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SAN SEBASTIAN 2014 Compétition

Tigers : un cri contre la cruauté du capitalisme

par 

- Dans son nouveau film, le Bosniaque oscarisé Danis Tanovic continue de dénoncer les injustices et les abus contre les plus faibles et défavorisés

Tigers : un cri contre la cruauté du capitalisme

Danis Tanovic rend en ce moment sa quatrième visite au Festival de San Sebastian. Il y présente cette fois Tigers [+lire aussi :
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, après l'avoir montré à Toronto, ainsi que son film oscarisé No Man's Land [+lire aussi :
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, qui fait partie de la vaste rétrospective Eastern Promises. Tigers, comme ses autres films, est une arme lancée sur les barbarités de notre système capitaliste, qui permet à des multinationales toutes puissantes de jouer non seulement avec notre santé, mais aussi avec la vie des enfants.

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Le projet est né il y a huit ans, quand un des producteurs du film (Tigers a été financé par la France, le Royaume-Uni et l'Inde) a proposé cette histoire à Tanovic. Celui-ci a ensuite écrit le scénario avec Andy Paterson, mais il a fallu tout ce temps pour démontrer que ce qui est raconté dedans était réel. L'histoire est en effet inspirée de ce qui est arrivé à un Pakistanais (incarné par l'Indien Emraan Hashmi) représentant de produits pharmaceutiques qui a commencé à travailler pour une multinationale alimentaire. Quand il a découvert que le lait en poudre que celle-ci commercialisait causait la mort de nombreux bébés, il s'est lancé dans une croisade pour faire cesser cette barbarie, quitte à payer lui-même le prix fort.

Tanovic reste fidèle à son style simple, sans dramatisation (ce qui est montré est suffisamment dur), bien qu'il montre de vraies images d'enfants mal nourris extraites d'un documentaire produit par ABC Australie en 1989, des images terribles. Tigers, tourné en Inde, commence comme un beau film de Bollywood mais avance vers une fin amère. C'est qu'un film de dénonciation aussi sérieux et nécessaire ne laisse pas de place pour un sourire, ni même pour une étincelle d'espoir dans un monde capitaliste où tous les moyens sont bons pour s'enrichir.

Le film met l'accent sur l'inadmissibilité de la situation, quitte à être aussi explicite qu'un documentaire. D'ailleurs, le processus de gestation du film même nous est dévoilé, à travers notamment des scènes où des producteurs mettent en doute la véracité de l'histoire. Ces moments sont intégrés à la trame, comme s'il s'agissait de mettre à nu la construction même du film, et surtout la peur qui a rendu sa production si longue (les producteurs craignaient que les multinationales en cause ne portent plainte).

Les images que nous présente Tanovic montrent l'égoïsme du monde dans lequel nous vivons, un monde où les multinationales encouragent leurs employés à devenir des tigres rugissants capables de démembrer leurs victimes – ces clients qui ne sont rien de plus que des chiffres attestant des profits. Tigers n'est sans doute pas, sur le plan artistique, le meilleur film de cette édition de San Sebastian, mais c'est un des plus courageux, car il ose monter le ton pour mettre en avant des pratiques qui, hélas, sont aujourd'hui monnaie courante, et pas toujours très loin de nous.

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(Traduit de l'espagnol)

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