22/11/2016 - Fernando Trueba présente La reina de España, une comédie dans laquelle il renoue avec le genre et les personnages qu’il avait rendus populaires dans La Fille de tes rêves

(© Lorenzo Pascasio)

Penélope Cruz joue le rôle principal de La reina de España [+lire aussi :
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interview : Fernando Trueba
fiche film], film qui marque le retour attendu de Fernando Trueba dans lequel il renoue avec le genre et les personnages qu’il avait rendus populaires dans La Fille de tes rêves, un succès de 1998.

Cineuropa : Voir votre film ce matin, lors d’une projection pour un jeune public à la Faculté des Sciences de l’information de l’université Complutense, a été un grand plaisir.
Fernando Trueba : La reina de España est un film qui doit se voir avec un public, plutôt qu’en séance pour de petits groupes. Au cinéma, il y a toujours quelqu’un avec un rire spécial qui le transmet aux autres : c’est très agréable. Quand j’étudiais le cinéma, un ami m’accompagnait toujours à la cinémathèque et une fois, en voyant La Croisière du Navigator de Buster Keaton, il s’est retrouvé plié sur le sol, mort de rire : les gens se sont levés et ont arrêté de regarder le film pour le regarder lui.

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Parce que le cinéma est encore une sorte de cérémonie…
C’est en train de se perdre. Cris et Chuchotement peut se voir chez soi, mais voir une comédie seul la nuit, c’est d’une tristesse… : il faut la partager. Nous sommes tous devenus autistes, absorbés par les écrans de nos smartphones et de nos ordinateurs : personne n’y échappe.

Au moment d’écrire le scénario de La reina de España, avez-vous pensé à cibler toutes les générations de spectateurs ?
Je n’ai rien calculé : je voulais raconter une histoire belle et drôle. Dans ce film, j’ai inclus des éléments que tout le monde ne comprend peut-être pas, mais cela ne fait rien. Ils doivent s’y trouver, car ils font partie de l’époque en question. J’ai même utilisé des expressions des années 1950 qui ne s’utilisent plus aujourd’hui. Les films doivent informer et non pas seulement amuser : il s’agit aussi d’apprendre quelque chose. Voilà ce que j’aime dans le cinéma.

Mais l’humour ne vieillit-il pas ?
Je crois que certains types d’humour résistent aux temps et d’autres vieillissent. Prenons l’exemple des comédies des Marx Brothers : Groucho n’a pas pris une ride, mais Harpo, si. Aujourd’hui, on éprouve une certaine sympathie à son égard, mais Groucho est tellement transgressif, moderne et inattendu qu’il ne souffre pas du temps. Les clowns ont beaucoup vieillis, même pour les enfants d’aujourd’hui.

La reina de España parle de l’histoire de l’Espagne du siècle passé et aborde des thèmes délicats comme el Valle de los Caídos.
J’ai tenté d’être pédagogique au sein de la comédie et de raconter des choses : ce thème correspondait bien à l’histoire et à un personnage. Je ne l’ai pas inclus dans le scénario pour des raisons idéologiques, mais bien narratives : cet élément m’offrait de grandes possibilités pour emmener mon personnage dans un endroit où un accident pouvait se produire, à l’instar de Mister Magoo.

Votre film rend-il hommage aux comics ?
Le film se concentre sur un groupe et ses relations d’amitié et, bien entendu, sur son amour pour le cinéma et les cinéphiles. Deux des films sur le cinéma que j’ai le plus apprécié sont La Nuit américaine, où ils réalisent un film sans importance et Ed Wood, qui parle du pire réalisateur de l’histoire, qui réalise des films lamentables, mais tous deux parlent de l’amour pour son métier : le protagoniste de Tim Burton est un rêveur. Dans mon film, les personnages réalisent un de ces films pseudo historiques que je n’apprécie pas.

(Traduit de l'espagnol)