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CANNES 2021 Semaine de la Critique

Constance Meyer • Réalisatrice de Robuste

"Filmer ces deux corps et raconter la solitude de ces deux personnages"

par 

- CANNES 2021 : La cinéaste française évoque son premier long métrage, présenté en ouverture de la 60e Semaine de la Critique

Constance Meyer  • Réalisatrice de Robuste

Récit doux-amer en miroir sur une star de cinéma vieillissante et une jeune agente de sécurité chargée de veiller sur lui, Robuste [+lire aussi :
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bande-annonce
interview : Constance Meyer
fiche film
]
est le premier long de la Française Constance Meyer. Le film a fait l’ouverture de la 60e Semaine de la Critique du 74e Festival de Cannes.

Cineuropa : D’où est venue l’idée du film et avez-vous écrit le scénario en pensant à Gérard Depardieu ?
Constance Meyer : Oui, j’ai écrit en pensant à lui et à Déborah Lukumuena, et aux deux ensemble. Ce sont eux qui m’ont inspiré ce film. Quant à l’idée initiale, je ne sais pas vraiment. Je crois que j’avais simplement envie de filmer ces deux corps et raconter la solitude de ces deux personnages, un thème que j’avais déjà exploré dans mes courts métrages. J’avais aussi une image en tête qui me revenait sans cesse, celle d’un homme très robuste évanoui dans les bras d’une femme et je me disais que cette femme le sauvait, le portait. Je suis partie de cette image et j’ai construit le scénario autour de la rencontre de ces deux personnages.

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Le film s’articule autour de polarités très fortes (classe sociale, âge, couleur de peau, métier) qui cachent des similitudes profondes rapprochant les deux personnages.
Je trouve cela toujours intéressant de mettre l’un en face de l’autre des personnages qui en apparence n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre. Je n’avais pas forcément envie de parler des différences de milieux parce que je n’ai pas traité le film de manière sociétale : c’est plus un film sur l’intimité des deux personnages qui se crée au fur et à mesure de leur rencontre. Mais en effet, il y a comme background ces grandes différences, ces oppositions presque, et cela nourrit énormément la rencontre. Car quand on rencontre des gens qui nous ressemblent, c’est moins drôle, moins intéressant, moins cinématographique.

À quel point le personnage de Georges est-il inspiré du vrai Gérard Depardieu ?
Toutes les séquences sont inventées. Rien n’a été reproduit comme quelque chose que j’aurais vu et reproduit. Mais c’est imprégné de Gérard, de ce que j’ai pu observer, sentir ou voir de lui, sans que je revendique un aspect documentaire ou biographique. J’avais envie de m’inspirer de ce qu’il était pour créer un personnage fiction. En plus, Gérard est quelqu’un qui crée du mythe, qui crée de la fiction tout le temps : chacune de ses prises de parole est commentée et il y a toujours une sorte de mise en abyme de qui il est. Son intimité, sa vérité à lui, personne ne la connaît à part lui. Je me suis dit que de toutes façons, il avait déjà tout joué, que c’était tellement exhaustif que c’était presque plus intime de le ramener à quelque chose d’assez proche de lui sans que cela ne soit non plus lui. D’ailleurs quand il a vu le film, en parlant du personnage, il a dit "ce mec, il est un peu con, un peu égoïste". Et il ne parlait pas de lui, mais bien de son personnage.

Vous connaissiez le monde du cinéma qui est celui de Georges, mais quid des univers du personnage d’Aïssa : son métier dans la sécurité et la lutte comme pratique sportive de haut niveau ?
J’adore les arts martiaux et les sports de combat en tant que spectatrice. J’ai beaucoup fréquenté un club de lutte non loin de chez moi et j’ai rencontré Didier un homme fabuleux qui énormément m’a parlé de ce sport. J’ai assisté à des entrainements et c’est lui qui a entrainé Déborah, jouant un rôle très important pendant toute la préparation du film. Je trouvais aussi qu’il y avait une métaphore du jeu dans la lutte car il y a un face à face. Dans la lutte, ce sont deux personnes qui se regardent, qui se tournent autour, qui essayent de s’attraper, et je trouvais que cela ressemblait étrangement à une version animale du jeu d’acteur. Cela m’a beaucoup fasciné. Quant au métier d’agent de sécurité d’Aïssa, c’est parce que j’adore les univers différents : la police, les agents de sécurité, les lutteurs, les acteurs.

Le décor du lieu d’habitation de Georges est très important. Quelles étaient vos principales intentions en termes demis en scène ?
Cette maison était un élément crucial : c’est un personnage du film. Il fallait qu’elle existe et qu’elle englobe tous les personnages du film, qu’elle existe presque en dehors d’eux, qu’on ait le sentiment qu’elle a toujours été là et qu’elle sera toujours là. Nous avons beaucoup cherché avant de trouver cette maison à l’architecte démente, construite comme une soucoupe volante. Cela ressemble à un ventre, à un bateau, et c’est très vitré. La mise en scène a été très influencée par le choix de ce décor car il y avait des vitres arrondies partout, donc des reflets, ce qui a compliqué le travail de la perche, de l’ingénieur du son et du chef-opérateur qui devait gérer les entrées de lumière. Mais cela a donné une vraie atmosphère.

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