email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2024 Compétition

Critique : Dahomey

par 

- BERLINALE 2024 : Le documentaire de Mati Diop, qui suit le retour dans leur pays d'origine d'oeuvres d'art pillées à l'époque coloniale, est un vrai petit joyau

Critique : Dahomey

Des tours Eiffel scintillent, leurs couleurs vives éclairant la nuit. Il y en a beaucoup, elles sont petites, posées par terre en attendant d'être vendues sur un pont de Paris. Ce sont des objets, mais la tour est aussi un symbole de la capitale française. C'est cette image qui ouvre Dahomey [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Mati Diop, un documentaire simple et intelligent, perspicace et bien concentré sur son sujet qui a été projeté en compétition à la 74e Berlinale.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Les tours Eiffel vont rester tranquilles et mutiques, du moins jusqu’à ce qu’un touriste n'en achète, mais 26 sculptures et œuvres d’art sont sur le point d’entamer un très long voyage, et l’une d’elle, une statue du roi Ghézo, va même retrouver la parole. Où se rend ce monarque de métal et de bois ? Cent trente années avoir été arraché au royaume de Dahomey (actuel Bénin), aujourd'hui disparu, par le colonisateur français, il rentre enfin chez lui. Il se présente simplement comme la pièce "numéro 26" et parle d'une voix lente et mystérieuse de sa captivité, dans l’obscurité d'un musée, etc. Sa véritable identité est révélée plus tard par un curateur de musée béninois.

La caméra de Diop suit le parcours du monarque et sa cour de la France au Bénin, où ils sont accueillis à leur arrivée à leur arrivée comme une famille royale bien vivante. Il y a des gens qui chantent et dansent joyeusement, des délégations d'officiels sont venues les recevoir. Avant d’être déballées et présentées au public, les 26 oeuvres d'art attendent dans leurs boîtes, posées dans un palais présidentiel. Prenez ça, tours Eiffel de trottoir.

Non seulement les sculptures ont ici la parole, mais à un moment, sur les 67 minutes que dure le film, l'attention se déplace du musée vers une conférence où des Béninois discutent et se disputent sur le retour de leur trésor national. Diop présente des myriades d’opinions différentes et de points de vue ambigus : certains sont ravis que les objets soient de retour, d’autres veulent les récupérer, puisqu'ils ont été volés, d’autres encore scrutent l’identité nationale béninoise et la manière dont elle a été affectée par le colonialisme. Un homme dit que quand il était petit, il regardait des dessins animés américains et n’avait aucun accès aux légendes et histoires locales, de sorte qu'il ignorait qu'il en existait.

En donnant la parole à la statue du roi Ghézo et en ajoutant quelques plans légèrement irréels sur des plantes ou sur l’océan Atlantique, Dahomey essaie de combler ce vide, de faire office de conte de fées rarement ou peut-être jamais raconté avant. Le film de Diop est un délicieux exercice de mariage entre réel et inventivité, doublé d'une oeuvre importante en ce qu'elle montre combien le passé colonial continue d'influer sur le présent, et combien cet héritage est compliqué et se joue à plusieurs niveaux. Le film s’achève sur l’image d'une rue béninoise la nuit, baignée dans la lumière colorée des néons. Il ne semble pas possible que ces couleurs viennent d'une tour européenne, mais peut-être que si ? Après tout, les sculptures ne peuvent pas parler, et pourtant...

Dahomey est une coproduction qui a réuni les efforts de la France, du Sénégal et du Bénin, à travers les sociétés Les Films du Bal et Fanta Sy. Les ventes internationales du film sont assurées par Les Films du Losange.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy