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One Vision Série Series 2016: Tone C. Rønning

par 

- Pour une chaine publique responsable

One Vision Série Series 2016: Tone C. Rønning

(© Sylvain Bardin & Philippe Cabaret)

Tone C. Rønning, avec beaucoup d’humour, tient d’abord à remercier sincèrement les Français pour ce qu’ils ont apporté aux Norvégiens en termes de culture, et elle fait cette introduction fracassante : ‘’Au Moyen-âge, nous, Vikings, barbares, sommes venus vous piller, vous violer, vous massacrer, et vous, sans rancune, vous nous avez éduqués ! En 1249, le 1er étudiant norvégien était à La Sorbonne’’. Il est donc de bon ton qu’aujourd’hui, la Norvège produise des fictions de qualité et en fasse profiter ses voisins européens, dont les Bellifontains.

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Tone C. Rønning a une forte conscience de la responsabilité qui lui incombe en tant que productrice et responsable des coproductions internationales chez NRK. Elle constate chaque jour que dans nos sociétés, les écarts se creusent, qu’il y a des lacunes importantes à combler. Chaque jour, en allant au travail, elle mesure l’importance de l’enjeu qui consiste pour elle à contribuer à renforcer la démocratie ; car nos démocraties sont fragiles, et rien n’est jamais acquis. Telle est la mission fondamentale quand on travaille dans le service public.

Les contenus audiovisuels sont un bien commun et doivent s’adresser à toutes les couches de la société, rassembler un public large, dans une belle arène, sans exclusion. 73 % des téléspectateurs interrogés se disent satisfaits de ce que propose la chaîne NRK qui se classe parmi les meilleurs diffuseurs en Europe, mais on peut toujours faire mieux et plus ! Dans un monde fait de diversités, il faut créer des ponts entre les fossés qui nous séparent, fussent-ils de classes, de générations, de cultures, de religions. Il faut être attentif en particulier au public jeune qui a besoin de faire entendre sa voix et de se reconnaître dans la programmation (elle cite, à ce sujet, le succès récent de Shame). Chacun a le droit de se faire entendre, les productions audiovisuelles sont une bonne tribune pour ce faire et les contenus doivent être élaborés en conséquence. Et pour englober cette diversité, les formations qui préparent aux métiers de l’audiovisuel doivent notamment être adaptées, proposer un large éventail de possibilités, offrir à la fois expertise et polyvalence, poser en tout cas dès le départ un réel niveau d’exigence.

Tone C. Rønning résume les principaux objectifs d’une stratégie de chaîne publique audiovisuelle en ces quelques points :

• se donner les moyens de comprendre et connaître le public

• favoriser la diversité grâce à une stratégie de diversification des contenus

• savoir prioriser ses choix dans son portefeuille de production

• ne pas négliger les contenus informatifs, en particulier le genre documentaire

• écouter et cibler les jeunes

• être toujours force de propositions novatrices, rechercher et développer

• innover également dans le mode de leadership

• être audacieux dans la gestion des médias publics et le rapport aux dirigeants...

Car on ne peut pas seulement compter sur la classe politique ou des élections pour espérer créer l’Europe que l’on souhaite. Certes, il faut exiger le soutien des gouvernements, quels qu’ils soient, à l’action publique dans le domaine audiovisuel, mais au-delà, être capable d’affirmer haut et fort son indépendance, de questionner, de déstabiliser. Chacun a un rôle à jouer en démocratie, chaque citoyen est responsable, le public lui-même est responsable de demander et de savoir accueillir des contenus de qualité. Tone C. Rønning suggère une spirale vertueuse par laquelle nous devons accepter et défendre l’idée de responsabilité partagée ; elle invite chacun à participer au débat, à réunir les gens « autour du feu de camp », à créer des plateformes d’échange à l’instar de Série Series.

NRK veut faire la différence en n’hésitant pas à proposer des programmes qui font se rencontrer des univers étrangers l’un à l’autre. Lilyhammer incarnait par exemple un véritable clash de cultures et a su convaincre une large audience : le public est donc prêt à recevoir non seulement des purs produits de divertissement, mais aussi des contenus qui font réfléchir, chahutent nos habitudes, nous permettent de réviser nos points de vue et nos certitudes. Car c’est aussi cela que de travailler pour le service public. À l’automne prochain sortira par exemple Nobel, une fiction sur l’intervention des soldats norvégiens en Afghanistan, alors qu’on a trop souvent de la Norvège l’idée d’un pays pacifiste, neutre. Cette nouvelle série répond bien à l’idée de faire des fictions engagées et responsables ; elle flirte en l’occurrence avec le journalisme, mais sans en être, en tout cas propose un contenu informatif fort. Or, trop de diffuseurs sont rétifs à de telles propositions.

En conclusion, Tone C. Rønning retient deux mots d’ordre : ouverture et courage. Il faut en effet être ouvert à la différence, au dialogue avec les auteurs et créateurs pour soutenir leurs idées originales, et avoir le courage de prendre des risques. Travailler à la tête d’une chaîne de télévision comme NRK, c’est aussi avoir à cœur, chevillée au corps, l’ambition de rassembler et solidifier la communauté nationale autour de valeurs communes et démocratiques. Tone C. Rønning n’a pas peur de parler de l’importance d’aider à bâtir un sentiment d’appartenance, une identité nationale, à la fois unie et plurielle. Un service public audiovisuel est un des constituants du ciment d’une nation, et cela ne peut être perdu de vue, sous aucun prétexte.

En collaboration avec

 

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