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ROME 2015

Les Oubliés : un sombre chapitre de l'Histoire du Danemark

par 

- Le nouveau film de Martin Zandvliet raconte l'histoire déchirante d'un groupe de prisonniers allemands adolescents affectés au déminage des plages danoises après la Seconde Guerre mondiale

Les Oubliés : un sombre chapitre de l'Histoire du Danemark
Joel Basman et Louis Hofmann dans Les Oubliés

Que reste-t-il après une guerre ? De la haine et des mines. Dès la première scène des Oubliés [+lire aussi :
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(Land of Mine)du Danois Martin Zandvliet, la haine viscérale de l'envahisseur  est palpable. Nous sommes au Danemark en mai 1945, quelques jours après la reddition de l'Allemagne nazie. Un soldat danois tabasse les soldats allemands qu'il voit passer dans la rue en criant : "Foutez le camp de mon pays !". Il reste cependant des mines, déposées tout le long de la côte ouest du Danemark par les Allemands, parce qu'ils croyaient que c'est là que les Alliés débarqueraient. C'est donc à eux qu'il incombe de les enlever. Les Oubliés, qui faisait partie des films qui ont suscité le plus d'impatience et de débats au dernier Festival de Toronto, à présent en compétition à la 10ème Fête du cinéma de Rome, revient sur un sombre épisode de l'Histoire danoise, un chapitre peu connu, ignoré des manuels d'Histoire : le sort des deux mille et quelques prisonniers allemands qui ont été obligés pendant de longs mois, après la guerre, de débarrasser les plages danoises des plus de deux millions de mines qui s'y trouvaient cachées. Il s'agissait de jeunes entre 15 et 18 ans, c'est-à-dire d'adolescents qui n'avait qu'une hâte : rentrer chez eux, embrasser leur maman et bien manger, enfin. Seule une moitié d'entre eux sont ressortis vivants.

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Le sort qu'a fait le Danemark à ces jeunes gens, en accord avec les Anglais, n'est rien de moins qu'un crime de guerre : la Convention de Genève de 1929 interdisait d'utiliser les prisonniers pour des activités dangereuses. Pour contourner la norme, les jeunes soldats ont simplement été requalifiés de “personnes s'étant volontairement rendues à l'ennemi". Dans le film de Zandvliet, la tragédie historique est racontée avec précision, impitoyablement, avec une bonne dose de tension. On y voit quatorze garçons affectés au déminage et amenés sur une splendide plage de sable blanc et de dunes où ils vont devoir passer trois mois pour mener à bien leur tâche. Ils sont supervisés par le sergent Rasmussen (Roland Møller), une homme plein de rancoeur contre les Allemands, après cinq ans d'occcupation. Les conditions de vie qui leur sont imposées sont inhumaines : la nourriture est frugale et la moindre seconde d'inattention peut leur coûter la vie. La caméra observe de très près ces garçons aux visages tellement jeunes et beaux, scrutant leurs émotions, leurs espoirs pour le futur, mais elle capte également le conflit intérieur du sergent Rasmussen qui, derrière ses façons brutales et sa cuirasse de militaire rancunier, apparaît de plus en plus troublé – "Vous m'avez trompé. Il fallait me dire que ce n'était que des enfants !", finit-il par hurler devant son capitaine, Ebbe (Mikkel Boe Følsgaard), un homme inflexible dans sa cruauté. Ici, les monstres ne sont pas les Allemands, mais l'armée danoise.

Les Oubliés nous raconte ce qui arrive au lendemain d'une guerre. Il nous offre un récit sur la survie, mais aussi le pardon, la rédemption, l'humanité retrouvée. Les jeunes acteurs qu'il a choisis (Louis Hofmann de Tom Sawyer [+lire aussi :
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, Joel Basman du dernier Dresen, As We Were Dreaming [+lire aussi :
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, qui lui a valu un Prix du cinéma allemand en tant que meilleur acteur dans un second rôle, et les jumeaux débutants Emil et Oskar Belton) sont formidables et livrent des performances pleine d'intensité dramatique. Le film ayant été tourné presque entièrement de jour, la lumière chaude du soleil (photographiée par Camilla Hjelm Knudsen) sert de contrepoint à la noirceur de l'histoire. Tout du long, on reste avec ces jeunes et on espère très fort qu'ils pourront rentrer chez eux. Pour une fois, on soutient les Allemands, parce qu'une bande d'adolescents n'a pas à payer pour toute une nation, du moins elle n'aurait pas dû.

Les Oubliés a été produit par Amusement Park Films, Nordisk Film et K5 International, qui s'occupe également des ventes internationales du film. En Italie, il sera distribué par Notorious Pictures.

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(Traduit de l'italien)

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