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BERLINALE 2023 Compétition

Critique : Music

par 

- BERLINALE 2023 : Angela Schanelec use de son style caractéristique pour nous re-raconter le mythe d’Oedipe ; quant à savoir si l’expérience mérite la concentration que ce film requiert, ça se discute

Critique : Music
Theodora Exertzi, Oddyseas Psaras, Nikolas Tsibliaris et Aliocha Schneider dans Music

Angela Schanelec, lauréate d’un Ours d’argent en 2019 pour J'étais à la maison, mais... [+lire aussi :
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, est de retour en compétition à Berlin avec Music [+lire aussi :
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. Ce film devrait satisfaire les fans de ses travaux précédents et de son style très caractéristique, cependant, le reste du public pourrait être plus difficile à satisfaire. Le récit elliptique, la manière très singulière (ou délibérée, si vous préférez) dont les acteurs évoluent et sont photographiés, ainsi que les rares bribes d’information dispersées ça et là sont les éléments principaux sur lesquels pourrait trébucher le spectateur et l'empêcher de s'acccorder à Music.

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Le film s’ouvre sur un long plan immobile sur de la brume, ou des nuages bas passant sur une colline, quelque part en Grèce. Ce pourrait être une métaphore représentant les dieux grecs et leur pouvoir absolu sur les humains (le film reprend le mythe d'Oedipe), ou un message légèrement ironique de la part de la réalisatrice sigifiant que la vérité sur les personnages principaux ainsi que les connexions entre eux seront voilées, dans une certaine mesure. Ceux qui connaissent la pièce de Sophocle dont s'inspire Schanelec pourront au moins reconnaître les éléments clefs de l’histoire.

Après que la brume se soit dissipée, un homme blessé et une femme enceinte descendent en bas de la montagne. Un petit garçon naît, qu'ils laissent sur place. Quand on le retrouve de nouveau, de nombreuses années ont passé, et c’est à présent un adulte qui s’appelle Jon (Aliocha Schneider) – la réalisatrice a la gentillesse de d'informer le public sur le fait que c’est la même personne en montrant des blessures reconnaissables sur ses pieds, qu'il avait déjà et qui sont encore là maintenant.

Jon commet un meurtre et il est enfermé un an dans un établissement pénitentiaire. Là, il rencontre Iro (Agathe Bonitzer), une garde de prison qui devient vite sa petite amie. Du temps passe encore, et le triste destin du couple finit par les rattraper. Avant que cela n’arrive, cependant, Schanelec nous présente un autre "personnage" de l’histoire : la musique du titre, qui consiste principalement en une réunion de morceaux classiques et airs d'opéra de la période baroque et de musique indé contemporaine. Cela ajoute une nouvelle couleur au film et devient un langage que Jon utilise pour exprimer son monde intérieur. Cependant, on a du mal à déterminer ce que cela apporte à l’histoire elle-même, au-delà d’un certain pessimisme, qui était un des traits clefs du baroque, au-delà de son style... eh bien, baroque, tout simplement. Toutes les pièces du puzzle sont à l’écran, mais il faut beaucoup de concentration et de volonté pour les assembler, et la récompense semble lugubrement douteuse. Regarder Music fait l'effet d'être un invité dans le rêve de quelqu’un d’autre : la logique est là, mais elle est vraiment étrange et différente de ce qu'on connaît.

Ce que l’auteure de ces lignes trouve le plus attrayant dans ce film, c'est la méditation qu'il propose sur le destin. Contrairement à la version que donne Sophocle du mythe, ici, la tragédie n’est pas révélée à sa figure clef : il est victime de forces malveillantes et ne comprend pas pourquoi (du moins pas jusqu’à la scène mystérieuse au commissariat). Dans la culture d’aujourd’hui, ou le contrôle et l’influence (qu’ils soient réels ou illusoires) sont fétichisés, la vision d'Angela Schanelec est rafraîchissante, même si elle est toujours brumeuse d’une manière ou d’une autre.

Music a été produit par la société allemande Faktura Film en coproduction avec Les Films de l’Après-midi (France) et dart.film (Serbie). Les ventes internationales du film sont gérées par Shellac.

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(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 21/02/2023 : Berlinale 2023 - Music

23 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Angela Schanelec, Argyris Xafis, Aliocha Schneider, Agathe Bonitzer
© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

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