email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Kornél Mundruczó • Réalisateur

"Qui est finalement le coupable ?"

par 

- Extraits de la conférence de presse donnée sur la Croisette par le cinéaste hongrois, sélectionné en compétition au Festival de Cannes 2010 avec Un Garçon fragile – Le projet Frankenstein

Pourquoi avoir donné un double titre à votre film : Un Garçon fragile – Le projet Frankenstein [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
?
Kornél Mundruczó : La première partie du titre, Un Garçon fragile, résume tout ce que nous, auteurs du film, pensons du monstre : il s’agit en fait d’un innocent. Mais je voulais garder la référence au mythe de Frankenstein qui très connu en particulier dans le monde artistique anglo-saxon. Au départ, The Frankenstein Project était juste le nom de fichier du scénario dans mon ordinateur.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Votre film semble accréditer la théorie selon laquelle la société juge les gens, leur dicte ce qu’ils doivent faire et les transforment en monstres. Est-ce le message que vous souhaitez transmettre ?
Dans une société, les limites sont toujours déterminées par la majorité. Ce qui m’intéresse dans cette thématique, c’est de poser des miroirs sur ces frontières. Je cherchais déjà à répondre plus ou moins à cette question dans mes films précédents, mais cette fois c’est devenu encore plus clair durant la préparation. C’est pourquoi j’ai décidé de jouer un rôle principal et de poser cette question dans le film : qui est finalement le coupable ? Au cours de l’histoire, on se rend compte que ce créateur qui a créé le monstre devient petit à petit un père et on se pose finalement la question de savoir qui est le véritable responsable des assassinats.

En rompant les murs que la société construit autour des gens pour qu’ils restent normaux, le monstre évolue Ces murs sont très minces et la monstruosité exprime des actes qu’on peut utiliser pour les casser, pour trouver différents points de vue, mais je ne donne pas d’explications sociologiques, cela reste de la fiction.

Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce décor très typique du Budapest ancien, avec ces grandes cours intérieures où on peut passer en circularité en circularité ?
Cela a été un processus très long pour trouver cet endroit à travers lequel je voulais exprimer ce que je pense de Budapest où je suis arrivé moi aussi en étranger puisque je n’y suis pas né. Auparavant, je pensais que tourner dans la nature était préférable pour mon style. Pendant les repérages, nous avons trouvé cet immeuble et nous avons décidé d’y tourner quasiment tout le film. Ce sentiment de fermeture, de huis clos, tout le monde peut s’y reconnaître dans notre monde. L’architecture est devenue une métaphore à plusieurs niveaux : on ne sait pas ce que va devenir cet immeuble délabré, s’il va être détruit ou reconstruit, et ce système de couloirs intérieurs fonctionne comme une prison, comme le reflet du monde où nous vivons tous.

Quelles étaient vos intentions par rapport de l’extraordinaire qualité visuelle du film ?
Il s’agit d’un univers et d’une image très simples, mais assez inhabituels dans les films contemporains. Nous avons utilisé des lentilles anamorphiques comme dans les vieux films hollywoodiens et des lumières très blanches. L’histoire se déroule en hiver et dans la seconde partie uniquement dans la neige car elle a plusieurs sens : c’est l’élément eau, mais elle donne en même temps une sensation assez chaude. Pour moi, c’est le visuel qui importe avant tout, avant l’histoire. Il a beaucoup de mouvements de caméra dans le film, mais assez fonctionnels. J’ai un directeur de la photographie remarquable : nous composons ensemble, mais c’est lui qui a le bon œil. Dans les films actuels, le design trompe le spectateur et il est difficile de trouver un chef opérateur qui cherche le visuel et qui s’intéresse à l’histoire.

Quel est votre point de vue sur la situation du cinéma en Europe centrale et orientale ?
Nous ne voyons pas encore précisément la direction, mais une nouvelle génération de cinéastes est en train d’émerger. En un sens, nous sommes la génération zéro, car nous n’avons plus de références de mémoire par rapport à l’époque du rideau de fer. Mais il y a une tradition du cinéma hongrois et c’est une bonne chose de faire le lien avec elle.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy