email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Espagne

Critique : La paradoja de Antares

par 

- Avec des moyens limités mais de l'inventivité à revendre, Luis Tinoco compose un premier long-métrage très convaincant qui se passe entièrement entre les quatre murs d'un observatoire SETI

Critique : La paradoja de Antares
Andrea Trepat dans La paradoja de Antares

Vous êtes assis entre quatre murs, toujours les mêmes, depuis des années, à étudier de mystérieux signaux qui pourraient révéler la présence d'extraterrestres, quelque part dans l’espace. Dans cette existence à la En attendant Godot, vous vous dévouez pleinement à vos recherches tout en étant très conscient qu’il se pourrait que tout ceci soit une perte de temps. Un jour, cependant, Godot fait irruption à l'improviste : un des signaux à l'air authentique. Votre nom pourrait bien être cité pour toujours dans les livres d'Histoire, mais pour cela, vous êtes obligé(e) de rester dans cette pièce, de faire toutes les vérifications nécessaires et de vous assurer que votre découverte n’est pas qu’une énième "fausse alerte". Sauf que votre père (Jaume de Sans) agonise sur son lit de mort et qu'en restant à l'observatoire quelques heures de plus, vous risquez de perdre votre dernière chance de lui dire adieu.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Voici la prémisse captivante de l’histoire d'Alexandra Baeza (jouée par la talentueuse Andrea Trepat), l'héroïne du film de science-fiction La paradoja de Antares [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Luis Tinoco. Ce premier long-métrage a été présenté dans la section Moonwalker Features du Nòt Film Fest de Santarcangelo di Romagna, où il a gagné les prix du meilleur film et de la meilleure interprétation (grâce au travail de Trepat).

On voit d'abord Baeza, chercheuse employée par la branche espagnole, très négligée, du programme SETI, participer à une interview en ligne, quelques heures avant le début de son tour de garde. L’interview, dont des extraits sont montrés tout au long du film, permet de clarifier la nature de son travail ainsi que les principaux thèmes du film. Ce type de communication par écran interposé est un choix simple et efficace qui permet au spectateur de s'accoutumer à une grande partie des interactions d'Alexandra avec le monde extérieur. Coincée dans l’observatoire, elle envoie en effet des textos, téléphone et passe des appels vidéo, cherchant désespérément de l'aide ou à tout le moins la compréhension des autres, mais ceci ne fait qu'intensifier son sentiment de solitude. Le film formule aussi une critique subtile, mais efficace, de l’oppression des femmes sur le lieu de travail, car il est assez clair que certains des collègues d'Alexandra ne la prennent pas très au sérieux et ne la traitent pas très gentiment.

Comme le rythme du récit s'accélère dans le dernier tiers du film, on peut avoir l'impression que l'intrigue est bouclée un peu hâtivement. Le dilemme de la chercheuse (poursuivre ses recherches, et accessoirement prouver à tout le monde qu'ils avaient tort, ou rester avec ses proches) l'amène dans une spirale incontrôlable qui prend un tour aussi imprévisible qu'extrême.

Dans l’ensemble, ce premier film de Tinoco est un récit intéressant qui parvient (avec des moyens limités, mais un scénario assez bien écrit) à tenir le spectateur en haleine. Par ailleurs, le réalisateur a un sens du détail impeccable. On note en particulier l'élégante bande originale composée par Arnau Bataller, le travail soigneux de Trepat pour bien incarner l’astrophysicienne (constamment tendue entre son obsession, son sens du devoir et son envie de donner la priorité à sa famille, pour une fois), ainsi que plusieurs choix de décor. Par exemple, les post-it et les nombreux objets posés sur le bureau de l'héroïne sont très crédibles et donnent un côté habité depuis longtemps à la pièce, suggérant par ailleurs que rien a été laissé au hasard et qu'un gros travail de recherche a été fait avant d’allumer les caméras.

La paradoja de Antares a été produit par la société espagnole Onirikal Studio. Le film sera distribué par Selected Films.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy