email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Belgique / Luxembourg / France

Fabrice du Welz • Réalisateur de Calvaire

"Un film en chasse l’autre et je préfère toujours me concentrer sur le prochain"

par 

- A l’occasion de la ressortie surprenante de son film de 2004 dans les salles américaines, nous avons rencontré le cinéaste belge

Fabrice du Welz  • Réalisateur de Calvaire

A l’occasion de la ressortie surprenante de Calvaire [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Fabrice du Welz
fiche film
]
(2004) dans les salles américaines avec Yellow Veil Pictures, nous avons rencontré le cinéaste belge Fabrice du Welz pour évoquer ce phénomène autour de son premier long métrage ainsi que l’actualité du réalisateur, 20 ans plus tard.

Cineuropa : Qu’est-ce qui a provoqué cette ressortie en salles américaines près de 20 ans après sa sortie belge ?
Fabrice du Welz :
Avant le Covid, Calvaire est ressorti sous forme de “trilogie ardennaise” avec Alléluia [+lire aussi :
critique
bande-annonce
making of
interview : Fabrice Du Welz
fiche film
]
et Adoration [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Fabrice du Welz
fiche film
]
dans quelques salles arthouse au Japon. C’est ce qui m’a permis de retravailler l’étalonnage pour gommer les jaunes et les verts trop appuyés comme on le faisait à l’époque sous l’influence des films de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet. C’est ce nouveau master plus “primaire” qui a été utilisé pour la ressortie DVD/Bluray en France chez StudioCanal et les copies en salles américaines distribuées par Yellow Veil Pictures qui cherchait à récupérer les droits du films depuis un certain temps. Outre sa présence dans les salles, Calvaire sera disponible quelques jours après en digital et chez les vendeurs puisqu’un bel objet Bluray est prévu pour celles et ceux qui aiment collectionner ce type de choses, comme moi. A l’époque de sa première projection aux USA en 2006, Calvaire avait été très mal reçu par la presse et vite enterré, donc cette ressortie me réjouit beaucoup.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Aujourd’hui, la presse est beaucoup plus positive sur le film, considéré culte par beaucoup de cinéphiles et pas des moindres, comme Guillermo Del Toro par exemple.
Oui, il m’a fait le plaisir d’une citation sur le Bluray français. Je l’aime beaucoup. C’est vrai que mes films ont besoin de temps et puis les critiques y voient ou n’y voient pas les mêmes choses que moi, ça arrive. C’est ce qui se passe aujourd’hui dans le contexte post #metoo qui a contribué à la redécouverte de Calvaire. Des journalistes m’ont dit y trouver une critique avant l’heure de la masculinité toxique dont il est beaucoup question aujourd’hui, mais en tournant le film, je ne pensais pas du tout à ça. Un autre thème très présent, c’est l’isolation géographique et psychologique qui a pris une nouvelle dimension depuis le confinement lié au Covid. Mais honnêtement, je ne revisite pas mes films après coup. Je passe tellement de temps à les faire que j’en arrive à une certaine forme de dégoût et si j’y retourne, c’est techniquement ou esthétiquement comme pour l’étalonnage de Calvaire parce qu’il y avait une demande, mais je ne les aborde plus thématiquement. Un film en chasse l’autre et je préfère toujours me concentrer sur le prochain.

Calvaire a été rattaché au mouvement New French Extremity. Vous vous retrouvez là-dedans ?
On m’en parle beaucoup, mais c’est plutôt une catégorie et pas vraiment un genre. On y trouve des films réalisés par des réalisateurs et réalisatrices plus provocateurs en France et en Belgique d’ailleurs. La catégorie fait plutôt allusion à la langue. Il y a tellement de films, alors il faut les classer dans des groupes comme cette New French Extremity qui couvre la première décennie des années 2000 et rassemble des cinéastes comme Xavier Gens, Gaspard Noé, Catherine Breillat, Alexandre Aja… Personnellement, je n’y pense jamais.

Plus ou moins 10 films en 20 ans, vous n’arrêtez jamais de travailler. Est-ce que chaque projet vous demande toujours autant d’effort qu’à vos débuts ?
Quand j’ai réalisé Calvaire, la Belgique n’avait pas vraiment d’industrie. On était au tout début des institutions publiques qui financent le cinéma belge ou du Tax Shelter et il fallait chercher de l’argent dans tous les sens. Les techniciens se formaient aussi sur le tas. Maintenant, tout est beaucoup plus organisé et plus professionnel, mais il y a aussi plus de monde qui fait des films. Notre industrie tend d’ailleurs vers une certaine forme de standardisation des produits filmiques ou télévisuels, mais heureusement, il y a encore des cinéastes qui résistent au produit et toute résistance entraine des complications. Et puis, avec le temps, on devient plus ambitieux budgétairement et thématiquement, avec des films qui atteignent vite un plafond et qui sont tout aussi compliqués à produire, voire plus. C’est le cas de mon prochain projet, Maldoror, dont le tournage va débuter prochainement.

Et vous avez tourné un autre film entre temps, La Passion selon Béatrice ?
Oui, c’est un portrait de Béatrice Dalle, entre documentaire et fiction, et il y est question de notre passion commune pour le cinéma et la figure de Pier Paolo Pasolini. Je l’ai tourné dans un laps de temps très court, en noir et blanc, grâce au soutien d’Anthony Vaccarello et de Saint Laurent. Nous souhaitions tous faire ce film qui est un objet singulier et que je me réjouis de montrer à un public en salle avant le plat de résistance qu’est Maldoror.

Maldoror aborde une affaire d’État qui a littéralement retourné la Belgique. Vous y traitez des faits réels ?
C’est un film d’époque qui s’inspire de l’affaire Dutroux et qui se déroule dans la vraie Belgique des années 90. J’ai avant tout le désir de parler des dysfonctionnements policiers et judiciaires qui ont vraiment eu lieu autour de cette affaire et ils sont traités de façon réaliste, mais l’intrigue est fictionnelle. Il ne s’agit donc pas de l’affaire Dutroux portée à l’écran. Ça fait 15 ans que je veux faire ce film et c’est probablement le projet le plus important que je vais devoir affronter. C’est Anthony Bajon qui porte cette histoire…

Accompagné d’acteurs de Calvaire comme Laurent Lucas et Jacky Berroyer dans des rôles secondaires…
Parce que c’est ma famille. Ce sont des artistes avec lesquels je me sens bien, comme certains techniciens d’ailleurs. J’aime beaucoup leur compagnie. L’humour et l’intelligence de Jacky Berroyer, la rigueur et la précision de Laurent Lucas… Ce sont des camarades avec qui je n’ai pas besoin de parler éternellement. Il n’y a pas d’ego entre nous, juste le travail, vite et bien, au service d’un film.

La bande-annonce de la ressortie américaine du film :

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy