20/08/2009

“L'expérimentation est la véritable clef de la liberté, parce qu'elle produit des choses nouvelles" : c'est ce qu'affirme le Napolitain installé à Milan Pasquale Marrazzo. Son quatrième film, Sogno il mondo il venerdì, présenté à Locarno dans la section "Cinéastes du présent", évolue sur les terrains parfois accidentés du mélo (avec l'histoire d'une mère qui croit reconnaître en son voisin son fils perdu), de l'engagement social (le film parle des accidents du travail) et de la comédie musicale.

L'étouffante banlieue de Milan, crue et hyperréaliste, est la toile de fond d'histoires (souvent de désespoir) qui d'abord se frôlent puis s'entrecroisent : celle de Karim, Tunisien qui, pour s'acheter un permis de séjour, essaie de voler un Indien ; celle de Betty, transsexuelle amoureuse d'un banquier qui a le vice du jeu ; celle d'Irene, qui habite avec Luigia et doit règler ses comptes avec son passé et son alcoolisme. Il s'agit d'existences marginales (et marginalisées) où s'ouvrent parfois à l'improviste des brèches de lyrisme quand les personnages se mettent à chanter en anglais (les morceaux, dont le dernier Marianne Faithfull, ont été écrits par Marrazzo lui-même sur des musiques de Sergio Cocchi).

L’effet est étonnant, mais c'est aussi le fait de la discontinuité des voix et des chansons. Ce qui convainc moins, ce sont certains dialogues trop explicatifs ("j'ai choisi de travailler à l'hôpital pour exorciser ma peur de la mort") et trop écrits (souvent confiés à des comédiens très théâtraux) pour ne pas jurer avec la fraîcheur de certains interprètes (notamment Anis Gharbi et Giovanni Brignola) et la manière dont le réalisateur critique le cinéma où "tout doit être dit et aucun personnage n'échappe à la transparence".

Sogno il mondo il venerdì, autoproduit par Marrazzo par le biais de sa société N.O.I Film en collaboration avec The Family, sera distribué sur les écrans italiens par La Fabbrichetta de Gianluca Arcopinto. La sortie du film à Rome est prévue pour le 21 août ; il arrivera à Milan, Turin, Bologne et Florence le 28.

(Traduit de l'italien)