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Suisse

Corinna Marschall et Laurent Steiert • Directrice du MEDIA Desk Suisse et chef du département cinéma de l’Office fédéral de la culture

“Une coproduction est comme un mariage : plus on établit la confiance, mieux la relation fonctionne"

par 

- La Suisse est en train de mettre en place une nouvelle mesure de financement destinée à soutenir le co-développement des coproductions minoritaires

Corinna Marschall et Laurent Steiert • Directrice du MEDIA Desk Suisse et chef du département cinéma de l’Office fédéral de la culture

Depuis 2023, il est possible d’obtenir des financements pour des coproductions suisses minoritaires qui sont encore au stade du développement. Nous avons interrogé Corinna Marschall, du MEDIA Desk Suisse, et Laurent Steiert, du département cinéma de l’Office fédéral de la culture (OFC) sur les raisons de la mise en place de ce nouveau financement, les conditions pour y accéder et les bénéfices attendus de cet outil.

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Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a amenés à mettre en place ce nouvel outil de financement ? Qu’est-ce qui manquait jusqu’ici aux financements dédiés aux coproductions minoritaires ?
Corinna Marschall et Laurent Steiert : La Suisse est exclue du Programme Europe créative-MEDIA, et donc de son programme de financement du codéveloppement, lancé en 2021. Cela rend difficile, pour nos producteurs, de trouver des aides au développement en tant que partenaires minoritaires, tout spécialement si le scénario vient de l’étranger. Il n’y a que quelques fonds régionaux qui offrent ce genre de soutien. Des fonds de codéveloppement existent entre l’Italie et la France ou l’Allemagne et la France, par exemple, mais pas entre ces pays et la Suisse, bien qu'ils soient nos pays de coproduction les plus fréquents. Ce nouvel instrument de financement devrait soutenir nos producteurs locaux à cet égard. De plus, ce programme vient compléter d’autres instruments internationaux proposés par l'OFC pour soutenir la production de coproductions minoritaires suisses, qui comprennent par exemple le programme de remise comptant de 40 % pour les films tournés au moins en partie en Suisse.

Quelles sont selon vous les plus gros obstacles qui se présentaient jusqu'ici pour coproduire avec la Suisse et en quoi ce nouvel outil va-t-il aider ?
Il y a principalement le coût du travail élevé, amplifié par le taux de change, car le franc suisse est fort, mais comme notre pays est situé en plein coeur de l’Europe et que notre force de travail est polyglotte (l'allemand, le français et l’italien sont nos langues nationales et l’anglais est parlé par beaucoup de gens), cela fait de nous des partenaires naturels pour les pays qui nous jouxtent, et pas seulement ceux-là. La Suisse présente l'avantage d'avoir des distances courtes à couvrir et une énorme variété de lieux où tourner, plus beaucoup d'énergie verte. Le nouveau programme de financement devrait aider à soutenir les collaborations en début de projet et ainsi d'augmenter les chances de chaque titre de devenir une coproduction réussie au stade de la production.

À qui s’adresse cet outil de financement ?
Nous visons les producteurs suisses qui ont déjà de l'expérience dans le champ des coproductions internationales comme producteurs délégués. Ils peuvent se porter candidats pour de nouveaux projets censés devenir des coproductions internationales officielles et auxquels ils participent de manière significative en tant que producteurs minoritaires au stade du développement.

Quelles sont les conditions les plus importantes à remplir pour accéder à ce financement ?
Il y a des conditions formelles, comme celle que le projet ait déjà obtenu 50 % de l'argent nécessaire à son développement dans le pays du producteur délégué majoritaire. Nous prenons aussi en compte la formule de réciprocité dans les accords de financement entre les pays coproducteurs. Ensuite, l'évaluation porte aussi, bien sûr, sur la qualité et le potentiel international du projet, la qualité et la cohérence de la stratégie de codéveloppement et le lien thématique ou logistique avec la Suisse.

Est-ce qu’il y a des incitations en particulier à envisager ?
Trois aspects vont générer des points bonus : la participation d'auteurs suisses, quoique cet instrument s'adresse aussi aux coproductions avec des scénarios étrangers. La collaboration entre des scénaristes suisses et étrangers est aussi possible. Il y a des points bonus pour les projets jeunesse, et pour les films d'animation. Un autre aspect que nous prenons en compte est le fait que les projets s'accompagnent de bonnes stratégies pour un développement et un tournage durables et le plus verts possible.  

Quels seront les bénéfices de ce financement au codéveloppement pour les producteurs ?
Plus on rejoint un projet tard, plus il est déjà installé. Nous voulons encourager la collaboration le plus tôt possible pour que des éléments créatifs suisses puissent être incorporés dès le départ. Cela simplifie la coordination entre les pays coproducteurs au niveau technique et pour les phases de financement puis de tournage. Par exemple, le nouveau financement soutient les projets qui requièrent des lieux de tournage suisses ou un accès à nos archives. Une coproduction est comme un mariage : plus on construit une relation de confiance, plus les partenaires sont sur la même longueur d’onde et mieux la relation fonctionne.

Comme résultat du système de codéveloppement et de points bonus, les jeunes talents de l'écriture de scénarios suisses pourront, par exemple, participer à des "Writers' Rooms" et collaborer avec et apprendre de scénaristes plus expérimentés venus de l’étranger. Promouvoir le talent est extrêmement important.

Où se situe cette nouvelle mesure de financement dans l'écosystème des aides publiques suisses ? Et à combien se monte son budget ?
Ce nouvel outil de financement ne fait pas partie des mesures de compensation MEDIA, mais des mesures internationales de l'OFC. Le MEDIA Desk Suisse a aidé au développement de cette mesure et la gère en coordination avec les instruments de coproduction de l'OFC. Ce financement est ouvert aux projets en développement avec un coproducteur minoritaire suisse. Un financement maximum a été défini, qui est de 25 000 francs suisses pour les documentaires et 50 000 pour les longs-métrages, les films d’animation et les séries. Le budget annuel couvrira au maximum 3 à 5 projets.

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(Traduit de l'anglais)

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