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SUNDANCE 2024 Compétition World Cinema Documentary

Critique : A New Kind of Wilderness

par 

- Le documentaire de Silje Evensmo Jacobsen suit une famille qui a abandonné la course au statut social et au profit pour une vie durable en pleine nature, mais se voit entravée par une tragédie

Critique : A New Kind of Wilderness

Le deuxième long-métrage documentaire de la Norvégienne Silje Evensmo Jacobsen, A New Kind of Wilderness, qui vient de faire sa première mondiale à Sundance, s'intéresse à une famille qui a choisi de quitter la vie urbaine, rapide et moderne pour s'installer dans une ferme en pleine forêt. Ce n’est pas la première histoire de ce type que relate le cinéma documentaire récent, loin de là, car les gens reconnaissent de plus en plus l'effet destructeur de la course au profit et au statut social, mais le film pose néanmoins un regard légèrement différent sur cette tendance sociétale.

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Jacobsen plonge d'abord sans préambule dans l’histoire, puis se met à la teinter des notes d’espoir qui ressortent de l’amour et des liens étroits qui unissent indéniablement cette famille. On entend au tout début, en voix off, la photographe Maria, mère d'une adolescente, Ronja, née d'un autre père, et des enfants qu'elle a eus avec l'Anglais Nik : Ulv, Falk et Freja. Ces trois minutes seront le seul temps dédié, sur tout le film, à expliquer leur désir de vivre de manière autonome et durable, en cultivant leur propre nourriture et en faisant eux-même classe aux enfants. Immédiatement après, une série de photos défilent où on la voit sous perfusion, en train de se faire raser la tête par ses enfants.

Après sa mort, la famille accuse le coup, et puis Nik se rend compte que sans le revenu de Maria, ils vont être forcés de vendre la ferme et de retourner en ville. Avant qu'ils ne le fassent, la réalisatrice nous donne à voir leur vie idyllique parmi les moutons, les chèvres, les poules et les canards, et les mains terreuses des enfants qui cueillent des carottes, le tout toujours filmé dans des couleurs vives, bien nettes, tandis que le soleil brille à travers la luxuriante verdure environnante, en écran large. À travers la musique orchestrale composée par Olav Øyehaug, une bande originale omniprésente qui s’appuie fortement sur les cordes, le carillon et la guitare acoustique, la réalisatrice (et les monteurs Kristian Tveit et Christoffer Heie) impose directement au spectateur l'humeur voulue, de l'émotion à l'élan inspiré en passant par la mélancolie légère et même le franc sentimentalisme.

Les auteurs auraient peut-être mieux fait d'insister un peu moins sur cette approche un tantinet trop lourde. Les personnages sont globalement bien développés, leurs émotions et leurs pensées se dégagent clairement des brèves interviews hors-champ et des images tournées par la réalisatrice, Karine Fosser et Line K. Lyngstadaas. Avec une sensibilité très clairement définie, elles arrivent à cueillir les changements révélateurs à même les visages des personnages, ce qui aide aussi à discerner les différents aspects de leur situation, en cours d’évolution. Comme méthode pour mettre en évidence les conséquences du deuil sur cette famille, la réapparition occasionnelle de Maria à travers des vidéos de famille a encore plus d'impact et elle est certainement plus contemplative.

Après la mort de Maria, Ronja a décidé d’aller vivre avec son père, et se sent un peu coupable de ne pas assez entrer en contact avec la soeur dont elle est la plus proche, Freja. Un entretien qu'elle a chez le psy, un passage bref mais qui jure pas mal avec le reste du film, arrache d'un coup le spectateur au cadre idyllique pour le propulser dans un enchevêtrement d'émotions complexes. Pendant ce temps là, bien qu'il essaie de tenir le coup pour ses enfants, Nik est pétri de doutes et envisage de retourner en Angleterre avec sa famille, où son frère a une ferme et pourrait bénéficier de leur soutien. Freja est celle qui accepte le mieux et s’adapte le plus rapidement au retour à la civilisation. Au fil de tout cela, chaque membre de la famille grandit, et le parcours de chacun est développé avec une grande finesse psychologique, ce qui fait une raison de plus pour regretter que les auteurs n'aient pas tempéré davantage la quantité et l'intensité de la bande originale.

A New Kind of Wilderness a été produit par la société norvégienne A5. Les ventes internationales du film sont assurées par DR Sales.

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(Traduit de l'anglais)

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