email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SÉRIES MANIA 2024

Critique série : 8 Months

par 

- Le thriller suédois créé par Jens Jonsson, Henrik Thörnebäck et Jörgen Bergmark réveille les fans de Borgen

Critique série : 8 Months
Josefin Neldén et Anna Sise dans 8 Months

Une journaliste en combat permanent avec sa rédaction, un remaniement ministériel empreint de mystère, une invitation à travailler dans les coulisses du gouvernement… Ça vous paraît familier ? Si vous pensez à Borgen, tant mieux. Présentée dans la section International Panorama de Séries Mania, la série de 6 épisodes 8 Months, créé par Jens Jonsson, Henrik Thörnebäck et Jörgen Bergmark et réalisé par Jens Jonsson et Johan Lundin, a de jolies singularités, mais semble clairement moulée pour ressembler à la série danoise devenue culte, et reproduire son succès international.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Parfois, il faut savoir partir. Après avoir révélé un scandale ayant fait tomber le ministre des affaires étrangères, la journaliste Nina Wedén (Josefin Neldén) reçoit les éloges de sa rédaction, mais toujours pas de promotion. Coup de bol, on lui propose justement de devenir l’attachée de presse du nouveau ministre Jacob Weiss (August Wittgenstein). Ce jeune eurocrate charismatique, identifié comme le remplaçant idéal grâce à "son côté George Clooney", séduit avec sa rhétorique ni à gauche, ni à droite, et devient rapidement le politicien préféré des Suédois. Quelque chose coince pourtant dans son histoire. Plus précisément un trou inexplicable de huit mois dans son CV, relevé par la consultante politique Maxie Boije (Anna Sise). Suite au décès d’un informateur, Maxie panique. Et quand un rapport de la CIA suspecte un réseau d’espions russes de vouloir en finir avec la démocratie en Suède, Nina se retrouve tiraillée entre son esprit critique et un instinct fantasque. Et si son nouveau boss était un agent du chaos œuvrant pour un gigantesque complot ?

Avec ses airs familiers dans une arène politique aux codes devenus identifiables, sa mise en scène assez classique et son montage sonore dynamisé par le bruit stressant des aiguilles d’une montre, 8 Months vise l’efficacité plutôt que l’originalité. Et ça marche ! À l’instar de la série belge Pandore, souvent annoncée comme la nouvelle Borgen lors de sa sortie en 2021, et devenue la production belge francophone la plus vendue à l’étranger, 8 Months suit une formule éprouvée tout en ayant des choses à raconter.

Plutôt que de s’interroger sur la force de corruption du pouvoir, un thème éculé par les séries politiques (House of Cards, Sous contrôle), 8 Months embrasse son intrigue aux parfums complotistes et romanesques. Mieux, en s’appuyant sur les secousses idéologiques et les conflits politiques actuels, elle ancre son mystère dans le présent. En particulier à travers le personnage trouble du ministre Jacob Weiss. Sa jeunesse tout blonde et son dépassement de la dynamique partisane n’évoquent-t-ils pas le centrisme plein de niaque d’Emmanuel Macron ? Son recrutement via un cabinet de consultance privé ne souligne-t-il pas la tendance d’alignement des gouvernements occidentaux sur le marché ? Quid du gouvernement ? Semble-t-il encore légitime quand l’intransigeante première ministre (Sissela Kyle, l’atout pince-sans-rire de la série) siffle à son cabinet qu’elle n’en a rien à foutre des classes moyennes ? Les temps ont bien changé, et pourtant la guerre froide pointe le bout de son nez.

Cette tension entre la nouveauté et la répétition trouve un bel écho dans la vie familiale des deux héroïnes, chacune à travers le prisme d’un lien mère-fille. Nina ne cesse de se prendre le bec avec sa mère, également journaliste mais enfermée dans une logique de polarisation Est-Ouest un peu dépassée. Maxie est une pro du contrôle et de l’alerte, mais oublie de joindre le geste à la parole quand sa fille adolescente se plaint du harcèlement qu’elle subit à l’école. Après seulement deux épisodes, ces relations semblent déjà nous indiquer la voie à suivre pour les personnages. Un réveil moral et citoyen pour Maxie, et un glissement paranoïaque mais potentiellement salvateur pour Nina. Entre les ficelles un peu prévisibles d’une part, et le plaisir de voir une énormité se déplier de l’autre, céderez-vous à la panique ?

8 Months est produit par Anagram Sweden AB et Beside Productions et diffusé par TV4/C More.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy