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Radim Spacek • Réalisateur

“Nous voulions juste faire un film très sombre”

par 

- Rencontre avec un réalisateur tchèque de 36 ans issu de la célèbre école de cinéma de la FAMU et de retour au cinéma après onze années dédiées à la télévision et au documentaire

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interview : Radim Spacek
fiche film
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dont l'action se déroule en Tchécoslovaquie en 1982, pose un regard dépourvu de tout sentimentalisme sur la corruption morale d'un homme dans le contexte du malaise général causé par la normalisation communiste. Le film est interprété par des acteurs peu connus à partir d'un scénario sans compromis qui est le premier d'Ondřej Štindl.

Cineuropa : Quand avez-vous rejoint le projet Walking Too Fast?
Radim Špaček : Quand je suis arrivé, le scénario était entièrement achevé. Ondrej avait commencé de l'écrire en 2001. Des amis et lui avaient vu Casino de Martin Scorcese et, devant un verre au pub, ils se sont demandés s'il serait possible d'imaginer un tel thriller dans la Tchécoslovaquie des années 1980. Trois ans après, [le producteur] Vratislav Šlajer m'a proposé de réaliser le film.

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Vous avez volontairement évité de choisir des stars tchèques. Pourquoi ?
D'abord, j'ai toujours essayé de travailler avec des acteurs non-professionnels ou peu connus parce que pour moi un film est plus convaincant s'il n'est pas parasité par le star system. Je sais qu'un bon film requiert de bons acteurs, mais j'en avais néanmoins assez de voir les douze mêmes visages dans tous les films tchèques. Ensuite, je suis aussi acteur et j'ai étudié ce métier donc je sais qu'il y a de bons acteurs ici auxquels on n'a pas donné leur chance.

Walking Too Fast ne ressemble pas aux autres films tchèques en ce qu'il n'appartient pas au registre de la comédie romantique ou sombre, ou autre genre hybride.
Oui, c'est un vrai thriller. Nous avons bien insisté parce que c'est la maladie du cinéma tchèque de toujours faire des comédies avec autrechose, des mélanges. Nous voulions tout simplement faire un film très sombre.

Que signifie le titre ?
Le titre tchèque est Pouta, ce qui signifie menottes. C'est aussi un jeu de mots parce que cela renvoie aux relations, aux liens, aux attaches. Cependant, comme il y a déjà des milliers de titres étrangers qui contiennent cette idée, à l'international nous avons choisi Walking Too Fast. C'est un ami d' Ondřej qui en a eu l'idée, cela décrit la manière dont Antonín [le personnage principal] voit sa vie.

L'obsession d'Antonín pour Klara finit par le rendre presque fou. Pourquoi est-il aussi déséquilibré ?
C'est juste un type malheureux et plein de tensions qui n'a pas d'autre moyen d'exprimer sa colère et de défouler son énergie. Les circonstances dans lesquelles il vit, serré dans son petit appartement avec sa femme, et la période communiste ont légèrement déformé son caractère et c'est ainsi qu'il est devenu comme il est. Parce qu'il ne peut pas avoir ce qu'il veut.

Walking Too Fast ne contient pas de message politique, mais ne dénonce-t-il pas malgré tout le système communiste ?
Je crois qu'il serait possible de raconter la même histoire dans un contexte contemporain, mais celui de l'époque que nous avons choisi a vraiment avantagé les gens comme Antonín. L'époque lui permet de manipuler son entourage et de faire ce que bon lui semble. Aujourd'hui, ce serait possible, mais peut-être un peu moins facile.

Pourquoi le film laisse-t-il le public dans l'ombre quant à la date et au lieu précis de l'action ?
Le scénario annonçait qu'il s'agit de la Tchécoslovaquie en 1982, mais après je me suis dit que ce serait mieux de ne pas l'indiquer dans le film parce que le public perçoit bien où et quand l'histoire se passe.

Au-delà des costumes et accessoires, vous n'offrez au spectateur aucun repère visuel, comme le château de Prague ou autre.
Nous avons discuté pour savoir si le film devait se passer à Prague ou pas et avons décidé que c'était encore mieux de contourner la question. Le film ne dit pas exactement qu'on est en 1982 et qu'il s'agit de Prague ; il parle d'une ville tchécoslovaque anonyme, qui pourrait être Prague mais contient des morceaux d'Ostrava et Bratislava, entres autres.

Avez-vous volontairement utilisé les mouvements de la caméra pour créer une atmosphère de malaise ?
Jaromír [Kačer, le directeur de la photographie] et moi avons discuté des manières d'imiter l'impression qu'on est toujours suivi et observé. Nous avons choisi de tout filmer en longue focale et de beaucoup travailler sur la focalisation pour reproduire ce que la police faisait à l'époque. Pour ce qui est des mouvements de caméra à proprement parler, c'est Jaromír qui en a eu l'idée pendant le tournage.

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