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FILMS Italie

Vacuum

par 

- Le premier film de Giorgio Cugno, lauréat du Prix Cineuropa, du prix spécial du Jury et du prix FIPRESCI à Lecce, explore la dépression post-partum. Sélectionné au 47ème Festival de Karlovy Vary

Les problèmes d'une jeune mère, la fatigue, l'aliénation et l'isolation. Une tristesse qui devient maladie et peut transformer l'un des événements les plus beaux de la vie (la naissance d'un enfant) en enfer. La dépression post-partum est un thème délicat, brûlant, qui a longtemps été considéré comme tabou, mais ce n'est plus le cas au cinéma : Cristina Comencini l'a exploré dans Quando la notte [+lire aussi :
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(en compétition à la dernière Mostra de Venise et à présent en salles en Italie), Fabrizio Cattani de même dans Maternity Blues [+lire aussi :
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(projeté lui aussi sur le Lido). C'est maintenant le tour du Turinois Giorgio Cugno avec son premier film, Vacuum [+lire aussi :
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, découvert au 13ème Festival du cinéma européen de Lecce, où le film a fait consensus et reçu non seulement le Prix Cineuropa, mais aussi le Prix spécial du jury, le Prix FIPRESCI et le Prix de 5000 euros.

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On comprend dès les premières images que Vacuum n'est pas une histoire de maternité facile, édulcorée, conciliante : le spectateur est d'emblée catapulté dans une salle d'accouchement parmi les hurlements et les halètements. Des plans rapprochés montrent une jeune femme, Arianna (Simonetta Ainardi), sur le point de donner la vie, immergée dans une obscurité irréelle. Les voix rassurantes des médecins n'enlèvent rien à la brutalité du moment, et la scène trouve son point d'orgue dans un évanouissement.

Dans les séquences qui suivent, on assiste aux rituels qui accompagnent tous les jeunes parents : les visites à l'hôpital, les grands-parents qui prennent des photos, les amis qui blaguent, les commentaires sur les ressemblances... Et il faut faire la pose, sourire, ouvrir les cadeaux, remercier, sourire de nouveau... Six mois après, la réalité quotidienne est différente, entre les pleurs, les nuits sans sommeil, les allers-retours entre le travail et la maison et les chemises tâchées à la poitrine par le lait qui coule même au travail, le tout scandé par le ronflement de la pompe à lait, presque hypnotique, et par les gémissements et la respiration parfois à peine audible de l'enfant, restitués soigneusement, avec un grand naturalisme.

C'est justement la précision avec laquelle certains détails, même très intimes, de la maternité sont rendus, qui est ici saisissante. Elle est le fruit des 50 entretiens que le réalisateur de 32 ans a conduits pendant une année avec des mères et parents ayant connu plus ou moins directement le drame de la dépression post-partum. Le style de la mise en scène aussi tient soigneusement compte des détails et nuances : la caméra, collée à la mère et son enfant, recueille le moindre de leurs gestes, leurs regards pleins d'amour, mais elle dévoile aussi les signes de fatigue, le vide qui s'insinue petit à petit dans le regard d'Arianna et l'apathie qui en résulte – et que le gentil mari Milo, interprété par le réalisateur, n'arrive pas à compenser.

Arianna se retrouve souvent seule car Milo est obligé, pour conserver son travail précaire, de s'absenter parfois pendant plusieurs semaines. Et il n'est pas question de prendre des vacances dans leur situation financière. La mère n'a d'autre distraction que les langes, les têtées et les murs de la maison qui l'étouffent de plus en plus. Le récit reste subtilement en équilibre au bord du vide, à la limite du pire qui pourrait arriver, et arrive peut-être. Il suggère que dans ces conditions un instant d'aveuglement peut survenir à tout moment, sans signe alarmant préalable. Ce qui est alarmant, c'est le chiffre publié par l'Observatoire national sur la santé de la femme : en Italie, la dépression post-partum touche chaque année 16% des jeunes mères.

Vacuum a été tourné en un mois et demi à Turin avec un budget d'à peine 10 000 euros, sans aucune soutien public. Il attend encore un distributeur.

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(Traduit de l'italien)

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