13/02/2010

La projection de presse d'Orly [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] d'Angela Schanelek, présenté dans la section Forum de la Berlinale, était aussi noire de monde que l'aéroport parisien du titre, que ne quitte pratiquement pas le film – l'oeuvre est de fait une coproduction franco-allemande que la réalisatrice de Nachmittag a produite par le biais de sa société, Nachmittagfilm, avec Ringel Filmproduktion et la maison française La vie est belle Films, en plus de choisir une majorité d'acteurs hexagonaux, dont Natacha Régnier et Bruno Todeschini.

Très vite, dans la foule, Schanelek règle son objectif sur quelques personnages comme choisis au hasard qui apparaissent soudain nettement. On fait la connaissance d'une mère et son fils d'humeur à se confier l'un à l'autre l'air de rien ; on assiste à la conversation nourrie et très personnelle de deux étrangers qui, à la fin, n'en sont plus ; on suit une jeune fille solitaire, une hôtesse falote, ou encore un petit couple allemand, sans qu'il y ait un partage égal entre l'attention que leur accorde respectivement la caméra. Le choix semble aléatoire.

Pourtant, comme il sied dans un endroit où l'on attend, un lieu où l'on quitte quelque chose pour aller vers un ailleurs, un monde de possibilités où se croisent autant d'individus, chacun de ces protagonistes vit une petite épiphanie quotidienne, sous forme de décision, d'aveu, de remise en cause fugitive, dans la foule des réflexions (sur les rencontres, les séparations, les lieux...) et des "petits faits vrais" qui nous sont relatés.

Le film, par les manières de promeneur de hasard qu'adopte la caméra, l'absence de musique et le réalisme des situations observées, propose une approche très vraisemblante qui transporte le spectateur dans cet aéroport, à tel point qu'on partage ce sentiment d'attente des personnages et la hâte du départ.