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CANNES 2023 Séances spéciales

Mona Achache • Réalisatrice de Little Girl Blue

“Voir ce parcours profondément personnel projeté sur le grand écran m'a paru apaisant”

par 

- CANNES 2023 : Grâce à ce film, des pans vraiment privés de la vie de la famille de la réalisatrice sont à présent dévoilés au monde

Mona Achache • Réalisatrice de Little Girl Blue
(© Les Films du Poisson)

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, qui a fait sa première parmi les séances spéciales du Festival de Cannes, est une oeuvre d'autofiction extrêmement intime où la mort d'une mère, par suicide, donne lieu à un parcours dans le passé pour retracer la vie de deux générations de femmes. Ce voyage, réalisé avec l'aide d'une célèbre actrice (Marion Cotillard) qui revêt, littéralement, les habits de la mère, est le travail de sa fille, la cinéaste Mona Achache (Le Hérisson [+lire aussi :
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), qui parvient en chemin à mieux connaître la personnalité incroyable de sa maman, Carole.

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Cineuropa : On ne peut pas ne pas évoquer la manière dont ce projet a été conçu : tout a commencé par un événement drastique et brutal. Pouvez-vous nous parler de votre parcours, du moment où vous avez reçu la nouvelle de la mort de votre mère au moment où vous avez imaginé de faire ce film ?
Mona Achache : Je ressentais un mélange de douleur et de colère. Je me suis retrouvée avec ces 25 cartons à trier. J'en ai ouvert un et je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me débarrasser de mon passé, que ce passé était quelque chose qu'il fallait que j'explore. Peut-être même que je vivais une sorte de blocage en tant que réalisatrice parce que je ne l'avais pas exploré avant : le passé de ma mère et de sa mère, ma propre généalogie. Ainsi, j'ai tout simplement suivi la lignée créative de mes ancêtres de sexe féminin et ce matériel m'a aidée à détourner le regard de ma mère telle que je la connaissais pour la voir comme le personnage extraordinaire qu'elle était et voir la vie qu'elle a vécue. Carole était un personnage incroyable faite pour être dans un film ; dans la vraie vie, c'était plus difficile.

Quand vous avez présenté ce projet pour obtenir des financements, quelles ont été les réactions ?
Dès le départ, je suis allée voir ma productrice, Laetitia Gonzales, qui est la première personne du dehors qui m'a confirmé que cette histoire méritait d'être racontée. On en ensuite obtenu l'aide du Centre National du Cinéma et d'un distributeur français, Tandem. Après ça, ça a été dur. On nous interrogeait beaucoup sur les évocations, car les gens n'étaient pas convaincus par l'idée qu'une actrice incarne ma mère, alors que pour moi, c'était une part capitale du film, en plus d'être poétique. Et puis il y en avaient d'autres qui secouaient la tête et demandaient "Encore une histoire #MeToo ?”, ce à quoi je répondais : "Eh oui, une de plus !”.

Ont-ils changé d'attitude quand il s'est avéré que ladite actrice serait Marion Cotillard ?
Dans une certaine mesure, mais les gens restaient assez sceptiques. Après, le fait qu'elle nous rejoigne a donné plus de vie à mon scénario, une fois que j'ai pu y écrire "Marion" au lieu de "la comédienne".

Comment a-t-elle réagi à votre idée ?
Marion et moi nous étions rencontrées plusieurs fois, et je sentais une connexion, un lien féminin fort, en quelque sorte. Je sentais aussi qu'elle avait la capacité d'incarner ma mère. Je voulais une actrice iconique pour ce rôle, pour contrebalancer sa mort et toute l'obscurité qu'elle avait en elle. C'était un peu un fantasme pour moi. Marion s'est totalement impliquée dans le scénario, elle a été vraiment merveilleuse. Très tôt, c'était elle ou personne pour ce projet.

Et maintenant, cette histoire personnelle, un aspect très privé de votre vie familiale, se retrouve à l'écran, livrée au monde, à faire sa première à un immense festival. Que ressentez-vous par rapport à ça ?
Voir ce parcours profondément personnel projeté sur le grand écran a été... apaisant. Une salle de cinéma, c'est tellement intime. On est là, dans le noir, en silence. Il y a quelque chose de doux et plein de compassion là-dadans, chacun de nous a un passé. Le fait que je me dévoile ainsi, et le manque de pudeur que cela implique, est un thème important du film.

On sent que le film contient, peut-être, un autre film qui en émergera, en grande partie grâce à votre mère, qui était un formidable personnage, comme vous le soulignez à juste titre. Pouvez-vous imaginer à partir de ce qu'on a là un film plus traditionnel, plus fictionnel ?
C'est drôle, parce que j'ai beaucoup douté de ce projet de film sur elle..., mais dès que j'ai fini le montage, toutes sortes de moments incroyables de mon histoire familiale se sont mis à virevolter dans ma tête. Ma mère était une personne incroyable, aux multiples facettes. [Si je faisais un tel film], peut-être qu'il traiterait du rapport qu'elle avait à la maternité, particulièrement de la relation mère-fille que nous avions. Ce serait certainement un film de fiction. L'idée m'est passée par la tête, mais j'essaie de ne pas y penser. Mais on verra. Peut-être que je n'en ai pas encore tout à fait fini avec cette histoire.

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(Traduit de l'anglais)

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