22/03/2024 - Dans son premier long-métrage à la réalisation, la comédienne française Camille Japy traite du deuil en partant du registre comédie sombre pour évoluer ensuite vers le drame familial

Ariane Ascaride (de dos) et Bérénice Bejo dans Sous le tapis

Odile se prépare à fêter son anniversaire. Alors qu'elle attend l'arrivée de ses enfants et petits-enfants, son mari Jean meurt soudainement, sans signe avant-coureur. Incapable de regarder la réalité de la situation en face, elle décide de le cacher sous le lit. Quiconque s'attendrait, après avoir lu ce synopsis, à une comédie sombre du type Week-end chez Bernie, devra se détromper, car à partir de cette prémisse bel et bien grotesque, Sous le tapis, le premier long-métrage comme scénariste et réalisatrice de l'actrice française Camille Japy, en lice dans la section Panorama international du Bif&st de Bari, se développe pour devenir un touchant drame familial. Et on va découvrir que beaucoup d'autres choses ont été glissées sous le tapis du titre.

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Ariane Ascaride incarne Odile avec beaucoup d'intensité. Au moment où cette dernière s'apprête à enfourner le plat principal de son déjeuner d'anniversaire, son mari Jean (Bernard Alane) se sent mal, d'un coup, et meurt sur le champ. Odile, sous le choc, entend du premier étage de sa belle maison de campagne que ses enfants, leurs partenaires et leur progéniture commencent à arriver. Sa fille Sylvie (Bérénice Bejo) est accompagnée de ses deux enfants, de son compagnon Mathieu (Stéphane Brel) et de la fille de ce dernier. Peu après, c'est au tour du fils, Lucas (Thomas Scimeca), de faire son entrée avec sa petite amie Clara (Marilou Aussilloux). Odile n'a pas le courage de leur révéler ce qui s'est passé, ou plutôt elle n'arrive pas à accepter la situation, de sorte qu'après avoir caché le corps de son époux sous le lit, elle décide de faire semblant de s'être disputée avec lui peu avant, si bien que Jean a décidé de s'en aller : il faudra donc célébrer cet anniversaire sans lui.

Tout le monde est déconcerté, particulièrement Sylvie, qui tenait beaucoup à présenter son nouveau compagnon à son père. Évidemment, le subterfuge ne va pas tenir longtemps et une fois découverte la vérité, chacun va gérer ce deuil impromptu à sa manière. Odile, à la fois fragile et drôle, est complètement dans le déni. Sylvie, qui est la fille responsable, un peu rigide, prend en main le côté administratif des choses. Lucas le hipster accueille la situation avec philosophie, soutenu par sa lumineuse compagne, très instinctive. Les petits-enfants transforment tout en un jeu. Au beau milieu de tout cela, la "pièce rapportée" de Sylvie, Mathieu, un cycliste professionnel obsédé par les courses, égoïste et un peu ridicule, est le seul qui détonne, et provoque par sa présence embarrassante quelques rires à ses dépens.

C'est en effet sur la ligne d'équilibre entre drame et comédie que le film évolue, un équilibre délicat qui témoigne de l'excellent sens du dosage de Japy pour livrer ce portrait d'une famille qui est au fond comme tant d'autres, où chacun a son rôle, bien établi, et sa part d'affection et d'estime. Le personnage de Bejo est poignant : c'est la fille qui cherche toujours à bien faire et qui malgré cela, se sent mal aimée car aux yeux de sa mère, Lucas, plus excentrique, lui fait de l'ombre. Sauf que sous le tapis, au-delà du corps de Jean, un autre secret se cache qui va projeter une lumière différente sur certaines dynamiques et réactions et rebattre les cartes et les rôles, un peu comme sur une photo de famille où d'un clic à l'autre, les présents changeraient de place. C'est un film sur le deuil qui se transforme en opportunité de guérison pour ceux qui restent.

Sous le tapis a été produit par Mandarin & Compagnie avec Paname Distribution (qui en est aussi le distributeur français et l'a lancé dans les salles nationales le 7 juillet dernier) et Lamarr. Les ventes internationales du film ont été confiées à Totem Films.

(Traduit de l'italien)