21/05/2005 - Pour la première fois de sa longue carrière cannoise, le réalisateur autrichien Michael Haneke n’a pas déclenché de réactions extrêmes à l’issue de la projection ce matin en compétition officielle de Caché

Pour la première fois de sa longue carrière cannoise, le réalisateur autrichien Michael Haneke n’a pas déclenché de réactions extrêmes à l’issue de la projection ce matin en compétition officielle de Caché avec son duo de stars françaises: Daniel Auteuil - Juliette Binoche. Bien accueilli par la presse sans cependant susciter un enthousiasme démesuré, le 9e long du cinéaste a donné du grain à moudre aux critiques grâce à un scénario habile qui maintient jusqu’au bout le spectateur dans l’incertitude des tenants et des aboutissants du récit.

Reposant entièrement sur les épaules d’un impeccable Daniel Auteuil, Caché [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Margaret Menegoz
interview : Michael Haneke
fiche film] traite une culpabilité à double niveau, celle d’un individu menacé plus de 40 ans après par une jalousie d’enfant qui lui a fait écarter de la famille un frère adopté et celle d’une société hexagonale confronté aux retour à la surface des événements de l’automne 1961 où plus de 200 hommes et femmes originaires d’Afrique du Nord furent tués, noyés dans la Seine à Paris par la police, sur ordre du tristement célèbre Maurice Papon. Ce rejet de l’étranger qui revient se venger par la peur en mettant le journaliste littéraire Georges sous surveillance vidéo, Michael Haneke le transforme en une enquête quasi policière mêlée à un drame psychologique familial où règnent les non-dits. Filmé dans un tempo très fluide et prenant tout son temps, sans aucun gros plan et dans des cadres laissant une grande liberté de mouvement aux acteurs (aucun contrechamp), Caché se présente comme une œuvre à tiroirs, ouvrant la possibilité de multiples interprétations sur l’exacte nature des secrets qui vont conduire à un suicide (unique moment de violence soudaine du film) exécutée à dessein sous les yeux de Georges afin de lui faire peser le maximum de culpabilité. Les lourds secrets du passé qui reviennent envahir le présent contaminent déjà les générations futures par le biais des enfants qui ne sont pas dupes des mensonges de leurs aînés.

Quatrième long de Michael Haneke en compétition à Cannes, Caché a bénéficié d’un budget de 8,5 millions d’euros, englobant une coproduction d’Arte à hauteur de 500 000 euros, 350 000 euros d’Avance sur recettes du CNC, 500 000 euros de France 3 Cinéma, 600 000 euros d’Eurimages et plus de 320 000 euros du Programme Media de l’UE. Produit par quatre pays européens, il a été lancé par les Français des Films du Losange (41 %) avec les Autrichiens de Wega Film (39 %), les Allemands Bavaria Film (10 %) et les Italiens de BIM Distribuzione (10 %). Distributeur en France, Les Films du Losange assurent aussi les ventes internationales.