email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2023 Cineasti del presente

Critique : Touched

par 

- Claudia Rorarius explore la limite fine entre excitation et molestation dans un deuxième long-métrage charnel qui brise les tabous

Critique : Touched
Isold Halldórudóttir (à gauche) et Stavros Zafeiris dans Touched

Touched [+lire aussi :
interview : Claudia Rorarius
fiche film
]
, sans doute le titre le plus provocateur de la compétition Cineasti del presente du 76e Festival de Locarno, est une ode à la gentillesse et une dissection de la cruauté que l’amour interdit peut instiguer. Interdit à cause de la désapprobation du monde qui entoure les intéressés, mais aussi des difficultés qu’ils ont à s'imaginer dans une relation qui existe en dehors des normes sociales. Le gros plan que nous offre Claudia Rorarius sur les échanges intimes peu conventionnels des personnages, allié à une caméra ultrasensible maniée par plusieurs personnes de l’équipe, permet la création d'une œuvre cinématographique visuellement subversive qui reste imprimée dans l'esprit du spectateur longtemps après le générique de fin.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Maria (jouée par la mannequin grande taille islandaise Isold Halldórudóttir), aide-soignante, belle, obèse et solitaire, développe une affection pour un patient paralysé nommé Alex (Stavros Zafeiris), qui a récemment été victime d’un accident et peine à accepter la réalité implacable de son handicap soudain. Après qu’elle l'a sauvé d'une tentative de suicide dans la piscine du centre de rééducation où il est suivi, sa compassion et les soins qu’elle lui porte s'intensifient. Alors qu’elle essaie de stimuler ses membres inertes, son propre besoin de caresses se réveille et elle passe la ligne séparant ce qui est permis et ce qui ne l'est pas entre infirmière et patient. Bientôt, ils sont intimes au-delà des simples pensées et leur relation se développe au fil des hauts et des bas de sentiments tiraillés, entre la concupiscence et l’embarras, l’attirance et l’auto-apitoiement, un besoin d’amour authentique et une difficulté à accepter sa propre incompatibilité avec l’image physique imposée de la personne qui mérite l’amour. Inévitablement, des abus entrent en scène et les spectateurs se mettent à se demander ce qui est le plus rude : les agressions verbales sporadiques d’Alex et ses méchants commentaires sur la silhouette ronde de Maria ou le fait qu’elle lui inflige des séances érotiques sans considérer les désirs de l’objet de ses désirs à elle (une personne à peine mobile qui n’a nulle part où s'échapper). Le désir ardent de toucher et d’être touché est emporté dans une danse mortelle avec une brutalité bouillonnante, ce qui rend tout dénouement un tant soit peu heureux, même ambigu, tout à fait impossible.

Quoique Rorarius formule ici un commentaire qui pour être subtil n'en est pas moins très clair, le monde extérieur n’est pas directement dénoncé et personne n’est montré du doigt – à l'exception d'une collègue de Maria (Angeliki Papoulia, surtout connue pour son rôle dans Canine [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Yorgos Lanthimos
fiche film
]
) qui vient lui dire ce qu'elle pense du fait qu'elle dorme dans le lit d’Alex, personne d'autre n’a l'occasion d'exprimer ses pensées sur leur relation, puisqu’elle reste secrète. Ainsi, les démons qui émergent à la surface ne sont que le fruit de leur propre image distordue de leur corps, une idée puissante, soutenue par la corporéité sensuelle de l'image. La lenteur de l’action et la minutie avec laquelle la caméra rampe et étudie chaque pli du corps et chaque goutte d'eau sur la peau est séduisant et assez passionnant –contrairement à l’étude clinique stérile de corps atypiques qu'on avait dans Touch Me Not [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Adina Pintilie
fiche film
]
, par exemple, pour citer un autre film examinant la sexualité de gens qui ne correspondent pas aux idéaux physiques. En terme de dramaturgie, le récit, initialement intrigant, a du mal à conserver notre attention vers la fin, quand le rythme entre en agonie, tressautant tandis qu'on parcourt en boucle des épisodes répétitifs et étirant trop longtemps le dénouement attendu. Cependant, la sensualité de ce qui se produit à l’écran est si puissante qu'on ne peut pas le quitter des yeux, captivé comme on l'est par un sentiment qui réunit l'avidité du voyeur et une authentique compassion.

Touched a été produit par les sociétés allemandes 2Pilots Filmproduction et Soquiet Filmproduktion

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy