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VENISE 2022 Semaine Internationale de la Critique

Niccolò Falsetti • Réalisateur de Margini

“Pour faire un film comme le mien, il faut puiser dans l’humanité qui vous entoure”

par 

- VENISE 2022 : Nous avons interrogé le réalisateur italien sur l’universalité de la scène punk, les villes de province et la manière de tourner une scène de concert

Niccolò Falsetti • Réalisateur de Margini

Nous avons rencontré Niccolò Falsetti, le réalisateur de Margini [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Niccolò Falsetti
fiche film
]
(le seul titre italien en lice à la Semaine internationale de la critique de la 79e Mostra de Venise), et discuté de l’universalité de la scène punk, des villes de province et de la façon de tourner une scène de concert.

Cineuropa : J’imagine que la fraîcheur du film vient de ce que vous y racontez des choses que vous avez vécues.
Niccolò Falsetti : La vie n’offre jamais des moments de pur drame ou de pure comédie. C’est toujours un grand chaos qui réunit les deux. Il me sera impossible de refaire un film aussi personnel : ici, je parle de ma ville, de la scène dont je viens. Il est important de faire des films sur des choses qu’on connaît ; même si on fait un film de science-fiction, il faut puiser dans ce qu’on a. Surtout au moment de l’écriture : on pêche ses idées dans l’humanité qui vous entoure, les gens que vous connaissez ou que vous avez croisé dans votre vie – on ne pourrait pas tout inventer. On pioche des archétypes, des personnages, des nuances. Dans le cas de ce film, il me suffisait de me souvenir.

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Au générique figure une liste de groupes. Est-ce que vous êtes en contact avec eux tous ?
Ce sont les groupes qui ont fait l’histoire du genre punk en Italie et dans le monde. Ce sont nos idoles. Nous voulions que les sources sonores qu'écoutent les personnages et le spectateur viennent toujours de la scène, qu’elles ne soient pas extradiégétiques (que la musique ne vienne pas de la télévision, de la radio, de l'autoradio, d'écouteurs). C’est la bande son de la vie des personnages. Ainsi, pendant la phase d’écriture, nous nous sommes dit : contactons donc les groupes pour pouvoir citer leurs chansons, les Negazione, les Kina, et tous ont répondu oui. Dans la scène punk, on se serre les coudes !

Et ça c’est universel, ça va au-delà des frontières.
C'est justement ça l'intention. Plus on faisait dans le spécifique, plus on racontait une histoire dans laquelle beaucoup de gens pouvaient se reconnaître. C’est un film où les dilemmes sont de basse intensité, nous avons utilisé un objectif grossissant, qui agrandit les détails, avec la musique comme moteur. Nous avons un groupe formé il y a 17 ans et quand nous avons fait un concert à Berne, dans la riche Suisse, nous avons rencontré des jeunes qui se démenaient pour trouver un espace à eux, qui vivaient le même malaise que nous, qui avaient la même envie que nous de renverser le monde, qu'il soit différent, à notre mesure. C'est une attitude que ma génération a commencé à neutraliser. Nous sommes bel et bien responsables de ce phénomène, parce qu’après le G8 de Gênes, la volonté de se rassembler, de faire front ensemble pour des causes non seulement politiques, mais aussi sociales, s'est mise à décroître.

Le punk vous a aussi servi de prétexte pour parler de la province et du court-circuit qui se crée avec les gens qui se sentent "dans les marges".
Nous sommes partis de souvenirs de ce que nous faisions à Grosseto : on allait semer la zizanie aux fêtes d’anniversaire des amis, jouer dans des établissements balnéaires, des discothèques abandonnées, des restaurants avec des nappes à carreaux, avec les gens qui vous écoutent en mangeant leurs tortellinis... Nous nous sommes dit que mettre en évidence le contraste entre le punk et cette province pouvait être amusant. Tourner au ridicule votre ville, c'est une déclaration d’amour. John Lydon des Sex Pistols, à l'époque de "God Save the Queen", a dit qu’on n'écrit pas une chanson comme celle-là parce qu’on déteste l’Angleterre, mais parce qu’on l'aime. Tommaso Renzoni, qui a écrit avec nous la dernière version du scénario, nous reprochait d'avoir trop de tendresse pour les personnages du film, alors qu’il s'agissait de leur faire assumer leurs choix jusqu’au bout, de les laisser se faire du mal.

Pendant l'écriture, avez-vous pensé à des films qui ont traité de sujets similaires, comme par exemple Les Commitments ?
Bien sûr, à beaucoup de films, en réalité : ceux sur le punk, ceux sur la musique en général. Que vous citiez Les Commitments nous fait honneur, mais Margini a aussi une référence structurelle, The Full Monty, où les personnages tentent d’organiser non pas un concert, mais un spectacle de strip-tease masculin.

C'est typique de l'école britannique, qui décline des situations dramatiques, comme le chômage, sur un ton tout à fait comique. On peut aussi penser à Ken Loach.
Mon désir est de faire des films amusants. Après tout, en Italie, nous avons fait école que ce soit avec le néoréalisme ou avec la "comédie à l’italienne". Mon objectif serait de ne pas ennuyer les gens qui travaillent avec moi et de ne pas faire bailler le spectateur dans la salle. Une de mes références britanniques est This Is England [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, un film qui a changé ma vie. Ainsi que le film français La Haine, qui parle de sujets qui ne sont certainement pas légers, mais qui le fait avec humour.

La scène du concert est particulièrement réaliste. Comment l’avez-vous tournée ?
De la seule manière possible : en organisant un vrai concert. C'était pendant la pandémie alors les producteurs étaient assez inquiets. Quelqu’un a même proposé d’insérer les figurants de manière numérique ou d'apprendre aux figurants à pogoter. En réalité, nous avons appelé un groupe de Florence qui s’appelle Iena e i Payback, et des amis sont venus de Florence, Rome, Bologne, Modène, Gênes et Pise.

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(Traduit de l'italien)

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