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IFFR 2018

David Verbeek • Réalisateur

“Il m’a fallu quelques jours pour apprendre à me connaître”

par 

- Entretien avec le réalisateur hollandais David Verbeek à propos de son 7e long, An Impossibly Small Object, qui a été projeté à Rotterdam et donné lieu à une exposition à Amsterdam

David Verbeek  • Réalisateur

Le septième long-métrage du Hollandais David Verbeek, An Impossibly Small Object [+lire aussi :
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, qui a fait son avant-première mondiale au Festival internation de Rotterdam), est une nouvelle expression de son style si particulier. Le film raconte une histoire mais c’est aussi une réflexion sur le fait de créer de l’art, qui fait elle-même partie d’une oeuvre d’art plus vaste. La première partie du film s’articule autour d’une oeuvre picturale représentant une petite fille avec un cerf-volant qui semble un peu perdue, dans un coin sombre d’une ville. Verbeek nous raconte l’histoire de cette fillette, dont les parents tiennent un restaurant et dont la meilleure amie est sur le point d’émigrer dans un autre pays. La deuxième partie du film se passe à Amsterdam, dans l’appartement de Verbeek, et les personnages sont sa petite amie et les célèbres acteurs hollandais Gijs Scholten van Aschat et Lineke Rijxman dans le rôle de ses parents. 

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Une exposition avec des photos, extraits et objets liés au film va ouvrir le 17 février à Amsterdam, à la Flatland Gallery. Nous avons interrogé Verbeek sur son approche de la manière de faire de l’art.

Cineuropa : D’où est venue l’idée de ce film ?
David Verbeek : L’idée de faire un film semi-autobiographique est partie de raisons pratiques, et de ma fascination pour certains endroits de Taipei. J’avais envie d’explorer les raisons de mon attirance pour ces mondes souterrains, et rendre ce qu’on ressent à arpenter ces rues pendant des heures, en quête d’images et de rencontres avec les histoires derrières ces images. Petit à petit, j’ai compris que le film devrait parler de la relation entre l’artiste et son sujet.

La première partie du film est consacrés à l'histoire dramatique de la petite fille et à la manière dont le photographe en a saisi des fragments. La deuxième partie peut être conçue comme une réinterprétation de cette histoire, où l'artiste découvre la connexion avec ses propres expériences et souvenirs de son enfance perdue. Les gens sont toujours attirés par ce qui reflète leur propre existence. C’est ça l’idée centrale.

D’où sont venus les financements ?
L’argent pour financer le film est venue d’une société d’aromathérapie taïwanaise. Ils ont pris connaissance de mon travail il y a cinq ans, lore d’une exposition au MOCA de Taipei. Ils m’ont ensuite demandé de tourner un film de société qui est devenu le film de danse Immortelle, qui a été projeté à Rotterdam en 2013. Ils m’ont donné 300 000 € étalés sur trois ans pour faire ce film. Nous avons dû donc dû le faire en trois temps : nous avons tourné des scènes à Taipei, à Amsterdam et il y a aussi les scènes dans l’avion et avec mes parents. Compte tenu de la durée du tournage, le seul personnage qui était tout le temps présent était moi, de sorte que d’un point de vue pratique, il était logique que je joue l’artiste. J’ai décidé de rester très proche de moi-même et de ma vie, pour être sûr que tous les détails fonctionnent de manière cohérente. 

Me diriger moi-même a été difficile, particulièrement dans les scènes où je suis seul. Je faisais une prise, pour voir à quoi je ressemblais en prenant différentes poses. J’ai vu que quand je me croyais neutre, j’avais en fait l’air bougon. Il m’a fallu quelques jours pour apprendre à me connaître. Heureusement, j’ai été soutenu par des acteurs très aguerris au métier et par la présence de mon caméraman, Morgan Knibbe, qui est également un réalisateur exceptionnel. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur la participation de Knibbe ?
Morgan a filmé pratiquement tout, sauf les plans en avion et à la maison des parents. Je lui ai demandé de travailler avec moi après avoir vu son documentaire Those Who Feel the Fire Burning. Il a une approche visuelle formidable, et donc je voulais voir s’il pourrait tourner mon film avec le même esprit d’investigation, et si notre collaboration aboutirait à quelque chose de complètement nouveau. Pendant le tournage, nous avons souvent essayé de nouvelles choses sans savoir ce qu’elles donneraient. Ce qui est génial, c'est qu'il n'a pas peur de tenter des choses. Certains chefs-opérateurs ont peur pour leur réputation quand un plan n'est pas parfait techniquement, ce qui peut rendre le travail avec eux très difficile.

Qui est l’artiste qui s’est occupé du son ?
Taco Drijfhout
, qui a collaboré sur Those Who Feel the Fire Burning. C’est lui qui a composé ce paysage sonore mystérieux et porté à l’expansion pour mon film. Il n'était pas là quand j'ai tourné à Taipei. Nous nous sommes retrouvés six mois après. Nous avons loué des vélos de ville et nous nous sommes promenés avec son équipement de prise de son. Ça devait être une drôle de vision : deux grands hommes sur des petites bicyclettes portant ces longues perches. Nous avons aussi passé quelques jours en studio, à enregistrer toutes sortes d’instruments, pour la scène de la parade. Nous avons en gros créé notre propre librairie sonore de musique classique chinoise.

Que pouvez-vous nous dire de l’exposition tirée du film ?
Le film n'a pas encore de distributeur aux Pays-Bas, mais la production artistique réalisée autour du film sera montrée à la Galerie Flatland d'Amsterdam. C'est la voie que j’ai envie d'emprunter. Comme il devient de plus en plus difficile de trouver des distributeurs pour les salles, je voulais que le film s’inscrive dans un plus vaste projet artistique, comprenant des photographies, des installations, un site web, etc. J’ai fait la même chose avec Full Contact [+lire aussi :
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et j’ai trouvé que l’impact sur le film était le même.

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(Traduit de l'anglais)

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