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SÉRIES MANIA 2024 Séries Mania Forum

Francesco Capurro • Directeur, Séries Mania Forum

"Une sorte de convergence entre l’art du film et l’art des séries"

par 

- Le pilote des journées professionnelles du Festival Séries Mania qui se dérouleront à Lille du 19 au 21 mars, décrypte la conjoncture de l’industrie de la série

Francesco Capurro • Directeur, Séries Mania Forum
(© Chloé Leclercq)

Rencontre avec Francesco Capurro, le directeur du Séries Mania Forum (du 19 au 21 mars 2024 - lire la news), le volet professionnel du 14e Festival Séries Mania (qui a démarré vendredi dernier à Lille – article).

Cineuropa : Comment se présente cette nouvelle édition de Séries Mania Forum ? Quelles tendances avez-vous repérées parmi les projets que vous avez reçus ?
Francesco Capurro : Pour la première fois, nous allons passer la barre de 4000 participants. On sent beaucoup d’attente pour un événement plus global que jamais avec des délégations de Taïwan, de Corée du Sud, du Brésil, d’Afrique du Sud, du Canada, etc., en provenance vraiment du monde entier, y compris évidemment des pays européens. Cette édition s‘annonce donc très bien, tant dans la quantité que dans la qualité du programme grâce à la présence notamment de toutes les grosses entreprises, entre autres Netflix, HBO Max, Movistar Plus+, BBC Studios, Sony, etc.

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Nous avons reçu plus de 400 projets pour les Co-Pro Pitching Sessions. Au niveau des tendances éditoriales, le thriller et le crime restent les genres prédominants en fiction, mais ils sont déclinés de moult façons avec une attention de plus en plus forte aux histoires fondées sur des faits divers réels auxquels le public peut sans doute s’identifier plus facilement. Il y a également beaucoup de regards sur le passé récent, de l’après Seconde guerre mondiale à nos jours, qui sont souvent une manière détournée de parler du présent. Beaucoup de préoccupations de notre société actuelle, comme l’écologie, se retrouvent évidemment aussi dans les projets, d’ailleurs plutôt de manière négative : c’est souvent lié à des catastrophes, à des scénarios de fin du monde, mais cela sert également à soulever de questions qui nous touchent tous aujourd’hui. Les séries reflètent le monde dans lequel nous vivons.

Kaouther Ben Hania, Kevin Macdonald, Barbara Albert, Mijke de Jong, Yorgos Zois, etc. : la seconde édition de SERIESMAKERS (news) confirme que de plus en plus de cinéastes très identifiés veulent se lancer dans la série.
Nous sommes nous-même surpris par le calibre des cinéastes qui postulent. Des cinéastes très expérimentés, primés dans de grands festivals, veulent participer à cet atelier de formation, ce qui prouve qu’avec Beta Group, nous avons réussi à trouver le bon dispositif et qu’il y a vraiment un besoin d’accompagnement dans la transition du cinéma vers la série. Car même s’il y a des points communs dans la narration, ce n’est pas exactement la même chose, ni du point de vue artistique, ni du point de vue industriel, et le rôle du réalisateur n’est pas aussi central dans la série qu’au cinéma. Mais cinéma et séries ne s’opposent pas : aujourd’hui les producteurs et les talents veulent s‘essayer aux deux. Et du point de vue artistique, il y a une sorte de convergence entre l’art du film et l’art des séries (qui sont de plus en plus courtes) : la frontière n’est plus si nette.

L’abondance de propositions semble s’opérer dans une conjoncture un peu plus tendue au niveau des acheteurs avec une sélectivité accrue (article et news).
C’est vrai qu’après les dix années de ce que l’on a appelé l’âge d’or des séries, il y a un petit ralentissement des investissements, notamment de la part de streamers. Selon moi, c’est un ajustement conjoncturel. Il y a peut-être eu des excès avec une multiplication des productions et des canaux de diffusion : l’audience ne pouvait pas suivre à ce rythme. Je ne pense pas que ce réajustement soit dramatique à long terme car les séries restent un genre que le public aime beaucoup comme le relèvent toutes les études sur la fiction en Europe. Et un côté positif de ce ralentissement, c’est que l’on peut espérer qu’il y aura plus de qualité que de quantité car ces dernières années, cela allait un peu vite, cela produisait à la chaîne.

Le 21 mars, Les Dialogues de Lille seront centrés sur un sujet qui fait beaucoup parler : l’intelligence artificielle générative.
C’est un sujet incontournable, une révolution si importante qu’on ne peut pas l’ignorer. Certaines questions se posent très urgemment comme les droits d’auteur parce que l’on voit très bien, même avec des outils grand public comme ChatGPT, qu’il est extrêmement facile de dupliquer, imiter, voire créer une histoire. Il faut très rapidement des règles, des lois, pour encadrer un peu les usages (lire la news). Les perspectives de long terme sont plus difficiles à imaginer. Pour l’instant, cela ne remplace pas encore la créativité humaine, c’est davantage un outil qui peut permettre de gagner du temps, de l’argent, etc., pour les producteurs et les scénaristes, mais il doit toujours être alimenté, guidé, corrigé par l’esprit humain. Dans quelques années en revanche, je ne sais pas, seuls les spécialistes scientifiques du "deep learning" pourraient nous éclairer. Nos Dialogues de Lille, exploreront donc à la fois les menaces et les opportunités que cette technologie ouvre. C’est un sujet dont on n’a pas fini de parler, ce n’est que le début.

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