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Lisa Brühlmann • réalisatrice

"J'essaie de donner à mes comédiens de l'espace"

par 

- SAN SEBASTIAN 2017 : Entretien avec la Suisse Lisa Brühlmann sur son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Blue My Mind, présentement au programme de la section Nouveaux réalisateurs

Lisa Brühlmann  • réalisatrice

Pendant ses études de théâtre, Lisa Brühlmann a joué dans différents films et téléfilms en Allemagne et en Suisse. Elle a ensuite décidé de continuer ses études à l’Université des arts de Zurich, où elle a obtenu un diplôme de mise en scène. Cineuropa l’a interrogée sur son expérience d’actrice et de réalisatrice, et sur la manière dont elle a travaillé avec les jeunes acteurs de son premier long-métrage, Blue My Mind [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Lisa Brühlmann
interview : Luna Wedler
fiche film
]
, sélectionné à San Sebastian dans la section Nouveaux réalisateurs.

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Cineuropa : D’où est venue l’idée du film ? Avez-vous puisé pour faire Blue My Mind dans votre expérience d’adolescente en Suisse ?
Lisa Brühlmann : Mia est un personnage fictionnel, mais bien sûr, j’ai mis dans ce personnage beaucoup d’émotions et d’éléments dont j’ai fait l’expérience au même âge, un mélange de honte, d’introversion et de rage. Hélas, les jeunes femmes ont tendance à être agressives contre elles-mêmes quand elles se sentent comme ça. Je me souviens très bien d’avoir ressenti ça, quand j’étais ado.

Après, j’ai toujours été fascinée par les créatures fantastiques qu’on trouve dans la mythologie. Je trouve très intéressant que certaines d’entre elles se retrouvent dans certaines cultures, indépendemment de l’époque et de l’endroit. Ces figures existent dans notre inconscient collectif. Donc l’idée m’est venue tout naturellement, de manière très intuitive, et j’ai su d’emblée que c’était bien. Je voulais que le film soit très sensuel et poétique, mais qu’en même temps, il soit brut et réaliste. Il était très important pour moi que cette histoire ne soit pas “qu’un conte de fées”, mais semble très réaliste, grâce à un contexte très fouillé.

Comment avez-vous abordé la description de l’univers des adolescents d’aujourd’hui ? Avez-vous fait beaucoup de recherches avant le tournage ? Comment s’est passé le travail avec les jeunes acteurs ?
Oui, j’ai fait beaucoup de recherches. Je suis allée dans toutes sortes d’endroits où traînent les jeunes – dans les quartiers les plus durs de la ville, mais aussi dans la banlieue résidentielle de Zurich – et j’ai fait beaucoup d’interviews qui m’ont permis de comprendre non seulement comment les jeunes parlent aujourd’hui, mais aussi comment ils pensent le monde, et ce qui les rend heureux ou tristes.

Travailler avec des adolescents est une expérience intense mais très gratifiante : ils sont tellement direct, plein d’émotions, perméables. Leur monde personnel infuse forcément leur travail et comme réalisatrice, j’en étais ravie, parce que cela signifie que le film s’est enrichi de moments très vrais. En même temps, on sent aussi toutes les incertitudes associées à cet âge, ce qui m’a fortement rappelé ma propre jeunesse. En tant que metteur en scène, on ne peut pas leur en demander autant qu’à des acteurs adultes. Je devais souvent me rappeler à moi-même qu’ils n’avaient pas fini de grandir et qu’il fallait rétrograder d’une vitesse ou deux.

Dans quelle mesure votre expérience d’actrice a-t-elle influé sur votre travail de réalisatrice ?
Parce que j’ai été actrice, j’essaie de donner à mes comédiens ce dont j’aurais eu besoin et qui m’a manqué : de l’espace, c’est-à-dire la place de faire ce qu’ils se sentent le besoin de faire à chaque scène. Tous les acteurs sont différents : certains ont besoin d’écouter de la musique, d’autres de chanter, d’autres de rester eux-mêmes et de tout donner en se mettant dans un état de totale concentration. J’essaie juste de faire en sorte que les acteurs se sentent assez en sécurité pour prendre des risques.

Considérez-vous Blue My Mind comme un récit d’apprentissage universel qui reflète le besoin d’échapper à un avenir standardisé, ou le pensez-vous profondément ancré dans la réalité suisse ?
Les deux, je crois. Je pense que dans la société occidentale, on connaît tous très bien ce sentiment d’avoir à être en adéquation avec notre système. On nous dit qu’on est libre, mais on ne l’est pas et, surtout pour une jeune femme, cela rend très dur de nous reconnecter avec notre vraie nature, notre plus grande force, et de nous libérer des contraintes de la société, de faire sa route et de s’aimer soi-même même si on est différent. C’est ça aussi, le sujet de Blue My Mind.

Qu’est-ce que cela représente pour vous, de projeter votre premier long-métrage à San Sebastian ?
C’est un grand honneur. Je suis très contente parce que c’est mon premier long-métrage, et que j’osais rêver qu’il parviendrait jusqu’à et toucherait beaucoup de gens partout dans le monde. Et de voir ce voeu se réaliser, c’est très précieux pour moi – ainsi que pour tous ceux qui ont participé au film, notamment mes jeunes actrices : c’est vraiment chouette de voir que tout le travail que nous avons fait valait la peine.

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(Traduit de l'anglais)

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