27/06/2016 - Rencontre avec Marie Barraco, délégué générale de Série Series, événement dédié exclusivement aux séries européennes et à leurs créateurs

Dédié aux séries européennes et créé à Fontainebleau en 2012, Série Series estun forum de réflexion consacré à la création et un rendez-vous incontournable pour ceux qui conçoivent les séries : scénaristes, réalisateurs, compositeurs, producteurs et diffuseurs. Rencontre avec Marie Barraco, délégué généralede l'événement dont la 5^e édition se déroulera du 29 juin au 1er juillet 2016.

Cineuropa : Quelles sont les tendances de la production que va mettre en lumière cette 5^e édition de Série Series ?
Marie Barraco : Un fil rouge s'est dégagé au cours de processus de sélection : la responsabilité et le lien entre séries et société, la manière réaliste dont les séries européennes s'imprègnent du monde dans lequel nous vivons. Ainsi, la série suédoise The Bonus Family parle des familles recomposées, la finlandaise Downshifters du déclassement social, l'allemande Tomorrow I Quit voit un imprimeur acculé par la crise se mettre à fabriquer des faux billets. Cette évolution vers les sujets de société est d'ailleurs particulièrement nette dans notre nouvelle section What’s next ? qui présentera des projets au début de leur développement : le franco-allemand Eden évoque la crise des réfugiés, le danois Mayday est un thriller écologique, etc. On voit aussi poindre les thématiques de la recherche médicale, de la contrefaçon de médicament. Globalement, il y a une tendance à la diversification des sujets, même si évidemment, le "drama" est un format qui marche toujours très bien.

Tous les pays européens se sont engouffrés dans le développement d'une industrie de la série. Cette croissance tous azimuts est-elle réellement un terreau favorable à la diversité des sujets ou risque-t-on une certaine uniformisation ?
D'abord, le fait que l'industrie se développe est une réponse à une demande car le public regarde de plus en plus de séries et les chaînes se sont rendues compte que pour se démarquer, pour exister sur un plan éditorial, la fiction est un excellent support. Du coup, ce développement s'accompagne de diversité. Mais il est vrai que les thrillers, notamment nordiques, ont fait école et que c'est un genre très présent sur la scène internationale.

En parlant des pays scandinaves, ils sont omniprésents au menu de cette édition 2016 de Série Series.
D'une certaine manière, notre programmation reflète le marché. Les Nordiques et les Anglais dominent la scène européenne. Ils ont assez vite emboité le pas des Américains qui sont les plus anciens sur le marché et ils continuent à mener la danse en Europe, avec encore une longueur d'avance. Ceci étant, même s'il sont très présents sur la scène internationale, leur fiction est loin d'être gigantesque en termes de nombre d'heures produites. Ce qui est surtout frappant, c'est qu'à chaque fois qu'ils lancent une production, elle est remarquable. Et ils ont vraiment mis en place un modèle, notamment en matière de coproductions européennes en ce qui concerne les pays nordiques. Cependant, il y a actuellement des évolutions, par exemple avec les pays de l'Est qui émergent à l'image de la série tchèque Cosmic ou avec l'Italie qui présente des séries vraiment intéressantes comme Rocco Schiavone.

La fréquentation professionnelle de Série Series est très haut de gamme, bien que la manifestation ne soit pas un marché. Qu'est-ce qui fait votre succès ?
Nous ne sommes pas un festival avec des prix. Notre idée est de présenter une photographie de l'univers des séries à un moment M, mais aussi ce qui en train de se faire et qui sera à l'antenne en 2017, voire en 2018. Nous avons surtout envie de donner aux professionnels des clés. Série Series est un laboratoire de réflexion et de constitution d'un réseau européen. Car notre ligne éditoriale est très claire, strictement européenne, éclectique, avec des créations originales. Et de l'avis général, l'atmosphère est très propice à la rencontre et à l'échange.