14/09/2012 - Première mondiale à Toronto du film d’Yvan Attal, remake de Humpday de Lynn Shelton et divertissante comédie sur l’amitié et la sexualité.

Voir le cinéma français s’emparer d’un film américain contemporain pour en faire un remake relève du phénomène rarissime, l’inverse étant beaucoup plus souvent de mise. La curiosité est donc au rendez-vous avec Do Not Disturb [+lire aussi :
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fiche film] d’Yvan Attal, dévoilé en première mondiale en Special Presentation aujourd’hui au Festival de Toronto. Interprété par le cinéaste et par François Cluzet (l’acteur français majeur de ces dernières années de Ne le dis à personne [+lire aussi :
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fiche film] à Intouchables [+lire aussi :
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fiche film]) qui forment un duo très performant, le long métrage revisite Humpday de l’Américaine Lynn Shelton (prix spécial du jury au Sundance et sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs cannoise 2009) pour un résultat plutôt divertissant sur le sujet assez risqué de l’amitié masculine et de la sexualité.

Tout commence dans les halètements de Anna et Ben (Laetitia Casta et Yvan Attal), un couple faisant l’amour dans leur maison de banlieue parisienne. Mais le passé déboule via de très insistants coups de sonnette et de manière particulièrement envahissante en la personne de Jeff, copain de Ben de leurs lointaines années étudiantes, de retour du Mexique et incarné par un François Cluzet au look "invraisemblable" (barbu, dépenaillé, chapeau de paille, bandana) qui pose d’emblée le ton de comédie du film. Le nouvel arrivant s’installe à demeure, accueilli dans la joie par son vieux pote et avec circonspection par Anna qui ne l’avait jamais rencontré. De moqueries ("une voiture, une femme, des beaux livres d’art sur la table basse : c’est cool !") en constats ("t’as des boulets aux pieds, t’es casé", "on ne vit pas dans le même monde") en passant par une fête parisienne (alcool, fumette, lesbiennes et ambiance artistico-alternative), Jeff entraîne très vite Ben dans une zone de turbulences où sommeille le désir de revivre les rêves de sa jeunesse et d’échapper au conformisme de sa vie d’urbaniste et de mari modèle concentré sur les périodes d’ovulation de sa femme. L’affaire prend la tournure d’un pari d’ivresse : participer au festival de vidéastes amateurs porno Hump avec un film d’art où deux amis hétérosexuels coucheraient ensemble. Ben relève le défi ("t’as pas à me donner de dispense à cause de l’idée préconçue que tu as de moi") et réserve une nuit d’hôtel. Restent deux obstacles : en parler à Anna et surtout, mener à bien le projet, autrement dit coucher avec Jeff sous l’œil de la caméra.

Porté par ses deux excellents acteurs, Do Not Disturb gagne nettement en qualité avec la longue et cruciale séquence finale à l’hôtel. Réussissant à associer un emballage de comédie plutôt drôle avec des thèmes beaucoup plus profonds (la dose d’amour inhérente à l’amitié, les frontières relatives entre homosexualité et hétérosexualité, les préjugés, les fantasmes au sens large, les multiples facettes des personnalités…), le film oscille agréablement et avec un très bon rythme entre les deux registres. Et si le traitement des personnages féminins (notamment Charlotte Gainsbourg et Asia Argento en lesbiennes bisexuelles caricaturales) n’est pas vraiment à la hauteur et trop expéditif, le cœur du film, le duo masculin, fonctionne parfaitement et confirme l’aisance d’Yvan Attal en tant que réalisateur-acteur de comédie intimes après Ma femme est une actrice [+lire aussi :
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fiche film] et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.

Produit par Les Films du 24, Do Not Disturb a été coproduit par France 2 Cinéma, TF1 Droits Audiovisuels et Films sous Influence, préacheté par Canal + et Ciné +, et soutenu entre autres par la région Ile-de-France. Vendu par TF1 International, il sera distribué dans les salles françaises le 3 octobre prochain par UGC.