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CANNES 2020 Marché du Film

Discussion des institutions pan-européennes : "Le secteur de l’audiovisuel au temps du Covid-19”

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- CANNES 2020 : Des représentants de l’Observatoire européen de l’audiovisuel, des agences et des associations professionnelles se sont exprimés sur la situation actuelle et la crise qu’elle a exacerbée

Discussion des institutions pan-européennes : "Le secteur de l’audiovisuel au temps du Covid-19”
Les participants à la discussion

Une autre table ronde du Marché du Film dédiée à la situation actuelle dans le secteur de l’audiovisuel, intitulée "Le secteur de l’audiovisuel au temps du Covid-19", s’est déroulée en ligne mardi. L’Observatoire européen de l'audiovisuel a réalisé un court documentaire exposant le développement de la crise et ce que le Conseil de l'Europe, l’Union européenne et les gouvernements nationaux ont fait pour soutenir l’industrie. La projection été suivie par une courte séance de questions-réponses durant laquelle les 12 intervenants dans le film ont donné leur avis sur ce que nous réserve le futur, et la manière dont leurs organisations comptent l’aborder. Les éléments principaux qui sont ressortis de la discussion sont : que la pandémie a accéléré les tendances négatives plus qu'elle ne les a créées, que la prédominance peu équitable et non-régulée des plateformes numériques doit être mitigée et que le problème principal par rapport à la reprise des tournages est le fait que les contrats d'assurance ne couvrent pas les risques liés au Covid. La conversation était modérée par Maja Capello, directrice du département juridique de l’Observatoire.

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"Les cinémas rouvrent et la production reprend, en prenant en compte de nouveaux critères de sécurité, mais aussi avec des risques financiers augmentés, un cash-flow limité et des dépenses supplémentaires, de sorte qu'une question essentielle se pose en matière de production : comment allons-nous remédier à l'absence de couverture par les assurances ?", a dit Benoît Ginisty de la Fédération internationale des associations de producteurs de films (FIAPF).

Il y a clairement nécessité de soutenir les petites et moyennes entreprises pour les aider à survivre ces six prochains mois, et les institutions européennes ont fait des efforts en créant de nombreux types de financements. Cependant, Elana Lai, secrétaire générale de la Coordination européenne des producteurs TV indépendants (CEPI), appelle l'ensemble "un labyrinthe de financements". "Il est important d'énoncer clairement où ces entreprises peuvent postuler. En l'état, c'est trop dispersé, et il nous faut plus d’informations sur tout cela", a-t-elle averti.

Les auteurs de films ont été très fortement affectés dans la plupart des pays. Bien qu’en France et en Pologne, les gouvernements aient canalisé les soutiens en passant par les associations d’auteurs, Cécile Despringre, directrice exécutive de la Société des auteurs audiovisuels (SAA), a dit : "La plupart des autres programmes d'aide s'avèrent difficiles d'accès pour les auteurs et artistes, du fait de l’absence de statut clair".

Ceux qui ont le plus gravement souffert de la crise sont, bien sûr, les cinémas. "Même avant la crise, on était en train d’expérimenter différentes manières de distribuer les films et de jouer de la chronologie des médias", a expliqué Alina Popescu, secrétaire générale de la Fédération internationale des associations de distributeurs (FIAD). "Pour le moment, nous n’avons pas de réponse, et on dirait bien que la manière dont les films vont être distribués va être évaluée au cas par cas, selon le potentiel de chacun, l’évolution du marché et le cadre normatif".

En l’absence de grands écrans, le public, les fournisseurs de contenus et les festivals se sont tournés vers les plateformes. "Contrairement aux géants de la technologie américains, nous travaillons avec les cinémas, et beaucoup de nos membres sont aussi exploitants ou distributeurs, et il y a aussi des chaînes de télévision, a expliqué Silvia Cibien, la déléguée générale d'EUROVOD. Les gens consomment beaucoup plus de contenus européens, indépendants et locaux. 85 % de nos plateformes ont su répondre aux besoins d’amener du contenu en ligne rapidement. Nous avons besoin d’être plus flexibles et d’amener les films là où le public veut les trouver, au lieu de forcer le public à aller là où nous voulons."

De leur côté, les diffuseurs traditionnels souffrent d’une chute massive des revenus liés à la publicité. "Les chaînes commerciales se trouvent face à un paradoxe unique, dans le sens où on n'a jamais vu une telle hausse de l’audience télévisuelle, car les gens se sont tournés vers des sources de confiance, et pourtant, en même temps, on n'a jamais vu une telle chute des revenus liés à la publicité, a dit Grégoire Polad, directeur général de l'ACT-Association of Commercial Television. Parallèlement à ceci, n’avons jamais vu non plus autant de pouvoir concentré dans les mains d’aussi peu d’opérateurs de l’industrie, qui plus est non soumis aux régulations et non-responsables."

Gilles Fontaine, qui dirige le département Information sur le marché à l'Observatoire européen de l'audiovisuel, a également souligné ce point : "Je parierais que le grand gagnant de cette crise est la pub sur internet. Si la publicité sur internet ressort plus forte de la crise que la publicité à la télévision, cela signifie que l’argent va complètement s'écouler en dehors de l’écosystème, parce que Facebook et Google ne sont en rien des acteurs clefs de la production audiovisuelle".

Pour réguler les plateformes qui distribuent des contenus générés par les utilisateurs et dont les règlements rendent les revenus et le statut des créateurs instables, le Parlement européen a adopté l’année dernière la Directive sur le droit d'auteur dans le marché unique numérique. "C'est beaucoup de travail, de faire respecter ces mesures, mais avec la Directive sur les services de médias audiovisuels et la Directive sur le droit d'auteur, nous avons un bon nombre d’outils pour améliorer le financement du secteur par ces opérateurs de l’industrie", a fait observer Despringre.

Finalement, tout va dépendre des agences nationales, qui ont pour le moment répondu en créant de nombreux nouveaux programmes de financement. La France, l’Autriche et les Pays-Bas ont imaginé des solutions à l'absence de couverture par les assurances, et "à présent, les assureurs font partie de la solution", a dit Julie-Jeanne Régnault, la secrétaire général de l’EFAD-European Film Agency Directors Association. Elle a ajouté : "Nous continuons, au niveau national, de pousser pour avoir des solutions du côté des assurances pour que les tournages puissent reprendre. Nous voulons que les opérateurs de l'internet et de la SVàD promeuvent et financent les oeuvres européennes, se conforment aux normes et contribuent à l’écosystème. Il est de la plus grande urgence de formuler une réponse, au niveau national et de la part de l’Union européenne, à travers un programme de remise sur pied".

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(Traduit de l'anglais)

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