email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Nadia Kamel • Réalisatrice

Arab Spring

par 

- "Je n'ai pas voulu filmer la révolution sentant que mon investissement serait diffèrent sans camera"

Née en 1961 au Caire, a travaillé avec Youssef Chahine, Yousry Nasrallah, Nabil Ayouche. Son dernier film, Salata Baladi (Salade maison), est sorti en 2008.

Avez-vous filmé la révolution en Egypte? Comment filmer la révolution, avec quel regard, quelle écriture ?

Je n'ai commencé à filmer que dernièrement... Je n'ai pas voulu filmer pendant la révolution sentant que mon jugement ou mon investissement serait diffèrent sans camera. Aujourd’hui j'ai envie d'interviewer les gens, de les suivre dans leur projet de citoyenneté, les questions sont profondément existentielles et poétiques, chacun a sa propre analyse, c'est un moment fluide qui va disparaître.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Qu’attendez-vous en tant que cinéaste des nouvelles institutions, en terme de production, conservation et diffusion, par exemple ?

Pour être honnête, en ce moment je ne m'attends à rien, le pays est encore en révolution, l'ancien régime est en guerre avec le vent de changement... mais je rêvais d'institutions qui ouvriraient leur caisses pour aider les petites productions, une télévision qui diffuserait toute la production des dernières années, les films inédits, qui marginaliserait ceux qui avaient du pouvoir dans l'ancien régime pour qu'on sorte de ce trou de corruption culturelle. Les idées sont nombreuses et le cinéma indépendant est capable de réinventer le gout de la profession.

Comment profiter de cette liberté d’expression nouvelle et d’une éventuelle ouverture et changement dans les institutions ?

Il est clair que les cinéastes vont commencer à travailler ensemble plus régulièrement, ce qui n'était pas facile avant la révolution à cause de l'ambiance générale de corruption, des non-dits, de l’autocensure, du manque de confiance, de la peur, mais effectivement, les institutions ne sont pas encore prêtes à s'ouvrir ni à changer.

Qu’attendez-vous aujourd’hui des institutions et des professionnels du cinéma européen ?

J'espère sincèrement que la leçon soit retenue, que l'oppression n'a pas besoin d'être classique comme en Syrie ou en Iran pour être extrême. J’ai eu pendant des années des discussions stériles avec les Européens qui n'ont pas vraiment su apprécier la vague de cinéma indépendant ... On analysait le cinéma égyptien avec des lunettes d'experts et on a raté la créativité de la résistance. Aujourd’hui encore j’entends des voix dire que nous avons de la chance de ne pas être la Syrie. A mon avis, il faudrait partir du principe que l'Égypte est en révolution, que son cinéma indépendant est un cinéma créatif et qu'il faut apprendre à le lire pour comprendre la société qu'il représente. Plus d'écoute et d'ouverture envers les indépendants du cinéma égyptien et une petite relecture de leur films serait utile aux professionnels du cinéma européen pour comprendre beaucoup de choses.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy