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ZURICH 2017

Daphne, le portrait vivant d’une héroïne moderne

par 

- Le premier long-métrage de Peter Mackie Burn nous plonge dans le quotidien tourmenté d’une jeune femme, qui reste libre et souriante malgré les conjonctures défavorables

Daphne, le portrait vivant d’une héroïne moderne
Emily Beecham in Daphne

Le réalisateur écossais Peter Mackie Burns, découvert à la Berlinale avec son court-métrage Milk (lauréat de l’Ours d’or en 2005), est en compétition au Festival de Zurich avec son premier long-métrage, Daphne [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, avec Emily Beecham dans le rôle principal.

Il est possible de ranger, sans prendre de risque, Daphne dans la catégorie des films à petit budget mais à gros potentiel, une sorte d’apéritif pour aiguiser l’appétit et ravir l’assiette. Peter Mackie Burns dresse le portrait intime et touchant d’une jeune femme libre et indépendante, qui cherche son chemin dans le chaos de Londres. Elle assiste, impuissante et à ses dépens, à un événement particulièrement violent : le meurtre du propriétaire d’un magasin de quartier. Malgré son calme apparent, cet évènement va remettre en cause tous ses plans de vie.

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Comment digérer un tel traumatisme ? Daphne semble d’abord imperméable à la douleur, mais les conséquences psychologiques vont vite faire leur apparition. Les effets à court et long-termes sont aussi imprévisibles qu’extrêmes, et sa vie, dominée par un désir de liberté, d’hédonisme totalement assumée et de drogues ("quand je prends de la coke, je pense à Freud"), est bouleversée.

Découverte après sa belle performance dans le rôle d’une nonne dans The Calling et dans la série Into the Badlands, Emily Beecham joue Daphne, une femme complexe, forte et énigmatique, qui se perd avant d’avoir s’être vraiment trouvée. Londres, qui est la toile de fond du film, est montré de manière très réaliste : surchargée, chaotique, impersonnelle, loin du glamour de beaucoup (trop) de comédies anglais (romantiques). 

Le directeur de la photographie, Adam Scarth, trouve un équilibre convaincant entre le gris et la lumière, entre la tristesse urbaine et les éclats d’humanité. Les particularités qui permettent à la métropole anglaise d’aller de l’avant sont montrées avec beaucoup d’intelligence par Peter Mackie Burns (les dialogues seraient pertinents dans n’importe quelle capitale européenne) : des relations de travail tragicomiques, des interactions sexuelles vides de sens, et des relations humaines qui semblent s’évaporer à l’aube (et l’inévitable "gueule de bois"). La seule véritable relation, bien que plutôt insolite, est la relation que Daphne entretient avec sa mère (l’incroyable Geraldine James), un esprit libre qui ne veut pas se laisser aller malgré sa maladie très pesante, comme un héros préraphaélite des temps modernes (ses cheveux, torsadés comme des fils de laine, et la crinière rouge de Daphne, rappellent les personnages des peintures de Dante Gabriel Rossetti). 

En bref, une vie sans dessus dessous devient, à travers le cinéma, une sorte de poésie du quotidien. Daphne nous rappelle les héroïnes de Lena Dunham, mais aussi la sensibilité extraordinaire des femmes, fortes et énigmatique elles aussi, capturée par la caméra d’Amos Kollek. Sa vie est aux antithèses de la super-femme habituelle glorifiée dans les magasines (super-mamans, super-femmes d’affaires), ce qui nous rappelle qu’il n’y a pas besoin d’être Gwyneth Paltrow (la "super-tout" par excellence) pour être perçue comme unique et spéciale.

Le film de Peter Mackie Burns fait l’éloge de l’imperfection dans un monde obsédé par le succès. Le travail sonore de Joakim Sundstrom donne au film un charme rétro inattendu, très 1970s, qui intensifie les excursions urbaines de Daphne à l’aide de sons fascinants et parfois déstabilisants. 

Daphne est un grand petit film qui se fraye un chemin sous notre peau, une sorte d’électrochoc qui réveille nos sens.

Daphne a été produit par The Bureau et sera distribué par Altitude Film Entertainment Distribution.

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(Traduit de l'italien)

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