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GENÈVE 2023

Anaïs Emery • Directrice générale et artistique, GIFF

"La création numérique est un domaine dans lequel on assiste à des développements artistiques absolument fascinants"

par 

- La directrice du festival genevois s’exprime sur des sujets fondamentaux tels que la parité et l’inclusion dans les festivals de cinéma ou sur l’attrait de la création numérique

Anaïs Emery  • Directrice générale et artistique, GIFF

Nous avons pu nous entretenir avec Anaïs Emery, à sa troisième édition à la tête du Geneva International Film Festival (GIFF) (3-12 novembre) qui nous parle avec passion des défis qu’un festival comme le leur, promoteur d’une vision à 360° du septième art, doit affronter mais aussi de la nécessité de soutenir les initiatives qui visent à rendre l’industrie plus inclusive et diversifiée.

Cineuropa : Que représente pour vous cette troisième édition à la tête du GIFF ?
Anaïs Emery : Cette troisième édition représente vraiment une continuité par rapport au positionnement du festival. Cela dit, je n’ai pas l’habitude de me considérer satisfaite. Je pense au contraire qu’on peut toujours faire mieux, d’autant que le contexte sociétal, notamment dans l’audiovisuel, est quand même assez tendu. Cela dit, je suis satisfaite du programme qu’on propose cette année, et aussi des réflexions et des opportunités que notre marché offre. Les invités et les trois hommages faits à Marguerite Kudelski, Jean Michel Jarre et au collectif Kourtrajmé montrent bien notre volonté de positionner le festival en tant que vitrine de l’audiovisuel, un festival qui en donne une vision plurielle et globale.

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Le collectif Kourtrajmé recevra le Geneva Award. Ceci montre combien le GIFF soit ouvert au "décloisonnement du cinéma". Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce propos ?
On voulait donner ce prix à une démarche et non pas à une personne. Je trouve que le collectif Kourtrajmé est particulièrement intéressant dans son approche aux différents formats. Ce collectif s’est en fait intéressé au format court à une époque où ce n’était pas évident de le défendre et il a été aussi très dynamique dans le domaine des clips vidéo. Kourtrajmé a montré combien cette approche inclusive favorise d’un côté l’innovation artistique et de l’autre l’intégration de visions nouvelles, plus inclusives, dans le domaine de l’audiovisuel. Ce collectif a toujours été très à l’avance là-dessus, preuve en est aussi l’école qu’il a créée, une école qui est absolument inclusive et qui permet à des élèves qui n’ont pas forcément le capital économique ou culturel pour entrer dans une école de cinéma de se former. Cette école s’est par la suite internationalisée, en ouvrant des filières en Afrique du Nord et aux Caraïbes. Il y a une pérennité dans leur démarche qui est admirable.

Cette année le GIFF signe la chartre, promue par SWAN (Swiss Women’s Audiovisual Network), pour la parité et l’inclusion dans les festivals de cinéma, quel est le signal que vous voulez donner par ce geste ?
Je pense que les festivals ont un rôle important à jouer dans ce sens. Si on signe cette chartre c’est parce qu’on trouve que c’est juste et que ça ouvre le débat autour de l’inclusivité et de la transparence sur les chiffres. Les festivals sont souvent cités ou critiqués mais je pense qu’il y a une méconnaissance des autres défis auxquelles ils doivent faire face, des défis qui sont liés à l’organisation, aux financements, à l’industrie, aux ressources humaines etc. Les festivals ont beaucoup de défis à relever dont celui de la parité et de l’inclusion. L’audiovisuel est un secteur assez complexe parce qu’il s’agit à la fois d’un art mais aussi d’une industrie qui se base souvent sur le concept de succès et qui subit une forte pression économique. On est en contact avec beaucoup d’interlocuteurs qui sont plus ou moins ouverts au changement. C’est extrêmement complexe et parfois périlleux mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’ouvrir aux changements !

Est-ce que la création numérique réussit toujours à séduire le public, et si oui, comment ?
La création numérique est un format qui est encore en devenir pour ce qui est de sa relation avec le public. Au GIFF on remarque une progression assez forte d’année en année, ceci est dû en partie au fait qu’on présente de plus en plus d’œuvres en format installatif, des œuvres dont l’aspect immersif est fortement présent. Au GIFF le public trouve une offre qui n’est pas celle qu’on propose en ligne, une offre qui est difficilement accessible chez soi. Je trouve que c’est un domaine dans lequel on assiste à des développements artistiques absolument fascinants, même si c’est un langage en devenir, un langage qui n’est pas du tout fini ou figé. Pour ce qui est des thématiques, cette année on traite de la question du "female gaze" en VR mais aussi de l’utilisation des techniques immersives pour recueillir des témoignages, notamment ceux qui nous arrivent de zones de guerre.

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