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VENISE 2006 Journées des Auteurs

La crise de la vingtaine

par 

Falkenberg Farewell, film suédois de Jesper Ganslandt produit par Memfis Film (et également sélectionné à Toronto) dont l'un des acteurs évalue le degré de véracité à environ 42%, est un cas d'adéquation parfaite entre la forme et le fond. Ce film qui se présente comme un album-souvenir renvoie bel et bien à l'enfance heureuse du réalisateur et sa bande dans leur bourgade de bord de mer ; on y trouve pêle-mêle des vieilles vidéos 8mm, des photos, de la musique et des scènes tournées en numérique et le "récit" (qui est plutôt une absence d'intrigue) que ces matériaux constituent est structuré par des titres et une voix-off lisant un journal intime.

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Le fait que Jesper n'a pas attendu d'être, comme dit Dante, "au milieu du chemin de sa vie" pour cueillir ses propres Fraises sauvages n'est pas innocent : ce dernier été que cinq amis d'enfance passent ensemble est en fait présenté comme le grand tournant de la vie, au moment où l'enfance est déjà derrière nous, où l'avenir est encore incertain et où le présent consiste à gamberger entre la possibilité de rester (et pourrir sur place comme les piliers de bar et les parents des héros, qu'on rencontre tous dans le film) et celle de partir (c'est-à-dire se résigner à faire comme tout le monde et aller dans la grande ville). Cette alternative est d'ailleurs rejouée par la composition binaire de toutes les scènes, où les personnages (ainsi que les chevaux et les oiseaux du film) apparaissent toujours deux par deux pour discuter l'avenir, se plaindre d'un présent inepte et passer le temps à jouer, comme au bon vieux temps mais sans enthousiasme.

Comme un des personnages le souligne, le Messie devrait arriver dans deux mois, alors autant attendre et prolonger ainsi leur oisivité autant que possible, ou du moins jusqu'à ce que l'été s'achève ("je suis pas là pour peindre, merde", dit John), et ce malgré l'inquiétude de leurs parents, comme si une échappatoire à la stasis allait se présenter d'elle-même. Les garçons ont en effet "la flemme" de décider —expression qu'utilise l'un d'eux quand il décide de ne rien voler dans la maison qu'il voulait d'abord cambrioler, épisode révélateur de la stagnance de leur vie.

Au contraire de David, le plus nostalgique de la bande et le plus conscient qu'il faut prendre une décision, Ganslandt ne remballe pas son journal intime, son fusil et sa vie (pour ne faire qu'un avec son passé) mais nous livre un travail remarquable qui lui garantit un bel avenir de réalisateur.

Les ventes internationales de Falkenberg Farewell sont assurées au Danemark par Trust Film Sales.

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