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Cartoon Forum Varese 2003
Le marché européen du cinéma d'animation

par 

- Pour la 14e édition du Cartoon Forum, Varese s’est transformée en capitale du dessin animé. L’article présente une liste de projets, tout comme une interview avec Max Gusberti, le directeur adjoint de RAI fiction, et Manuel Cristobal, le producteur du premier long-métrage d’animation en 3D européen.

Varese s'est bel et bien transformée en capitale du dessin animé en accueillant la 14ème édition du Cartoon Forum, le marché européen du cinéma d'animation.

La capitale du dessin animé

"J'ai créé Gino le poulet, mais il a pris possession de moi, maintenant, moi aussi, je me comporte comme un poulet. Je crois que c'est contagieux. Pour m'en libérer, je ferai une série télé, je le perdrai sur Web". Ainsi parle Andrea Zingoni, l'auteur de Gino the Chicken, un personnage de dessin animé qui a eu un grand succès sur le site Internet www.my-tv.it et qui va devenir une série télévisée produite par Rai Fiction. Au-delà des poulets perdus sur le Web, on rencontre dans Pig Nick un cochon laissé pour mort, flanqué dans les égouts et transporté jusqu'à l'océan, un putois adopté par un panda chinois dans Skunk, trois erreurs génétiques qui essayent de revenir dans le système immunitaire dans K-Bob, Poo e Hank et un gnome polonais racontant les mythes européens dans Podziomek. Sans oublier de nombreux autres personnages nés de la créativité européenne dans le domaine du dessin animé, avec notamment pour la première fois, des projets slovaques et polonais. Varese s'est bel et bien transformée du 17 au 20 septembre en capitale du dessin animé en accueillant la 14ème édition du Cartoon Forum, le marché européen du cinéma d'animation.

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Au total, 82 projets d'une valeur globale de 285 millions d'euros ont été présentés par les producteurs européens à 108 chaînes de télévision et 154 investisseurs. Les cinq grands pays européens étaient présents avec 82 pour cent des projets: 22 pour les Anglais, 17 pour les Italiens, 16 Français, 7 Espagnols et 6 Allemands. Côté tendance, les formats courts (dix ou treize minutes) sont à la hausse, car plus faciles à financer. Cette année, le coût moyen par minute produite s'élève à 9146 euros contre 10 555 euros en 2002. Avec au programme, surtout de l'aventure et de la comédie pour le public des 5 - 12 ans.

Selon les organisateurs, 19 projets sont déjà en très bonne voie pour être réalisés à court terme:
- Holly's Helpline / Siriol Productions (UK) 26 x 11'
- Monster Allergy / Rainbow (It) / 26 x 24¹
- Mark Logan / Pictor Media (Fr) / 1 x 52'
- Germs / Futurikon (Fr) / 26 x 24'
- Tama & Melody / France Animation (Fr) / 26 x 24'
- Trot Trot / Storimages (Fr) / 53 x 13'
- Hairy Scary / Alphanim (Fr) / 52 x 13'
- Louie / Millimages (Fr) / 52 x 7'
- The Children of Okura / Les Films de La Perrine (Fr) / 26 x 26'
- Anna and the Moods / Caoz Ltd (Ice) / 1 x 30'
- Newt & the Fifos / Monster Animation and Design Ltd (Irl) / 39 x 7'
- Angelo / NDF-Neue Deutsche Film (Ger); Magma Films(Ire) ; A.Film (Den) / 26 x 22'
- King Catastrophe / Kayenta Production (Fr) / 78 x 7'
- Chop Socky Chooks / Aardman Animations Ltd (UK) / 26 x 13'
- Village People / The Illuminated Film Company (UK) / 26 x 24'
- Tom / Studio Film Bilder (De) / 26 x 5'
- Charlie and Lola / Tiger Aspect Productions (UK) / 26 x 10'
- Skunk / The Cartoon Saloon Ltd (Ire) / 26 x 13'
- Katie Morag / Fabbydoo Corporation (UK) / 26 x 11'

A cette liste s'ajoutent 22 projets qui ont toutes leurs chances de voir le jour à moyen terme:
- Angels and Devils / A; Ellis Productions (Fr) / 52 x 13'
- Animal Pharm / Atomic Arts (UK) / 13 x 24'
- Bob Screen Defective Detective / Digital Salade (Fr) / 52 x 13'
- Camelia / Graphilm (It) / 26 x 6,30'
- Giak & Zak / Matitanimata (It) / 26 x 13'
- Gino the Chicken (lost in the Net) / My-TV (It) / 52 x 13'
- Grubby Girls / Mikrofilm (No) / 26 x 2,30'
- Johnny Smile / Clan Celentano (It) / 7 x 11'
- Little Leonardo / Alcuni (It) / 52 x 13'
- Nat & Pat / Crea Video (Fin) / 26 x 5'
- Oscar the Balloonist / Animation studio Ludewig (De) / 26 x 5'
- Pig Nick / Fanciful Arts Animation (Es) / 13 x 13'
- Rat-Man / StraneMani (It) / 52 x 13'
- Sam Hamwich Superhero Sandwich / TV-Loonland (UK) / 26 x 11'
- Santa Queen / Timoon Animation (Fr) / 52 x 13'
- Sara & the goal girls / Black Maria (Es) / 26 x 26'
- The Frightened Family / Red Kite Productions Ltd (UK) - 52 x 11'
- The incredible adventures of Kika and Bob / Submarine BV (Nl) / 26 x 13'
- The Knight with the Lion / Folimage (Fr) / 1 x 48'
- Trolls of Troy / Dargaud Marina (Fr) / 26 x 26'
- Willo the Wisp / Elephant Productions (UK) / 13 x 5'
- WWW / MBM Associati (It) / 26 x 26'

Le clou de la cérémonie de clôture du Forum Cartoon qui s'est déroulée samedi 20 septembre, a été la remise du Cartoon d'Or au meilleur court-métrage d'animation européen: Sans Queue ni Tête de Sandra Desmazières.

Pour en savoir plus sur l'univers de l'animation européenne, Cineuropa a rencontré Max Gusberti, le directeur adjoint et responsable de l'animation à Rai Fiction, Manuel Cristóbal, le producteur de La Forêt Enchantée qui est le premier long-métrage d'animation produit en 3D en Europe, et Iain Harvey qui a présenté au Forum Cartoon "Village People", le projet qui a suscité le plus d'intérêt à Varese.

Cofinancé par le Programme Media de l'Union Européenne, l'objectif du Forum Cartoon est d'aider les producteurs européens à finaliser des accords de coproduction avec les chaînes de télévision et les investisseurs. Cette année, le Cartoon Forum a été sponsorisé par la Chambre de Commerce, la Province et la Ville de Varese, ainsi que par la Région Lombardie et par Rai Fiction.

Manuel Cristóbal, producteur en 3D

En 2004, le Cartoon Forum se déroulera en Espagne, plus précisément à Saint-Jacques de Compostelle en Galice. Manuel Cristóbal est producteur exécutif de Dygra Film, une société de production basée à La Corogne qui est la première structure européenne à avoir produit un long-métrage d’animation en 3D.
Commment avez vous eu l’idée de financer un long-métrage d’animation en Espagne?
"Après le film Kirikou et la sorcière, nous avons pensé que le long-métrage d’animation avait une carte à jouer sur les marchés européens. Notre film a coûté 3,5 millions d’euros, financé exclusivement en Espagne. Nous avons réussi à contenir les coûts à un niveau peu élevé grâce au 3D. Je pense que le 3D est une vraie alternative pour éviter la délocalisation de l’animation en Asie. La coproduction en Europe est un mal nécessaire qui sert à obtenir plus de financements. Cependant pour Dygra, il était essentiel de concentrer la production de La forêt enchantée dans un seul studio: des coûts réduits, un contrôle artistique plus important et une plus grande rapidité d’exécution".

Quel a été le budget marketing de La forêt enchantée?
"1 million d’euros. Il ne faut pas confondre la publicité et la promotion. La forêt enchantée a fait l’objet d’une campagne promotionnelle unique et originale. Nous avons organisé différentes animations en milieu scolaire et une exposition itinérante qui a été vue par 200 000 personnes. Nous avons créé un site Internet de haut niveau pédagogique. D'ailleurs les européens sont en train de comprendre l’importance des sites Internet. Le film a été vu dans de nombreux pays européens, un phénomène rare pour les films "live"".

Pensez vous qu’une société de distribution pan-européenne pourrait garantir une meilleure distribution des films européens?
"Les sociétés de distribution sont des partenaires complémentaires qu’il faut impliquer dans le montage des productions afin d’obtenir les Minimum Garantis. Plus les partenaires sont nombreux, plus le travail du producteur se complique. En outre, les sociétés de distribution européennes n’ont pas l’habitude de distribuer des films d’animation. Une coordination serait utile et encore plus si les agents de ventes étaient impliqués. A Sur ce point, je crois qu’il serait judicieux d’inviter les agents de ventes au Cartoon Movie, financé par le Programme Media".

Quelle sera la prochaine production de Dygra Films?
"Nous sommes en train de travailler sur une adaptation libre de Songe d’une nuit d’été. Le film s’appellera "El sueño de una noche de San Juan" et il aura un budget de 6 millions d’euros. Nous avons déjà un accord de distribution avec la France, la Belgique, le Luxembourg, le Portugal et les Pays-Bas. Nous sommes en train de développer de nouvelles techniques de production qui permettront de créer des personnages plus souples et plus expressifs. Le tout sera agrémenté d’une grande qualité d’animation".

Iain Harvey, producteur "illuminé"

Iain Harvey est producteur de séries d'animation et dirige la société The Illuminated Film Company. Iain était présent au Cartoon Forum de Varese du 17 au 20 septembre 2003 où il a présenté "Village People", une série télévisée de 26 épisodes de 24 minutes, inspirée par les sitcoms anglais. La présentation de cette série est celle qui a attiré au Cartoon Forum le plus grand nombre de professionnels, investisseurs et responsables des chaînes télévisées. Cineuropa l'a rencontré.
Que pensez- vous de productions présentées cette année au Cartoon Forum?
"Le standard est plus élevé d’année en année. Les pilotes présentés sont de très grande qualité. Les histoires sont diversifiées. Je pense que les producteurs ont compris ce que veulent les télévisions et ce qu’attend le public".

Comment est née l’idée de "Village People"?
"Le scénariste Oliver Lansley m’a proposé l’idée il y a deux ans. Il s’agit d’une série très amusante, avec énormément d’humour et un langage international, des ingrédients indispensable pour vendre la série à l’étranger. Pour parvenir à un concept satisfaisant, nous avons beaucoup investi dans la phase de développement: deux renforts côté écriture ont épaulé le scénariste pendant douze mois. Au départ, nous avons surtout travaillé sur les personnages qui sont la base fondamentale des scénarios. Après cette phase du développement, nous avons eu la chance de rencontrer Edward Foster, le réalisateur idéal pour cette série".

Cela devient toujours plus difficile de trouver des financements pour l’animation. Comment vivez-vous cette situation? "Produire de l’animation peut être un cauchemar. Les télévisions ne prennent aucun risque. Je pense que les chaînes télévisées devraient investir davantage dans la phase de développement, étape où les risques sont très forts et durant laquelle il est le plus difficile de trouver des financements. Investir dans le développement est le seul moyen pour avoir des produits satisfaisants qui ont un potentiel de diffusion internationale".

Coproduisez-vous beaucoup?
"Oui, les coproductions sont une bonne opportunité pour travailler ensemble et vendre ses propres produits à l’étranger. Evidemment, les producteurs doivent être prêt à accepter des compromis et à comprendre de quoi ont besoin les coproducteurs des autres pays pour satisfaire leurs propres publics".

Le défit de Rai Fiction

Max Gusberti est le vice directeur de Rai Fiction et est responsable de la production de dessins animés. Quelle est la politique éditoriale de RAI Fiction en matière d'animation?
"Depuis sa création Rai Fiction a cherché de proposer des produits qui supportent la concurrence internationale. L'idée est de substituer des produits d'exportation, principalement américains et européens par des produits italiens. En 8 ans grâce à RAI Fiction la production italienne diffusée par les chaînes RAI est passée de 0% à 25% pour un total de 1000 heures d'animation diffusées par l'année. Il y a 8 ans la RAI diffusait 72% de produits américains et 18% de produits européens".

Est-ce que vous participez à de nombreuses productions européennes?
"Oui pour deux raisons. La première est économique. Grâce aux co-productions nous réussissons à attirer des capitaux étrangers. Depuis sa création RAI Fiction a investi 67 millions d'euro dans l'animation. Grâce aux co-productions la valeur totale de nos productions est de 200 millions d'euro. RAI Fiction participe aussi à des pré-achats avec des quottes parts comprises entre 10% et 15 %. La seconde raison est commerciale. La coproduction nous permet de proposer et placer nos projets dans les grilles de programmes des télévisions européennes. Un exemple de collaboration avec France 3: ils ont co-produit la série "Stellina", une histoire sur le thème de l'adoption et Rai Fiction a co-produit "Loulou di Montmartre" une histoire qui se situe à Paris au temps de Degas. On produit moins mais mieux: on évite ainsi le problème de la surproduction, phénomène qui a touché le marché du film d'animation il y a quelques années."

A quelles couches du public s'adressent les produits de RAI Fiction?
"Nous produisons presque exclusivement des produits sous forme de séries c'est à dire avec un minimum de 13 épisodes. Les fourchettes d'âges concernés varient. Du "pre school" (0-4 ans) avec des produits de 5 à 6 minutes à des produits destinés à un public plus âgé de 13 minutes, qui permettent des pauses publicitaires. Mais notre effort se concentre sur des projets de 26 minutes avec des séries de 26 voir de 52 épisodes. Les dessins animés plaisent aussi aux adultes: "Corto Maltese" que Rai Tre a programmé à 23 heures a été vu par 7,5 millions de téléspectateurs. Le succès a poussé Rai Tre à le reprogrammer le dimanche après midi 28 septembre. Grâce à l'animation, la Rai non seulement attire de nouveaux spectateurs mais aussi rajeunit son propre public, qui est relativement âgé. L'animation est de plus un produit qui permet de fidéliser le public. Il est aussi important pour les producteurs de chercher à influencer les chaînes de télévision afin qu'elles programment des dessins animés aussi en seconde partie de soirée".

Quel est le genre que vous abordez?
"Là aussi sur les genres nous sommes très flexibles. Nous avons produit des séries avec des grandes histoires comme "Sandokan" qui a très bien fonctionné et qui s'est très bien vendu à l'étranger. Sandokan est aussi un bon exemple pour le merchandising: l'épée de Sandokan a été le jouet le plus vendu dans les supermarché. Nous avons produit "Sissi" qui se base sur une histoire légendaire. Aujourd'hui nous sommes en train de produire "Gino il Pollo", présenté au Forum Cartoon 2003, une transposition sur l'écran d'un produit qui a très bien fonctionné sur le Web. Des séries comme "Lupo Alberto", "Cocco Bill" même s'ils ont un format différent, répondent à un choix éditorial bien précis: financer des produits de qualité qui arrivent jusqu'au écran de télévision. RAI Fiction a adopté une politique très ouverte vers les jeunes auteurs, qui pour la plupart viennent de la fiction.".

Quels sont les projets en phase de développement?
"Rat-Man présenté au Forum Cartoon 2003, un produit test très réussi. Un autre projet "La famiglia Spaghetti" de Bruno Bozzetto remet à l'honneur la comédie à l'italienne. Nous sommes aussi en train d'adapter la série de fiction "Un medico in famiglia" pour l'animation, évidement avec des histoires pour enfants que co-produit l'Espagne et cela pour la grille de programmes matinales de Rai 2".

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