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FILMS / CRITIQUES

Ernest et Célestine

par 

- Une oeuvre inventive, délicate et drôle, scénarisée par Daniel Pennac et découverte à la Quinzaine des réalisateurs.

Ernest et Célestine [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Benjamin Renner, Vincent P…
fiche film
]
, le film d'animation que Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner ont dévoilé à la Quinzaine des réalisateurs du 65ème Festival de Cannes, a des lettres de noblesse. Inspiré des populaires albums illustrés de Gabrielle Vincent et scénarisé par Daniel Pennac, ce titre délicieux qui fait honneur aux fondamentaux du conte de fées selon Bettelheim bénéficie aussi de la contribution vocale de Lambert Wilson dans le rôle du grand méchant ours.

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Dans le monde que nous fait connaître Ernest et Célestine, ours et souris sont des ennemis jurés. Les premiers vivent au-dessus de la terre, les autres s'affairent en dessous. Mais dans les dessins de la talentueuse souricette Célestine, le grand méchant ours qu'on lui apprend à craindre à l'orphelinat a l'air plutôt sympathique, et Ernest, s'il est énorme et bourru, n'est en effet qu'un brave bougre affamé qui fait l'ours-orchestre dans la rue. Comme Célestine l'aide à dévaliser le magasin de sucreries du coin, conçu par son tenancier pour carier les dents des oursons et les attirer dans la boutique de molaires et prémolaires d'en face, tenue par son épouse, Ernest va à son tour tendre la patte à la souricette quand elle se retrouve bannie du laborieux royaume souterrain des rongeurs-dentistes pour ses prédilections artistiques et ses fréquentations mal léchées. Ainsi, exclus tous deux de leurs communautés respectives et recherchés par leurs deux polices, Célestine et Ernest, désormais inséparables, s'installent ensemble dans la maison de ce dernier jusqu'au retour du printemps. Après leur arrestation, leur amitié et leur bon coeur vont triompher des juges vindicatifs qui accusent l'un de faire peur aux enfants, l'autre de faire peur aux mamans, et leur permettre d'échapper à l'exécution à la tapette à souris.

Ernest et Célestine, simple en apparence dans son propos et son dessin, évoque en réalité toute une panoplie de thèmes centraux pour les plus petits, des dents qui tombent et des méfaits des friandises sucrées à la peur de l'abandon et aux cauchemars en passant par l'importance de la confiance et de l'intégrité en amitié ainsi que de la persévérance – car s'il est important de suivre ses inclinations, artistiques dans le cas de nos deux amis, il faut le faire avec coeur et reconnaître la part du travail.

Non qu'il faille se laisser exploiter, ni au-dessous de la terre dans un monde de souris mécanisé où on doit répondre à des objectifs de production, ni à la surface, par les ours sans scrupules qui capitalisent sur un besoin de molaires saines qu'ils ont créé eux-mêmes en gavant tous les bébés ours (sauf le leur) de bonbons. Bien qu'elle soit toute petite, Célestine la souricette se dresse aussi avec toute la force d'un libre-arbitre guidé par son inflexible gentillesse contre les préjugés et les idées reçues. Dès le début, elle sent bien que ce n'est pas parce qu'on lui a enseigné à se méfier du grand méchant ours qu'il faut y croire. Comme la légère petite plume du début, des hauteurs où elle voltige gracieusement, Célestine ne distingue plus la mesquinerie du monde et n'en voit que les jolis contours et les joyeuses couleurs.

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