27/06/2017 - Le premier long-métrage de Visa Koiso-Kanttila, au programme à Moscou, transporte le public au nord de la Finlande

Le Finlandais Visa Koiso-Kanttila, qui a commencé sa carrière comme documentariste et chef-opérateur, présente en ce moment son premier long-métrage de fiction, le touchant récit d’apprentissage Star Boys [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], en compétition au 39^e Festival international du film de Moscou (22-29 juin). L’action du film, produit par Silva Mysterium, se situe dans la ville natale du réalisateur, Oulu, la deuxième plus grande ville de l’extrême nord du monde.

L’histoire se passe à une époque qui semble être les années 1970. Le scénario, écrit par Koiso-Kanttila, suit le jeune Vesa (Vili Saarela), un garçon de 13 ans. On fait sa connaissance tandis qu’il récite “Now I Lay Me Down to Sleep” avec sa mère, Marja (Pihla Viitala). L’innocence du garçon et des paysages enneigés où il vit suggère d’abord qu’on a affaire à un film pour enfants charmant, mais Koiso-Kanttila a d’autres plans pour son petit héros : il se sert des expériences de la vie de Vesa et de son meilleur copain Kaarlo (Olavi Angervo) pour montrer comment les difficultés de la vie moderne affectent les relations et la cellule familiale.

Quand le père de Vesa, Tapio (Antti Luusuaniemi), se met à ressentir de l’attirance pour la mère de Kaarlo, les deux garçons sont happés dans un réseau de réactions en chaîne qui les rapproche soudain, beaucoup trop à leur goût, de l’âge adulte. Koiso-Kanttila relate de manière attentive les changements progressifs qui affectent les deux familles, tissant une histoire universelle sur les enfants qui grandissent, les parents qui s’éloignent l’un de l’autre, en somme la dérive des noyaux relationnels, jusqu’au bord du chaos. Vesa peut bien regarder les étoiles tout son soûl, dans son téléscope, et chanter des chants de Noël, et prier, rien ne peut le préparer aux expériences nouvelles, pénibles à en devenir fou, qui l’attendent.

Dans l’univers de notre jeune héros, des changements irrémédiables vont intervenir dont le flux lent mais implacable ressemble aux rivières presque gelées que le directeur de la photographie, Jarkko T Laine, a filmées dans la lumière bleutée du matin, laissant le monteur Mervi Junkkonen donner à ces images le rythme d’un monde perdu. À la différence près qu’alors qu’on sait bien que les fleuves finissent par déboucher sur la mer, on ne peut en dire autant des rivières imprévisibles de la vie et du radeau de conséquences sur lequel flottent les personnages. 

Malgré un scénario qu’on sent travaillé et retravaillé, Star Boys fait l’effet d’un parcours extrêmement personnel du réalisateur dans ses souvenirs qui donne au spectateur l’occasion d’assister à l’éternel combat, au combat familier, entre traditions (avec leur immuabilité qui tient de la rigor mortis) et modernité (avec ses incertitudes et son absence de principes). Cette dichotomie est toujours présente dans le film, notamment à travers le personnage du grand-père, qui vit dans une maison qu’il a construite de ses propres mains, face à celui du père architecte, qui travaille sur le développement d’un nouveau quartier fait de grands immeubles qui s’annonce désagréable et requiert de grands travaux de démolition avant toute reconstruction – exactement le genre d’abus, de trahison, d’agression et de transgression qui va pousser Vesa et Kaarlo vers plus de maturité. 

Star Boys a été produit par Silva Mysterium (Finlande) en coproduction avec Filmpool Nord et Dragon Films (Suède).

(Traduit de l'anglais)