27/04/2016 - Moritz Siebert et Estephan Wagner livrent un documentaire immersif sur les migrants essayant d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla, en Afrique

Ils sont plus de 1 000 sur le Mont Gurugu, au Maroc, à rêver de tenter leur chance dans l’Espagne voisine, Melilla. L’Allemand Moritz Siebert et le Danois Estephan Wagner ont prêté une caméra à Abou Bakar Sidibé, un jeune Malien vivant temporairement sur cette montagne, pour témoigner de sa vie et de celle de ses compagnons. Le documentaire Les Sauteurs [+lire aussi :
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fiche film], découvert dans la section Forum de la Berlinale 2016, a été présenté il y a quelques jours dans le Compétition documentaire du festival Crossing Europe à Linz.

Sidibé vit sur le mont Gurugu depuis 15 mois lorsqu’il est contacté par Siebert et Wagner. Pendant plusieurs semaines, d’abord pour l’argent puis peu à peu par plaisir de filmer (Sidibé est d’ailleurs crédité comme réalisateur), il documentera sa vie et celle de ses frères d’infortune. Une vie faite de galères et de règles strictes dictées en fonction de chaque nationalité vivant dans le camp, de misère et d’espoirs, de sessions de rap improvisées et de matchs de foot, mais surtout d’attente. Pour espérer quitter l’enfer vivant de la forêt et entrer dans cette « Europe en terre d’Afrique », les migrants maliens, ivoiriens et les autres doivent attendre la nuit pour sauter en nombre trois barrières de métal et de tôle, sans se faire attraper par la police espagnole, toujours aux aguets.

Les images infrarouges des caméras de surveillance de la police espagnole, qui constituent le seul compromis à ce documentaire immersif, repèrent en effet à coup sûr les tentatives de saut. Il faut donc élaborer des stratégies tout en pansant les blessures provoquées par les barbelés des barrières et la police, pour espérer réussir à rentrer en Espagne, lors d’une prochaine tentative.

Mais personne n’est dupe, entrer dans cette Europe en crise ne règlera pas tous les problèmes. Malgré tout, pour Sidibé et les autres migrants du mont Gurugu, l’Europe reste leur Eldorado, pour ne pas avoir fait ce long voyage et vécu de longs mois de souffrance pour rien. Un avenir meilleur est si proche, mais si difficile à atteindre.

Les Sauteurs, dont la principale force réside dans ces images fortes et vues de l’intérieur plus que dans la découverte d’une réalité inconnue, est produit par la société de production danoise Final Cut for Real et vendu à l’international par Wide House.