19/02/2014 - Daphné Kapfer, managing director de Europa International fait le point sur l’action conjointe des vendeurs de films

En fin d’European Film Market, Cineuropa s’est entretenu avec Daphné Kapfer, managing director de Europa International pour faire le point sur l’action conjointe des vendeurs de films.

Cineuropa : Comment est né Europa International ?
Daphné Kapfer : L’association a été créée à Berlin en 2011 par ses trois membres fondateurs : The Match Factory, TrustNordisk et Doc & Film International. La motivation première était de représenter les vendeurs, seul secteur qui n’avait pas encore son lobby comparable à Europa Cinemas (exploitants), Europa Distribution (distributeurs), European Producers Club (producteurs), etc. Il était important de faire entendre la voix des vendeurs durant la phase préparatoire de Creative Europe.

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Michael Weber (The Match Factory) a été le président de Europa International pendant les trois premières années, et depuis 2014, c’est Susan Wendt (TrustNordisk) qui a repris la présidence de l’organisation.  Films Distribution, Fortissimo Films, Films Boutique, Doc & Film International, EastWest Filmdistribution et New Europe Film Sales sont également au conseil d’administration de Europa International. Aujourd’hui, Europa International compte 35 membres.

Quel a été votre impact sur la Commission Européenne et son programme MEDIA ?
Nous avons d’abord réussi à établir un dialogue qui n’existait pas auparavant. Ensuite nous avons obtenu l’augmentation et l’amélioration du soutien aux agents de vente (de 1,5 à 2,7 millions d’euros par an). Nous avons obtenus une baisse des critères d’éligibilité du soutien pour qu’il puisse également bénéficier aux petites sociétés (line up de 3 films au lieu de 4 auparavant), prise en compte du risque supplémentaire lié à l’engagement d’un vendeur sur scénario (coûts éligibles de 60% au lieu de 50%).

Quel est le processus de fonctionnement de l’organisation ?
Il s’agit avant tout de définir des stratégies communes entre membres. Jusqu’à présent, chaque décision a été prise à l’unanimité à la suite d’un vote que nous organisons. Nous nous réunissons deux fois par an en assemblée générale, avant l’ouverture des marchés de Berlin et de Cannes. Depuis 2 ans, nous organisons également une conférence annuelle qui a lieu en même temps que la conférence de Europa Cinemas. Cette conférence est subventionnée par le programme MEDIA dans le cadre du projet Distribution 2.0 de The Match Factory, projet coordonné par Jenny Walendy, qui a pour but de réfléchir aux stratégies liées aux nouveaux moyens de distribution des films. Enfin, nous travaillons avec les membres sur les chiffres liés à la vente internationale, que nous allons compiler sous la forme d’une étude, afin de montrer le rôle du vendeur dans le financement et la rentabilité des films. Cette étude aurait été impossible sans la relation de confiance qui s’est établie entre l’association et ses membres.

Est ce que l’une de ces stratégies consiste à se rapprocher des salles et de l’exploitation ?
Oui et c’est d’ailleurs très clair du côté de la Commission Européenne qui cherche à ouvrir le dialogue entre d’un côté les festivals où le film et son marketing sont lancés, et d’un autre la salle et les plateformes VOD où le film est exploité. Le rôle du vendeur est important à ce niveau. Des stratégies internationales sont possibles qui vont au delà des distributions nationales organisées indépendamment les unes des autres. Notre dialogue avec la Commission Européenne continue sur la distribution sélective par exemple. Aujourd’hui, c’est le vendeur qui est en charge du grouping des distributeurs et il n’est pas rémunéré pour cela, la subvention allant directement aux distributeurs alors que certains vendeurs font tout un travail stratégique avec leurs distributeurs sur des actions transeuropéennes conjointes et coordonnées (affiches, bande-annonce, campagne média, visibilité sur les réseaux sociaux, etc.).

Les vendeurs se sont aussi investis dans des projets sur la circulation des films, comme Eye On Films (Wide Management), les actions préparatoires day-and-date comme IFFR Live! (TrustNordisk, Fortissimo Films, Doc and Film International) ou le projet EuroVOD (Memento Films International, The Match Factory…). Il nous semble important que ce travail soit reconnu et soutenu par la Commission Européenne et le programme MEDIA.