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CANNES 2014 Un Certain Regard / France

La chambre bleue: Une dangereuse infidélité

par 

- CANNES 2014: Mathieu Amalric a dévoilé au Certain Regard cannois une vénéneuse adaptation d'un roman de Simenon, brillamment mis en scène

La chambre bleue: Une dangereuse infidélité

"Si je devenais libre... Tu te rendrais libre aussi ?" Alanguis après l'amour, une femme et un homme devisent dans une chambre d'hôtel aux volets presque clos. C'est au coeur des conséquences d'une liaison adultère que plonge avec talent Mathieu Amalric avec La chambre bleue [+lire aussi :
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, dévoilé dans la sélection Un Certain Regard du 67ème Festival de Cannes (où Tournée [+lire aussi :
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, le précédent long du cinéaste-acteur avait remporté le prix de la mise en scène en 2010). Reposant sur la mécanique de haute précision du roman éponyme de Georges Simenon dont il est l'adaptation, le film épluche très habilement et avec un art consommé du suspense une intrigue mêlant un contenu psychologique somme toute relativement banal (un homme et une femme trompent leurs conjoints), une enquête policière redéfinissant les événements et un portrait en creux de la vie en province.

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Julien (interprété par Mathieu Amalric lui-même) et Esther (Stéphanie Cléau, compagne à la ville du réalisateur avec qui elle a cosigné le scénario) s'aiment en secret depuis 11 mois. Le premier dirige une petite société de matériel agricole, la seconde tient la pharmacie de leur petite ville natale. Les deux sont mariés, Julien avec Delphine (Léa Drucker) avec qui il a une petite fille, Esther avec Nicolas, un homme dont la santé périclite. Mais ce temps des étreintes clandestines est bel est bien révolu puisque Julien répond aux questions très intimes d'un juge d'instruction (l'excellent Laurent Poitrenaux) ayant sous ses yeux un rapport d'autopsie. Un récit en flash-back mené de main de maître va éclaircir ce mystère et décortiquer le cours de l'idylle (et ses stratagèmes), puis les sept mois ayant suivi la dernière rencontre des amants, avant que le film ne se projette en avant vers le procès qui mettra un point final à une ténébreuse affaire.

Centré sur le point de vue exclusif du personnage d'un Julien (incarné à la perfection par le réalisateur) toujours un peu aux abois (peur d'être surpris par le mari trompé, peur d'être démasqué par son épouse légitime dont on ne sait jamais vraiment si elle est au courant de ses incartades, peur d'être acculé dans ses retranchements personnels par les hypothèses offensives du juge) et pris au piège de désirs contradictoires (amour physique passionnel versus vie familiale, envie de fuite et irrésistible attraction), La chambre bleue se révèle une oeuvre beaucoup plus ambigüe et toxique qu'il n'y paraît. La reconstitution à posteriori n'éclaircit que partiellement la vérité et la finesse de ce trouble rend le film plutôt captivant. Et en arrière-plan rôde un environnement provincial oppressant où tout le monde est potentiellement au courant de tout, où l'on s'épie discrètement, où les médias locaux se délectent du fait divers des "amants frénétiques", et où les crimes les plus extraordinaires peuvent surgir du quotidien le plus prosaïque. 

Monté avec brio par François Gédigier et éclairé avec une grande élégance par Christophe Beaucarne, La chambre bleue tisse méthodiquement et subtilement une jolie et cruelle variation sur la classique frontière de l'amour et de la haine, dans la nébuleuse de sentiments où une sérénade sentimentale peut parfois virer au requiem. 

La chambre bleue a été produit par Paulo Branco pour Alfama Films qui pilote les ventes internationales et distribue le film aujourd'hui dans les salles françaises.

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