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Nacho Vigalondo • Réalisateur

“Plus que des louanges, je préfère que mes films suscitent des débats”

par 

- Après Timecrimes, l'Espagnol contre-attaque avec Extraterrestre, une comédie romantique sur fond de soucoupe volante , un film à petit budget riche en humour et Prix Cineuropa.

Cineuropa : D'où est venue l'idée d'Extraterrestre [+lire aussi :
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: de la série V, d'Hitchcock, de Woody Allen, d'Independence Day...?

Nacho Vigalondo : Je ne renie aucune de ces influences, et si tous ces éléments convergent, c'est précisément cela qui m'intéresse : cette collision entre des genres, des tendances et des auteurs qui n'ont apparemment rien à voir entre eux. J'aime à penser que si Woody Allen faisait un film d'extraterrestres, il se retrouverait avec quelque chose de similaire. Il y a quelques temps, j'ai écrit une scène (que je n'ai finalement pas tournée) où les personnages, Julia et Julio, se rencontrent ivres et tombent amoureux si soudainement et si sauvagement qu'ils se fichent des lumières étranges dans le ciel. Voilà l'étincelle à partir de laquelle le reste du scénario a pris vie.

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Avec si peu de décors et d'acteurs, le film n'a pas dû coûter trop cher ?
Non, il a coûté moins d'un million d'euros. Dès le stade de l'écriture, je savais qu'il faudrait qu'il soit petit et agile, pas en termes de résultat mais de démarche. Tout ce qui se passe dans et autour de cet appartement a été tourné en trois semaines, plus quelques week-ends.

Vous êtes donc un spécialiste du cinéma "low-cost". Ça tombe bien en ce moment...
Oui, les temps sont aux petits budgets et en tant que produit de mon temps, je reste cohérent par rapport à ce qui se passe. J'ai la chance de me sentir à l'aise dans des limites d'espace et de temps étroites. J'aime les histoires confinées, j'aime promettre au spectateur qu'il n'y aura pas de personnages en plus, qu'on ne sortira pas d'un lieu ou qu'on verra tout en temps réel. Ce genre de prémisse libère une énergie qui m'a toujours plu, en tant que spectateur.

Dans vos courts comme dans vos longs métrages, vous parlez des bêtises qu'on en vient à faire par amour : c'est un filon inépuisable...
L'amour est un sujet qui touche à la plus grande intimité de chacun et en même temps, c'est quelque chose d'universel que tout le monde comprend. C'est pour cela que l'amour m'intéresse comme thème et comme instrument. Dans mon film, je ne sais pas dans quelle mesure le mensonge est un outil et l'amour le thème de fond, ou l'inverse.

Extraterrestre a notamment été projeté à Toronto et San Sebastián. Votre humour est-il compris partout ?
Les différences ne font pas surface d'un pays à l'autre, mais d'une séance à l'autre. Il y a toute une science pour déterminer pourquoi à telle ou telle projection, les gens rient à un endroit ou l'autre. Le public de Toronto s'est avéré plus explosif que celui de Donostia. Quoiqu'il en soit, quand j'écris, je ne tiens pas compte de mes affinités avec le public de manière à ne pas me limiter à l'Espagne. J'ai essayé de créer un humour de situation qui vient des interactions entre les personnages.

Votre humour impose une certaine dose d'ironie. N'est-ce pas risqué ?
Je préfère pratiquer un humour qu'une seule personne sur deux comprendra, mais dont elle se délectera doublement. Pour moi, la seule manière de plaire à tout le monde est de n'être mémorable pour personne. En ce sens, cela vaut la peine de bien s'occuper d'un spectateur, quitte à en sacrifier un autre. Là est l'aventure, là est le jeu. Plus que de simples louanges, je préfère que mes films suscitent des débats : il est bien plus délicieux que de voir une personne parler de votre film d'en voir deux s'écharper à son sujet.

Vous concevez vos films comme des produits mondiaux promus sur Internet. Le cinéma espagnol n'est-il pas un peu en retard en la matière ?
Je ne cherche pas à justifier le fait que les gens accèdent illégalement aux contenus, mais il faut s'adapter à la demande et les proposer aussi rapidement que possible. C'est la manière la plus intelligente de procéder. J'utilise pour la promotion de mes films les outils dont je dispose : par exemple, pour Timecrimes [+lire aussi :
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, nous avons créé un jeu vidéo car nous n'avions pas accès à d'autres campagnes plus coûteuses, notamment à la télévision. Dans le cas d'Extraterrestre, nous allons organiser un concours d'OVNI ouvert aux effets spéciaux d'avant-garde comme aux soucoupes bricolées. Tous les vaisseaux seront les bienvenus, y compris les vraies soucoupes volantes (rires).

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