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LOCARNO 2023 Compétition

Basil Da Cunha • Réalisateur de Manga D’Terra

"J’ai fait un musical qui rend hommage à une musique qui n’est pas reconnue à sa juste valeur"

par 

- Le réalisateur suisse-portugais, dont le film rend hommage aux femmes du quartier de Reboleira, nous parle avec passion du lien étroit qui existe entre la vie et le cinéma

Basil Da Cunha  • Réalisateur de Manga D’Terra

Quatre ans après O fim do mundo [+lire aussi :
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, Basil Da Cunha revient au Locarno Film Festival où il présente, toujours dans la Compétition internationale, son dernier long-métrage Manga D’Terra [+lire aussi :
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. Le film, un musical atypique qui met à l’honneur les sonorités du Cap-Vert, plonge dans la réalité des femmes qui habitent le quartier de Reboleira où le réalisateur s’est installé. Nous avons discuté avec lui après la première du film de comment il travaille avec ses acteurs et de l’importance de nourrir ses histoires de la réalité vécue au quotidien par ses protagonistes.

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Cineuropa : Comment avez-vous réussi à gagner la confiance des habitants de Reboleira où se déroulent beaucoup de vos films ?
Basil Da Cunha :
La confiance s’est construite au fil des films, ça fait treize ans que nous travaillons ensemble. La vie et le cinéma se mélangent beaucoup, c’est-à-dire que les scènes commencent avant la prise de vue et continuent après que la caméra s’éteint. Au fil des années les gens ont forcément senti qu’on inscrivait le quartier dans le récit national. En tant que réalisateur, je voulais laisser une trace de leur communauté. Je vis dans ce quartier, je partage le quotidien des gens et j’écris les scènes de mes films pour ces gens, en fonction de de leur personnalité et de leur histoire. Evidemment j’ajoute aussi de la fiction mais ce n’est pas une écriture totalement libre, elle est tributaire de la réalité. Le réalisateur n’est en aucun cas un Dieu ou un marionnettiste. C’est un travail d’assemblage de récits et de personnes. Grâce à cela, les personnes du quartier sentent qu’ils ont la liberté d’exister à l’intérieur du film, de proposer des choses. Je pense qu’ils se reconnaissent dans le film et ils y participent parce qu’ils sont très généreux. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un processus d’écriture participatif où chacun donne des idées, le tournage est pensé pour des gens que je connais très bien.

D’où vient cette idée de faire un film musical ? Peut-on dire que, dans le film, la musique joue pour la protagoniste une fonction thérapeutique ?
Ce que j’ai fait est un musical qui n’existe pas et que j’aurais voulu voir, un musical qui rend hommage à une musique que j’aime et qui n’est pas reconnue à sa juste valeur. Au Cap-Vert, il y a beaucoup de musiques traditionnelles, beaucoup de genres. Là-bas je n’ai jamais rencontré un musicien qui ne soit pas exceptionnel. Beaucoup de ces musiciens géniaux sont venus s’échouer au Portugal, dans des quartiers comme celui où j’habite. Je rêvais de faire un musical qui rende hommage à cette musique qui est un mélange de musique traditionnelle, de jazz et de rock. La musique me permet aussi de raconter ce que les images ne montrent pas et de toucher les tréfonds de l’âme de mes personnages. Le fait que le film soit touchant vient aussi de la musique qui n’est pas un simple artifice pour rajouter du sentiment.

Dans votre film vous montrez souvent les visages en premier plan, d’où vient cette volonté de scruter les corps ? Qu’est-ce que les corps racontent de la vie des personnages ?
Il y a plusieurs choses, premièrement, je dirais que, comme mon film est fait de l’intérieur, on montre forcément ce que d’habitude on cache. Les journalistes, quand ils filment des quartiers comme Reboleira, ils le font souvent avec les mêmes objectifs qu’ils utilisent pour les documentaires animaliers. Ceci pour pouvoir filmer de loin, ne pas devoir trop s’approcher. Contrairement à eux, nous, par le biais des outils qu’on utilise, le 50 mm, le 35 mm, on est véritablement au milieu des gens. Ceci naît aussi du désir de cartographier ces visages, parce que c’est des visages et des corps qui racontent énormément de choses sur l’histoire des habitants du quartier.

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