06/09/2017 - VENISE 2017: Martin McDonagh propose à Venise un film acerbe qui pourrait facilement s’apparenter à Fargo des frères Coen

Ebbing, Missouri, est une petite ville américaine fictive créée par le réalisateur et scénariste britannique Martin McDonagh. C’est un endroit où les dialogues sont aiguisés, les actions extrêmes et où les habitants se dressent contre les autorités. Les policiers affectés à ces habitants sont les plus grands criminels de la région ; ils sont en outre racistes et homophobes. Le meurtre d’une adolescente précipitera l’action de 3 Billboards, Les panneaux de la vengeance [+lire aussi :
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fiche film], présenté en compétition au Festival du Film de Venise. Il est très vite clair qu’Ebbing n’est pas une ville aussi calme et idyllique que l’on pourrait croire en regardant ses rues pittoresques et ses vastes paysages filmés par le directeur de la photographie Ben Davis (Seven Psychopaths [+lire aussi :
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fiche film]) à l’image des photographies de Stephen Shore dans les années 1970.

La ressemblance avec Fargo des frères Coen est renforcée par la musique du collaborateur habituel des deux frères Carter Burwell et par le personnage principal, Mildred, interprété par l’inimitable Frances McDormand. Mildred porte le même pull tous les jours pour se rendre à la boutique de cadeaux où elle travaille. Elle est courageuse et déterminée : elle est en effet parvenue à échapper à un mariage avec Charlie, un homme violent, et doit vivre avec la mort de sa fille, assassinée sept mois plus tôt. Elle a en outre attiré l’attention sur sa ville en affichant des publicités sur trois panneaux d’affichage demandant plus d’actions de la part du chef de la police, William Willoughby (Woody Harrelson), pour retrouver le meurtrier.

Par l’intermédiaire de Mildred et Willoughby, nous découvrirons une série de personnages éclectiques. Sam Rockwell est hypnotique dans le rôle de l’officier adjoint Dixon, un personnage obstinément émoussés et en colère. Les autres personnages remarquables sont Red (Caleb Landry Jones), le directeur de la publicité, vif et attiré par l’argent; l’ex-mari de Mildred, Charlie (John Hawkes); sa petite-amie, Penelope (Samara Weaving) et leur gentil petit garçon, Robbie (Lucas Hedges). En ce qui concerne la dimension romantique du film, le citadin James (Peter Dinklage) poursuit Mildred, et Anne (Abbie Cornish), la femme de Willoughby est le pilier robuste qui s’occupe de leurs deux enfants. Ce personnage, plus intrigant que l’histoire, rappelle à nouveau Fargo et Twin Peaks.

Pourtant, c’est indéniablement un film de McDonagh. Nous retrouvons le même humour cynique que dans Bons Baisers de Bruges [+lire aussi :
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fiche film] (2007) et Seven Psychopaths, mais dans 3 Billboards, il est souvent utilisé pour masquer une peine de cœur. Comme l’un des personnages le confie à un autre dans une lettre, nous avons besoin d’amour. En effet, l’amour est important dans un film dont les thèmes principaux sont les familles dysfonctionnelles et le fait de vivre avec la mort. Bien qu’il y ait beaucoup d’amour dans Ebbing, McDonagh refait les mêmes erreurs que dans ses précédents films, pour lesquels il a choisi la possibilité la plus sombre et la plus extrême, telle que des flashbacks entre Mildred et sa fille, ce qui rend le film très mélodramatique. Il s’agit en outre de son troisième film, et il est possible de noter certaines familiarités dans ses blagues sur le racisme et l’homophobie, qui semblent parfois évidentes et superflues. Enfin, les dialogues des personnages ne sont pas suffisamment délimités - par exemple, ils semblent tous être experts en remarques désobligeantes. Ces problèmes font de 3 Billboards un film aussi imparfait que ses personnages. Heureusement, il est également tout aussi divertissant et intéressant.

Produit par Blueprint Pictures (Londres), cette coproduction entre le Royaume-Uni et les États-Unis sera vendue à l’échelle internationale par Fox Searchlight Pictures.

(Traduit de l'anglais)