Le réalisateur français Philippe Garrel défend son film Un été brûlant, accueilli froidement par la presse au 58e Festival de Venise

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interview : Philippe Garrel
fiche film
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présenté en compétition de la 68e Mostra de Venise, le réalisateur français Philippe Garrel s’est adressé à la presse internationale qui a accueilli froidement son 24e film en leur rappelant les principes de sa démarche de cinéma.

Quelle a été votre approche pour ce film ?
Philippe Garrel : Ma démarche pourrait sembler académique parce qu’après tout, j’ai copié Le Mépris de Jean-Luc Godard. Mais ce n’est pas différent d’une démarche très répandue en peinture. On copie les Maîtres et pour moi, Jean-Luc Godard est un Maître. C’est son cinéma que j’aime et c’est aussi celui que j’ai envie de faire. Cette démarche me rapproche de Leos Carax par exemple qui considère aussi Godard comme un maître qu’il copie régulièrement. Mais copier ce n’est peut-être pas le bon mot. Je reprends le noyau qui constitue l’inconscient du film, mais tout autour, l’extérieur change et ça devient mon film.

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Quel est le sens du nu de Monica Bellucci au tout début ?
Cette image fait partie de l’inconscient d’un peintre sur le point de mourir. Il a une vision de sa femme. J’essaie de faire des films qui montrent l’âme des femmes et pour capter l’âme d’un modèle, il faut pouvoir peindre son corps. Ça fait partie de ces choses pour lesquelles je suis critiqué, que je les fasse ou non d’ailleurs. Je me console en me disant que Courbet avait aussi été beaucoup critiqué pour l’Origine du Monde et qu’aujourd’hui, le tableau n’offusque plus personne. Lorsque j’avais 14 ans, je faisais du fusain à l’Académie et nous peignions ce type de tableaux en respectant les préceptes du traité de la peinture de Léonard de Vinci. J’ai respecté ces règles ici en filmant Monica avec un recul correspondant à deux fois la taille du modèle. Cela relève de l’académisme du film.

Un été brûlant est de nouveau très personnel...
J’ai dédié le film à Frédéric Pardo, mon ami peintre qui porte le même prénom que le personnage que joue Louis dans le film. Le reste, c’est de la fiction, mais j’ai travaillé avec cet ami durant 35 ans et jusqu’à sa mort. Il peignait mes acteurs et nos travaux se répondaient sans cesse. J’ai voulu immortaliser une partie de lui dans le film sans pour autant tomber dans le fétichisme. Les peintures du film, par exemple, ne sont pas de lui. Mon père fait aussi sa dernière apparition à la fin du film dans un dialogue qu’il a écrit lui-même.

Le film a été partiellement sifflé en projection de presse. Que répondez-vous aux critiques qui n’ont pas aimé le film ?
Les critiques ont le droit de penser que je ne suis pas à la hauteur, mais ce sont peut-être aussi des gens qui auraient sifflé Pierrot Le Fou à l’époque, voire encore aujourd’hui. Je fais des films qui appartiennent à la dialectique du cinéma. Je filme des femmes avec une âme. Il y a des parties entières du scénario qui sont écrites par des femmes pour être jouées par des femmes et je pense qu’entre elles, elles se comprennent. Ça ne veut pas forcément dire que les hommes comprennent aussi. Je ne dis pas qu’il faut tout comprendre, mais si l’incompréhension est au sujet de ce qui ressort de cette âme féminine, ça peut donner droit à une moitié de salle qui siffle. Je n’ai pas de problème avec ça. Le non-conformisme n’est pas une attitude chez moi, mais c’est de là que naissent mes films. Forcément, il y a des réactions.

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