10/09/2022 - VENISE 2022 : Le nouveau film de Paolo Virzì est une dystopie dont l’idée est née de la récente pandémie de Covid, qui met en scène sur le ton du sarcasme une humanité irrémédiablement malade

Silvio Orlando dans Siccità

Une ville de Rome mise à genoux par une vague de sécheresse telle qu'il n'y a plus une goutte d'eau nulle part, que le Tibre est réduit à l'état d'une piste du Paris Dakar, que les ponts millénaires n'enjambent que de la poussière et les détritus de ferraille autrefois jetés dans ce qui était le fleuve. Après 367 jours de rationnement, le peuple se révolte et dans les rues de la capitale brûlante se croisent les vies d'une série de personnages que même Robert Altman n'aurait jamais pu gérer. Avec Siccità [+lire aussi :
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fiche film], projeté hors-compétition à la 79^e Mostra de Venise, Paolo Virzì s'ancre dans le genre du récit dystopique inspiré du confinement auquel nous a obligés la pandémie de 2020, et il le fait avec la puissance flamboyante d'une troupe cosmique et d'une production qui lui a permis de créer des images crédibles d’une ville projetée dans un possible futur desséché, devenu aride comme seule peut l'être l'âme humaine.

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La farandole de personnages susmentionnée comprend un détenu pour homicide (Silvio Orlando) qui se retrouve par hasard catapulté hors de prison et décide de retrouver sa fille, un chauffeur de taxi improvisé (Valerio Mastandrea) qui roule en consommant des doses massives de cocaïne pour ne pas s’endormir et parle alternativement avec ses parents défunts et un leader de gauche mort par suicide, qu'il imagine assis à la place des passagers, une cheffe de service à l'hôpital (Claudia Pandolfi) dont on découvre qu'elle est l'ex du chauffeur et la femme actuelle d’un avocat qui ne l’aime pas (Vinicio Marchioni) et qui flirte avec une ancienne camarade d'école, elle-même mariée à un acteur de théâtre au chômage devenu blogueur qui fait des vidéos virales (Tommaso Ragno), un ancien couturier de luxe fini en disgrâce (Max Tortora), un expert en hydrologie (Diego Ribon) qui devient une star de la télévision (comme les virologues pendant la pandémie), un entrepreneur et sa fille entrepreneuse (Emanuela Fanelli) qui font des extractions d'eau, un couple de musiciens homosexuels et Monica Bellucci dans son propre rôle. On rencontre aussi les enfants de certains de ces personnages, est un garçon du Mali.

Dans le film, chaque destin croise celui des autres, ce qui a souvent des conséquences dévastatrices. Siccità pourrait être résumé par la phrase du fils adolescent du blogueur : "Il y a tellement de haine, là, au-dehors, tu n'as même pas idée". C'est que l’intention du réalisateur de L'Échappée belle [+lire aussi :
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Q&A : Paolo Virzì
fiche film] et des scénaristes Francesca Archibugi, Paolo Giordano et Francesco Piccolo est de représenter, avec un sens du sarcasme d'une noirceur et d'une causticité rares, une humanité irrémédiablement malade, dont la pathologie est encore aggravée par les urgences, qu’elles soient écologiques, humanitaires ou géopolitiques. Un mal-être transverse qui touche toutes les générations, genres et groupes sociaux. Virzì ne nous épargne rien dans ce chaudron bouillant et sur les rives du Tibre à sec, on entrevoit un homme en tunique avec une femme enceinte à dos d'âne.

Siccità a été produit par Wildside et Vision Distribution, qui s’occupe aussi des ventes internationales du film, en collaboration avec Sky et Prime Video.

(Traduit de l'italien)

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Tommaso Ragno, Sara Serraiocco, Gabriel Montesi, Claudia Pandolfi, Valerio Mastandrea, Elena Lietti, Diego Ribon, Emanuela Fanelli, Vinicio Marchioni, Silvio Orlando, Paolo Virzì, Monica Bellucci, Francesco Piccolo, Paolo Giordano, Max Tortora, Micaela Ramazzotti
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