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INDUSTRIE France

Transparence frictionnelle entre producteurs, distributeurs et vendeurs

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Ambiance western, suspicion et règlements de comptes samedi dernier aux Rencontres Cinématographiques de Dijon avec le débat "Production/Distribution : une transparence nécessaire". Prolongeant le rapport de Michel Gomez remis fin septembre au Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC) sur la transparence de la filière cinématographique et la relation entre le producteur et ses mandataires, la discussion a donné lieu à des échanges très vifs.

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Le producteur Marc-Antoine Robert (2.4.7 Films) a notamment souligné que si les recettes salles étaient transparentes, des questions se posaient sur les frais d’éditions des distributeurs (avec des prix très différents pour les copies 35 mm) et sur les frais de représentation facturés par les vendeurs pour les grands festivals.

Jean Labadie (Le Pacte) a rétorqué que dans 92 % cas, il n’y avait pas d’amortissement des frais d’édition : "on perd neuf fois sur dix et nous gagnons seulement sur les sorties de films étrangers pour lesquels nous avons tous les mandats". Par ailleurs, a-t-il précisé "les producteurs préfinancent aujourd’hui leurs films à 90 % – 100 %, y compris leurs salaires, ce qui n’est pas le cas des distributeurs qui n’ont de salaire que si les films marchent. Et on dit toujours que c’est de notre faute quand les films ne marchent pas ! Et quand un film ne marche pas en salles, il ne marche pas en vidéo : 90 % des films français ne vendent que 3000 DVD chacun et en VOD, 40 000 euros est un très bon résultat. Aujourd’hui, toutes les sociétés de distribution sont en apnée de trésorerie." Rappelant que le distributeur est souvent celui qui s’engage le premier dans le préfinancement des films et qu’il y a ensuite les frais d’édition qui ne sont jamais inférieurs à 200 000 euros, Jean Labadie a insisté sur le rôle décisif des distributeurs dans la diversité de la production française.

Selon Victor Hadida (Metropolitan Filmexport et président de la Fédération Nationale des Distributeurs Français), "le marché français est très concurrentiel entre distributeurs français, quitte à payer des MG (Minimum Garantis) énormes et à travailler pour pas grand-chose. Il y a eu une grande évolution de la transparence ces dernières années et même s’il y a encore quelques pratiques douteuses, le fantasme des marges arrières sur les copies va disparaître avec le VPF. Par ailleurs, la France est un îlot de vertu et les audits sont très courants, y compris avec les producteurs étrangers."

Selon Emilie Georges (Memento Films International), "les enjeux pour l’exportation sont très proches de ceux de la distribution indépendante. L’exposition au risque des exportateurs a changé du tout au tout en dix ans : elle est devenue insensée." Soulignant que le suivi des remontées de recettes démontre que le France est très transparente par rapport à nombre d’autres pays, elle a aussi pointé le fait que 100 films français sur 200 se vendent à l’international, mais seulement une quarantaine sur plus de trois territoires. "La pression sur le préfinancement n’a jamais été aussi forte alors que les recettes s’amenuisent sur tous les supports". Enfin sur la question des frais de représentation des films dans les grands festivals (de 12 000 à 20 000 euros par film au total), Emilie Georges a précisé que le coût était ventilé entre différents films et que les audits qui se sont généralisés dans le secteur ne sont pas conflictuels.

Un débat animé auquel Michel Gomez a apporté sa pierre en estimant que le risque aujourd’hui dans la filière cinématographique était du côté de la distribution et que s’il existait quelques zones d’opacité dans les relations sociétés d’édition – producteurs, les professionnels français devraient avoir la maturité de régler ses questions dans une actualité où ils doivent impérativement se montrer solidaires face aux menaces pesant sur le système de financement de l’industrie cinématographique française (lire l’article).

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