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PRODUCERS ON THE MOVE 2018

Nicolas Anthomé • Producteur

"L'essentiel, c'est le talent du cinéaste"

par 

- Rencontre avec Nicolas Anthomé, producteur pour bathysphere, de Makala et d’Onoda, 10000 nuits dans la jungle, sélectionné pour les Producers on the Move 2018

Nicolas Anthomé • Producteur
(© Stephan Vanfleteren)

Fondateur et pilote de la société de production parisienne bathysphere, Nicolas Anthomé surfe actuellement une très belle vague, notamment grâce au documentaire Makala [+lire aussi :
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d'Emmanuel Gras, Grand Prix de la Semaine de la Critique cannoise 2017. En mai dernier sur la Croisette, bathysphere comptait trois autres films à l'affiche avec Alive in France [+lire aussi :
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d’Abel Ferrara à la Quinzaine des réalisateurs, Le Ciel étoilé au dessus de ma tête [+lire aussi :
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d’Ilan Klipper à l'ACID et Wallay [+lire aussi :
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de Bernie Goldblat à Cannes Junior (après une première à Berlin, au programme Generation). A Locarno, c'est Contes de juillet [+lire aussi :
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de Guillaume Brac qui a été dévoilé hors compétition et se profile pour début 2019 le tournage de Onoda, 10000 nuits dans la jungle, le second long d'Arthur Harari après le très remarqué Diamant noir [+lire aussi :
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Nicolas Anthomé a été sélectionné pour les Producers on the Move 2018 de l'EFP au 71e Festival de Cannes.

Cineuropa : Qu'est-ce qui vous a poussé à retravailler avec Emmanuel Gras pour Makala, après Bovines ou la vraie vie des vaches (nominé au César 2013 du meilleur documentaire) ?
Nicolas Anthomé : C'est un réalisateur qui a un vrai sens du cinéma et du spectacle dans le documentaire, avec une puissance de mise en scène et une écriture qui mobilisent tous les moyens du cinéma : le son, l'image. Pour moi, l'essentiel, c'est le talent du cinéaste, plus qu'une question de sujet. Or, comme dans le documentaire, les gens réfléchissent toujours en termes de sujet, et malgré le succès à son niveau de Bovines, très peu de personnes croyaient en Makala : ils se disaient que ce type qui pousse un vélo en Afrique, ce serait ennuyeux. L'un des rares à nous avoir soutenu immédiatement, c'est Bruno Deloye de Ciné+. Tous les autres ont rejeté le projet : l'avance sur recettes, les autres chaînes, l'Ile-de France, les distributeurs. Nous sommes donc partis en tournage avec très peu d'argent. En fin de montage, j'ai montré le film à plusieurs distributeurs et Les Films du Losange s'est montré très intéressé. Ce sont eux qui parlaient le mieux de Makala, d'ailleurs plus comme d'un film que comme un documentaire.

Makala est-il représentatif de la ligne éditoriale de bathysphere ?
Oui, car il y a une ambition formelle très forte et une dimension épique. La ligne éditoriale de bathysphere, ce sont des films avec une écriture cinématographique très originale ou une recherche romanesque particulière, et parfois les deux. Emmanuel Gras, Guillaume Brac, Arthur Harari, Emilie Brisavoine proposent des films très différents, mais ils ont en commun une écriture très personnelle.

Ce genre d'approche singulière est-elle bien accueillie en fiction par les financiers ?
Prenons l'exemple de Onoda, 10000 nuits dans la jungle d'Arthur Harari que nous préparons. Au début, tout le monde trouvait le projet très original, mais tellement singulier (car c'est un film de guerre en japonais) que cela faisait peur. Beaucoup pensaient alors que c'était infaisable. Maintenant que nous avons des partenaires solides et qui croient énormément dans le projet (Arte France Cinéma, les Allemands de Pandora, les Belges de GapBusters, les Cambodgiens d'Anti Archive en coproduction, Canal+, NRW, le mini-traité franco-allemand, l'aide aux Cinémas du monde du CNC, Le Pacte en distribution France et en ventes internationales, etc.), le fait que le projet soit à part et se distingue, attire. C'est l'histoire d'un soldat japonais envoyé sur une île à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, qui refuse de croire à la capitulation du Japon et qui va continuer à faire la guerre pendant trente ans. Je cherche néanmoins encore des partenaires pour combler le gap de financement encore existant.

Est-ce le goût de l'aventure qui vous fait avancer ?
Ce qui est le plus riche et le stimulant dans notre métier, c'est qu'on peut vivre beaucoup d'aventures de production, faire des choses très différentes, qu'on n'a jamais faites et qui n'ont parfois jamais été faites.

Comment parvenez-vous à brouiller les frontières entre documentaire et fiction ?
J'essaye de montrer mes documentaires plutôt dans des festivals de cinéma que dans des festivals de documentaires, afin d'éviter qu'ils aient l'étiquette documentaire. Après, c'est une différence de marché et de marketing, mais ce n'est pas mon champ d'activité. Et c'est d'ailleurs toute la difficulté de l'exploitation du documentaire en salles car les documentaires qui sortent sont souvent des films à sujet, qui vont faire leurs carrières avec des publics spécifiques, des associations, etc. Alors que je pense que les films documentaires devraient être exploités de la même manière que les films de fiction, comme n'importe quel film d'auteur ambitieux. Mais c'est très difficile pour les distributeurs de faire ça.

Vous avez produit énormément des courts métrages et vous continuez à le faire.
Quand j'ai commencé, je ne pouvais produire que des courts métrages parce que je ne connaissais pas grand monde. C'était ma seule porte d'entrée. J'ai maintenant 39 ans et on commence vaguement à me faire confiance pour produire des longs métrages : le cinéma est très conservateur. Le court, c'est un laboratoire, on peut tenter beaucoup de choses, être le plus libre possible dans la manière de faire les films tout en étant rigoureux et sérieux. Mais c'est en train de changer, c'est devenu beaucoup plus dur de faire des courts métrages non-formatés et il y a maintenant davantage de liberté dans le long métrage.

Quelle est votre actualité au-delà de la sortie en salles de Makala et du tournage l'an prochain du film d'Arthur Harari ?
Le documentaire Le Bel été de Guillaume Brac qui est en montage, sera terminé début 2018 et distribué par Les Films du Losange. Le ciel étoilé au dessus de ma tête d’Ilan Klipper sortira le 7 mars (Happiness Distribution). Droit de veto, le prochain film d'Emilie Brisavoine (Pauline s'arrache [+lire aussi :
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) qui sera cette fois une fiction, une comédie assez barrée sur la famille, est en début de financement. Il y a aussi en fin d'écriture L'été nucléaire de Gaël Lépingle, un long de fiction entre "teen movie" et film catastrophe. Et pour les courts métrages, nous avons des films de Marine Atlan (qui a eu le Grand Prix à Clermont-Ferrand l'an dernier), de Laura Tuillier et de Safia Benhaim.

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